Artiste/Groupe:

Freighter

CD:

The Den

Date de sortie:

Juillet 2019

Label:

Indépendant

Style:

Mathcore

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16/20

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Ma tante Isab’Hell (Ah je ne vous en avais jamais parlé ?) est une passionnée d’astrophysique, de physique quantique et autre théorie d’Everett. Une passion bien singulière dans notre monde cartésien basé sur la raison, la science et des théories indiscutables, sauf par Jean Claude Van Damme. Elle pense toujours que tout est multiple, non linéaire et que notre vision de la réalité est forcément parcellaire car nous n’avons pas une entière vue du tout. Ok tata Isa, elle n’a pas forcément la lumière bien allumée, mais elle a un certain talent pour dégoter des musiciens qui sont certainement venus d’un monde parallèle... Elle m’a donc chaudement conseillé le groupe Freighter, qui sort de son monde parallèle pour nous rendre une petite visite tous les dix ans environ, et qui nous propose sa vision de la musique et au passage son second album The Den. Sur le papier, le groupe propose du Technical thrash power… En effet, ces trois fous proposent du technique, du thrash, mais aussi plein, plein d’autres choses…. Présentation :

Ce groupe made in Oakland, proche de San Fransisco, est un trio composé de Travis Andrews au chant et à la guitare, de Jason Braatz à la basse et de Jamie Ryan à la batterie. Le groupe définit sa musique comme étant du Gulch Rock / Nu-Moustache... Ne me regardez pas comme ça, je suis totalement incapable de savoir ce que cela signifie. Et leur musique n’aide pas à poser une définition, mais je vais tenter de vous donner les tendances.

Dès le premier titre, et même au cours des toutes premières secondes, tout est posé. Disons plutôt déposé comme un tas, à la première écoute difforme, et pas franchement accessible, mais peu à peu l’ensemble prend forme au fil de l'eau. Le titre débute avec un « One, Two, Three, Four » Ramones à souhait mais vous ne trouverez que peu de liens avec la "linéarité" du punk. Par contre, vous y trouverez l’énergie de ce courant musical. Le tempo est survitaminé, la voix est agressive sans utiliser une farandole de growls, un jeu de "question réponse" très bien senti entre la basse et la guitare, une belle descente de gamme, un passage ska qui emmène à un pseudo refrain et vous avez passé la première minute de ce titre, ouf !

Mais heureusement, tout n’est pas dit, et le métissage musical et loin d’être terminé. Le parallèle avec les musiques faites par M. Patton est assez évident mais ne se résume pas à ça. Oui leur musique est énervée comme un Fantômas, oui on peut passer du coq à l’âne comme dans un Mr Bungle, et oui c’est fondamentalement rock’n roll comme un Tomahawk, mais je pense qu’il serait plus proche d’un Dillinger qui aurait mis une pointe de folie à la Carnival au final.

C’est surtout le niveau technique hallucinant des trois musiciens qui fait l’intérêt de cette production. Il suffit de voir le chanteur guitariste qui vocifère ses paroles comme un damné et joue des riffs d’une vitesse fulgurante, le batteur, tantôt jazzman, tantôt destructeur de fûts, et ce monstrueux bassiste qui se balade littéralement sur son manche pour le plaisir de nos oreilles, pour en être convaincu. Il est le lien fondamental entre la guitare et la batteire, il est capable de proposer aussi bien la même ligne de basse que la guitare, peut poser des slaps comme qui rigole et les petits arpèges qui vont bien. Bref monsieur fait étalage de tout son tallent. Et comme si ce joyeux bazar ne suffisait pas vraiment, le groupe rajoute, toujours à bon escient, quelques passages de trompette ou de piano, histoire de donner une dimension supplémentaire à sa musique. C’est fort, très fort.



J’aurais presque mis un coup de cœur à The Den s'il n’avait pas été aussi usant à l’écoute. L’écoute d’une oreille distraite et impossible car on ne peut pas se laisser bercer par leur musique. Par conséquent, quant on tend l’oreille pour bien apprécier l’essence de leur folie créatrice, eh bien ce disque peut être fatiguant tant il demande de comprendre et d’accepter ce qui se passe dans notre cerveau incrédule.

The Den est une expérience, aussi intéressante qu’éprouvante. Un album atypique qui réussit à marier pas mal de genres tout en évitant la redite. Il manque à ce chef d’œuvre quelques temps de respiration afin que l’auditeur puisse reprendre son souffle à l’occasion, mais malgré cela The Den est une expérience qui vaut le coup d’être vécue.


Tracklist de The Den :

01. Psychic Reading '94
02. Future Duke
03. Presto Change-O
04. Hot Car Death Dad
05. Stick Around and Do It Right Until You Get it Perfect
06. King Pigeon
07. Harbor of Dieppe
08. Cimitero

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