Artiste/Groupe:

Flying Colors

CD:

Third Degree

Date de sortie:

Octobre 2019

Label:

Mascot Label Group

Style:

Rock Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Il aura fallu attendre cinq ans pour un troisième épisode des aventures du supergroupe de rock progressif Flying Colors. Vu l'emploi du temps plus que chargé de certains des ses membres (je pense surtout à Neal Morse, Mike Portnoy ou, dans une moindre mesure, Steve Morse), ça peut se comprendre. Après deux albums et deux live plus que recommandables, le quintet a-t-il encore de belles choses à nous offrir avec ce Third Degree qui sort ce 4 octobre ? A priori, je n'en doute pas, j'aurais tendance à faire confiance à ces excellents musiciens... Cependant, les premiers extraits parus cet été (More et You Are Not Alone), bien qu'agréables, ne m'ont pas transcendé. C'est donc avec une (très) légère crainte que je me lance dans l'écoute de ce nouvel opus.

Contrairement à Second Nature qui démarrait avec un titre progressif d'une douzaine de minutes, Third Degree s'ouvre sur un morceau plus rock et immédiat : The Loss Inside. Le riff efficace fait que cet album commence de façon un peu plus musclée que d'habitude (toute proportion gardée, évidemment). J'aime beaucoup cette compo, assez simple, directe, portée par de bonnes mélodies, une technique impeccable mais jamais envahissante (le break et les solos sont parfaits) et un petit groove très agréable. On reste en territoire rock avec la seconde piste, More, déjà connue depuis plusieurs semaines. Pas d'album de Flying Colors sans chanson rock qui a des relents de Muse, n'est-ce pas ? Et comme ce fut le cas sur l'éponyme et Second Nature, ce genre de titre apparaît encore en deuxième position. Mais cette fois, il y a un twist : comparé à Shoulda Coulda Woulda et Mask MachineMore est plus long (sept bonnes minutes) et comprend un break bien progressif et virtuose en milieu de parcours. Intéressant... mais j'étais plus sensible aux mélodies (et refrains) des deux titres que je viens de citer. 

Après ce démarrage rythmé, Flying Colors propose des pistes plus douces, aux mélodies plus aguicheuses. Que de feeling sur Cadence Casey McPherson nous régale de sa belle voix et Steve Morse nous livre des interventions guitaristiques de haut niveau. Pour revenir à McPherson, on remarque qu'il s'affirme de plus en plus comme LE chanteur de Flying Colors. Bien sûr, il l'a toujours été... mais j'ai le souvenir que, sur les albums précédents, on entendait Neal Morse plus tôt (là, il n'apparaîtra distinctement pour la première fois que sur la cinquième piste, Last Train Home, puis un peu plus tard sur Geronimo ou Love Letter). Guardian est un peu plus enlevée mais possède encore des lignes mélodiques très catchy et harmonieuses. La basse de LaRue porte le morceau et le solo de Steve Morse est éblouissant. On se balade encore dans des eaux rock/prog soft. Que ceux qui attendent des compos plus longues, épiques et progressives se rassurent : en voilà une avec Last Train Home. Introduction classique avec lead de guitare et claviers typiques des compères Morse (aucun lien de parenté par contre). Voilà une très belle compo de dix minutes et des poussières, assez riche, pleine d'émotion et qui se permet des développements qui raviront les amateurs de prog (il y a notamment un break acoustique sur lequel Neal Morse s'autorise un petit épisode de scat surprenant). A ce stade de l'écoute, je suis rassuré, il est évident que Third Degree est un bel album. Et j'interromps un instant le commentaire piste par piste détaillé. 

Flying Colors atteint encore une fois le but qu'il s'est fixé : offrir des chansons dont tous les ingrédients sont parfaitement dosés de sorte à ce que le côté prog de l'aventure ne vienne jamais prendre le pas sur la facette classic rock (voire pop) accessible que le groupe met en avant depuis ses débuts. On est face à un ensemble où règnent cohérence et cohésion. Chaque musicien brille... mais tout le monde est au service de la musique, personne ne mange l'autre. Et le son est superbe, parfait (chaleureux, équilibré, dynamique)... on ne peut décemment pas souhaiter meilleure production. En plus de cela, le groupe ne se contente pas de refaire ce qu'il a déjà fait. Soit, certains titres sonnent véritablement comme du rock prog classique et portent indéniablement la patte de leurs créateurs (ce qui est normal voire souhaitable, on est quand même venu écouter du Flying Colors, non ?)... mais il y a aussi des petites surprises comme l'excellent Geronimo, ce titre très soul/funky (jolies lignes de basse slappées) avec des mélodies qu'on croirait empruntées à Toto. Moins surprenant : You Are Not Alone, une jolie ballade mais là, je dois dire que le groupe m'a habitué à mieux dans ce domaine... Rien de bien mauvais mais je ne suis pas vraiment emporté, malgré la sensibilité et les mélodies qui caressent dans le sens du poil. Dans un style plus fun et inattendu, on a Love Letter, le morceau le plus pop de l'album et une véritable déclaration d'amour aux Beatles avec des harmonies vocales très travaillées (on sait que Neal Morse et Mike Portnoy sont de grands fans). C'est très entêtant, peut-être un peu trop (et il n'est pas dit que les chœurs gentillets "Pa pa pa papa oum..." ravissent tout le monde). Le voyage s'achève avec une belle pièce progressive de onze minutes intitulée Crawl. On revient ici à quelque chose de très arrangé et construit, plus rock et mélancolique (avec un joli piano) avec des plages instrumentales bien soignées. Manque, à mon sens, un refrain qui m'enchante davantage (avis totalement subjectif donc). 

Flying Colors, ça le fait toujours. La réunion de ces cinq musiciens est encore une fois synonyme de plaisir. Cependant, il ne vous aura pas échappé que la note est bonne mais pas excellente. C'est juste qu'il me manque un peu d'émotion cette fois-ci, des mélodies épiques qui m'emportent totalement ou me donnent des frissons... L'album n'est clairement pas dépourvu de belles choses mais je pense qu'une partie de moi aurait aimé trouver de dignes successeurs à Blue Ocean, Infinite Fire, Peaceful Harbor ou Cosmic Symphony... Cela n'enlève pas ses qualités à ce Third Degree, c'est simplement, qu'à mes yeux (ou mes oreilles plutôt), tout cela reste très bon (bien fait, superbement joué et produit), fun, beau... mais, dans l'ensemble, un peu moins fort qu'avant. Malgré ce bémol, que vous ne partagerez peut-être pas, cet opus demeure tout à fait recommandable. Vivement la prochaine tournée, car sur scène, Flying Colors sait transcender ses compos et je ne doute pas que cet album passera parfaitement l'épreuve du live. 
 

Tracklist de Third Degree : 

01. The Loss Inside
02. More
03. Cadence
04. Guardian
05. Last Train Home
06. Geronimo
07. You Are Not Alone
08. Love Letter
09. Crawl

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