Artiste/Groupe:

Foscor

CD:

Els Sepulcres Blancs

Date de sortie:

Septembre 2019

Label:

Season Of Mist

Style:

Post Black Metal progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Comment décrire la musique des Catalans de Foscor ? Pas simple, tant celle-ci est en marge de ce que j’ai l’habitude d’écouter. Initialement labellisé « black metal », l’écoute de leur récent triptyque (Les Irreals Visions sorti en 2017, Les Irreals Versions en 2018 et donc le récent Els Sepulcres Blancs) semblerait bien plus les placer dans une catégorie post metal progressif. L’atmosphère des disques reste sombre et dépressive, mais l’approche musicale, en évolution constante, est assez éloignée des standards black. De fait, plusieurs changements sont apparus avec la sortie en 2014 de Those Horrors Wither ; et depuis plusieurs autres ajustements ont impacté de manière significative la musique produite par Foscor.

Le premier changement immédiatement perceptible depuis 2017 est que tous les titres sont chantés en catalan, preuve d’un clair désire identitaire. Les autres changements, eux, se concentrent sur l’aspect musical. Et ceux-ci sont progressifs, intégrés à l’identité propre des trois derniers albums. L’approche très rock-metal de Les Irreals Visions encore, où les cordes, guitares en tête, et la batterie occupent une place prépondérante, va être abandonnée pour obtenir un son à la fois atmosphérique et éthéré dans Les Irreals Versions. Les ruptures rythmiques brutales vont elles aussi faire progressivement place à une autre approche plus groove et plus expérimentale du changement. Les claviers prennent de l’importance, laissant aux cordes le soin d’apporter les variations thématiques.

Le nouveau Els Sepulcres Blancs reprend et mélange les idées proposées par ses deux prédécesseurs et y incorpore d’autres éléments exploratifs. On retrouve donc les guitares et la basse, sans pour autant perdre le son éthéré et l’aspect expérimental. Ce melange induit de nouvelles caractéristiques propres à cet opus. La première, c’est que Els Sepulcres Blancs offre un son très volumineux, qui ne laisse que peu de temps de repos à l’auditeur ; de surcroît, le rythme sensiblement plus élevé ajoute à cette impression globale. Finalement, et ce malgré une thématique toujours très sombre (comme semblent l’indiquer les titres comme Lamentations, Cauchemar, Chant De La Mort ou encore La Frayeur), cet album paraît comme illuminé par une lumière divine. Mystique.

Sept titres et quarante minutes, Els Sepulcres Blancs est un album court mais dense. L’ouverture proposée par Laments est en fait le lien entre ce qui était proposé dans Les Irreals Versions et ce qui va suivre dans l’album. Ouverture au piano suivie rapidement par les premiers traits de guitare et la présence des cymbales. Le titre est mélancolique et mélodieux ; il oscille entre complexité volumique et ligne musicale claire et accessible. Le vrai corps de l’album s’installe avec Els Colors Del Silenci. Le chant de Fiar se fait plus marqué, presque agressif. Le rythme et le volume augmente, soutenus par une batterie efficace et les guitares de Falke et Albert, aux tonalités assez hautes. Avec ses variations musicales assez étonnantes, le titre dérange et ne me laisse pas indifférent. Malson est plus groove, plus cool. La voix toujours claire, mais plus basse et plus douce de Fiar fait merveille. Le titre est accessible, presque joueur. Ici encore, le travail de Jordi à la batterie prend beaucoup d’importance. Parfois un peu trop visible, il imprime vraiment une patine spéciale au disque. 

Secrets entame sur un rythme plus lent, presque doom. Les doubles lignes vocales apportent de la nouveauté, une certaine épaisseur au titre. Seule concession au chant clair, Fiar se permet un hurlement qui finalement se fond parfaitement avec le titre. J‘aime bien. Le trio de morceaux de fin va compléter la mutation de l’album. Le son et le rythme se font plus lourds, mais jamais violents. Cel Rogent donne l’impression d’une course en avant. Celle-ci est guidée la ligne rythmique de la guitare. La basse et l’autre guitare apportent des tonalités assez hispaniques et très progressives au titre. Cançó De Mort est plus sombre, la batterie devient martiale et les guitares intègrent des éléments shoegaze. Certainement le titre le plus sombre de l’album, même lorsque celui-ci explose vers sa quatrième minute. L’Esglai est, lui, le titre le plus rock et le plus musical. Les instruments semblent avoir plus de liberté, et la construction donne l’impression de s’être affranchie de la lourdeur présente à la fin de Cançó De Mort. Les lignes musicales sont plus simples, plus accessibles, se permettant même un riff « classique » de guitare. Un bon titre de fin pour cet album intéressant. Un album et un triptyque poétiques et dépressifs. Attirant et pas commun.

Tracklist de Els Sepulcres Blancs :

01. Laments
02. Els Colors Del Silenci
03. Malson
04. Secrets
05. Cel Rogent
06. Cançó De Mort
07. L'Esglai

 

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