« Si Galilée revenait sur terre, il s'écrierait devant une mauvaise comédienne de cinéma : " Et pourtant, elle tourne !". » J’avais envie de commencer cette chronique par cette citation de Pierre Dac parce qu’elle introduit, à bien des égards, l’album de Fantômas The Director’s Cut.  D’abord, la thématique abordée par cet album est le cinéma, et là vous êtes en train de vous ébahir devant tant de culture… Mais également parce que la musique produite ici aurait donné mal à la tête de Galilée puisque les quatre malades qui composent ce groupe ne tournent pas bien rond, tout comme leurs compositions. Et si vous avez eu l’occasion de creuser du côté de M. Patton, vous aurez aisément compris que le malade en chef est celui aussi qui a un humour des plus décapants.

Mais revenons à nos allumés… Ce super groupe, parce qu’il s’agit de la bonne appellation dans ce cas, se compose de Mike Patton aux chant/hurlement/bruits faits à la bouche ou au clavier, Buzz Osbourne à la guitare, de Trevor Dunn à la basse et de Dave Lombardo à la batterie. On a connu des castings plus discutables… Ce quatuor a souhaité remettre au goût du jour la recette de M. John Zorn et de son groupe d’autres allumés Naked City, en version plus Metal et moins jazzy. Après un premier essai Amenaza Al Mundo, plus fouilli et nettement moins accessible, Fantômas décide de se mettre à la reprise de BO du cinéma des années 60-70. Et lorsqu’une BO culte rencontre un groupe culte, ça donne forcément un album culte.

Prenez le titre The Godfather, son introduction reprend le gimmick musical du film, un accord bien gras pour conclure ce passage et ensuite c’est carrément une illustration sonore du moment où Sonny se fait dégommer comme un lapin au milieu d’une nuée de chasseur. Et c’est ça, l’idée principale de ce Director’s Cut : une réinterprétation personnelle soit de la musique du film, soit d’un instant, d’une scène du film, en version Fantômas. Un travail de réinterprétation qui fait à chaque fois mouche tant le groupe conserve l’esprit original du tire mais réussit également à mettre sa patte.

Si on regarde la liste des films pris pour constituer la tracklist de cette galette, autant vous dire tout de suite que cette écoute ne va pas être un long fleuve tranquille, et sans reprise de « Jésus reviens » qui plus est. Les expériences angoissantes que peuvent être Rosemary’s Baby ou l’ode au satanisme que peut être Omen, dont on sent presque le regard dérangeant du petit Damien, rendent ces reprises dérangeantes.

Si vous êtes un tantinet cinéphile, si vous aimez les reprises (des vraies reprises, pas un copier-coller inutile), si vous aimez l’univers bruitiste et toujours déstabilisant dont M. Patton est l’expert, vous ne pouvez pas faire l’économie de cet album. In-dis-pen-sa-ble !

Tracklist de The Director's Cut :

01. The Godfather
02. Der Golem
03. Experiment In Terror
04. One Step Beyond
05. Night Of The Hunter
06. Cape Fear
07. Rosemary's Baby
08. The Devil Rides Out
09. Spider Baby
10. Omen
11. Henry, Portrait Of A Serial Killer
12. Vendetta
13. Investigation Of A Citizen Above Suspicion
14. Twin Peaks - Fire Walk With Me
15. Charade