Artiste/Groupe:

Final Coil

CD:

Persistence of Memory

Date de sortie:

Juin 2017

Label:

Imperative pr

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

17.5/20

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Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de plaisir à écouter un album que celui de Final Coil. Persistence of Memory n’est pas l’album le plus abordable que j’aie écouté, mais son homogénéité, les qualités musicales du groupe et un côté anglais assez marqué le rendent très audible et comestible. Avant sa signature chez WormeHoleDeath, le groupe avait sorti trois EP entre 2013 et 2016. Des exercices de style qui sonnent plus grunge, très typés Nirvana et qui progressivement migrent vers le metal-stoner progressif. Ces EP sont très intéressants pour comprendre l’évolution musicale de Final Coil et permettent même d’avoir un point de comparaison : en effet, le second et plus intimiste EP Somanbulant (l’équivalent du Unplugged de Nirvana) comprend la version originelle de Myopic que l’on retrouve en version doom progressif sur Persistence of Memory. Une évolution qui doit probablement à la mise en place d’une section rythmique, basse (Jola Stiles)-batterie (Tony 'Ches' Hughes) qui a des bases musicales jazz et metal. 

Le quatuor de Leicester sort avec Persistence of Memory un premier LP plein de promesses, qui s’appuie sur des mélodies ciselées et imaginatives. Le leader chanteur Phil Stiles démontre de belles qualités vocales alors que l’autre pilier du groupe, Rich Awdry à la guitare, impressionne avec des riffs aussi musclés que maitrisés. L’atmosphère générale reste sombre ; le rythme doom et les paroles de certains titres, par exemple Dying, sont lourds, parfois dépressifs, mais jamais routiniers. En soit, la (belle) couverture, virtuellement une femme se faisant exploser la tête pour s’ouvrir l’esprit, cadre à merveille avec le contenu. Cohérent jusqu’au bout.

L’album s’ouvre sur le son volumineux de Corruption. Cet excellent titre d’ouverture met en place l’album. Du gros son d’instruments avec des passages plus mélodiques qui laissent la place à la voix claire de Phil Stiles. Les voix et les guitares sont du reste très importantes car elles font passer les émotions malgré le gros son du titre. C’est du beau metal post-grunge. Dying nous fait rentrer dans une atmosphère plus sombre, plus intimiste. Ses consonnances presque country, rappellent le grunge de Nirvana ou de Alice In Chains. C’est lent, pesant mais mélodique et fin à la fois. Pas de coupure, mais un changement de rythmique, et on saute immédiatement à Alone. Le titre est en fait une sorte de médiane entre les deux atmosphères précédentes. La rythmique proposée apporte sans conteste quelque chose, une sorte de mécanique routinière, de sample aussi inattendu que nécessaire.
Retour du son lourd avec You Waste My Time. Un excellent titre, quasi formaté pour la radio. Entre Therapy? et Radiohead du début des années 90, ce titre a tout pour permettre au groupe de se faire une place à la lumière. Ici encore l’importance des échanges guitares et voix est à souligner. Un beau morceau joueur.

Comme pour le premier couple de titres, You Waste My Time est directement connecté avec Myopic. Cette version, plus doom et beaucoup plus lourde que l’originale, permet de rompre à nouveau le rythme et l’ambiance. A noter également l’énorme travail de Rich Awdry à la guitare. Riffesque et mélodieux. Failed Light est plus intime, plus aérien. Ce titre de plus de dix minutes tout en boucles et en variations mélodiques mélancoliques, nous donne le temps pour l'introspection. Les mélodies qui rappellent le travail de Katatonia semblent réveiller des sentiments intimes profonds. Les tonalités sont US mais la construction et la légèreté est anglaise ; cela rend Failed Light très abordable malgré sa longueur. L’inquiétant Spider Feet redonne du rythme. Sa structure très originale, très progressive me remplit de joie. Le jeu et les superpositions de voix sont des modèles du genre. Le duo Lost Hope et Moth to the Flame est à mon avis le point faible du disque (peut-être dû à son positionnement sur la tracklist). Lost Hope est à l’image de son nom : triste et sombre. Le titre que j’aime le moins dans l’album, malgré ses senteurs de Noir Désir. Moths to the Flame, avec ses ruptures mélodiques et la légèreté de certaines parties chantées, est assez proche de ce que pourrait faire Steven WilsonLe titre n’apporte pas grand-chose. Le son lourd de In Silent Reproach nous met une grosse claque en ouverture. Ce titre très doom sonne comme un appel. J’aime ses gimmicks de guitare et de basse qui lui donnent un aspect presque hypnotique.
Persistence of Memory se clôt sur l’excellentissime Alienation. Sous son allure sombre, presque dépressive, le morceau s’avère très mélodieux. Les tonalités électros lui donne une complexité jouissive et sa construction musicale le rend unique. Entre Steven Wilson et Lunatic Soul avec des teintes de Depeche Mode. Une conclusion remarquable.

Persistence of Memory est un premier album réussi. Ses compositions, la qualité des musiciens de Final Coil, l’harmonie générale qui ressort de l’album en font une très belle découverte. Si l’on ajoute à ceci une cohérence artistique globale qui comprend le travail visuel de la couverture, cet album mérite largement un coup de cœur ; et le groupe de pouvoir compter sur un regard attentif pour les productions à venir.

 

Tracklist de Persistence of Memory :

01. Corruption
02. Dying
03. Alone
04. You Waste My Time
05. Myopic
06. Failed Light
07. Spider Feet
08. Lost Hope
09. Moths to the Flame
10. In Silent Reproach
11. Alienation