Artiste/Groupe:

Gazpacho

CD:

Soyuz

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Kscope

Style:

Rock Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

15.5/20

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Chroniquer un album de Gazpacho n’est jamais un exercice facile. Les plus progueux d’entre-vous ne me contrarieront certainement pas. Pour les autres, il faut peut-être présenter le groupe originaire de Norvège et qui est composé de Jan Henrik Ohme (chant), Jon-Arne Vilbo (guitares), Thomas Andersen (claviers, programming et co-producteur), Mikael Krømer (violon, mandoline, co-producteur), Kristian Torp (basse) et Lars Erik Asp (batterie). Le groupe existe depuis 1996, et Soyuz est son dixième album. Le style du groupe est difficile à décrire, un journaliste a proposé : "classical post ambient nocturnal atmospheric neo-progressive folk world rock". Sacré programme !

J’ai découvert le groupe en 2007, pour la sortie de Night, leur quatrième album, et suis resté accro à leurs ambiances depuis. Je n’ai jamais encore pu les voir en live, mais ça sera chose faite au prochain BeProgMyFriend qui aura lieu à Barcelone fin juin. Cet album fait suite à Molok (2015) et Demon (2014) deux albums qui m’avaient particulièrement retourné.

Le thème de cet album est assez vaporeux, puisqu’il traite des moments formidables d’une vie, qui passent sans qu’on puisse les immortaliser. Pour illustrer l’idée, plusieurs angles très divers, comme celui de la capsule spatiale Russe Soyouz 1 (et la fin tragique de son passager, Vladimir Komarov), ou encore des chants funéraires bouddhistes tibétains, plus fort encore, les plus anciens enregistrements de chant humains datant de 1860, jusqu’aux célèbres contes du danois Andersen. Je vous l'avais dit, rien n'est pas simple, plutôt sombre et mélancolique comme toujours avec Gazpacho.

L’album propose en tout vingt bonne minutes sur l’épopée Soyouz avec Soyuz One en ouverture et Soyuz Out en quasi fermeture. Les deux morceaux proposent des ambiances à la Gazpacho, éthérées, prenantes, chargées à bloc d’émotion pure, au travers de sons étranges. Soyuz One, après une bonne moitié tout en mélodie subtile, finit par décoller, avec un gros riff de guitare et une belle ligne de basse. Le final en solo de violon, une spécialité du groupe, en surprendra plus d’un.



Soyuz Out est le morceau fleuve de l’album avec plus de treize minutes au compteur, qui démarre dans le calme, sur un ensemble de sons étranges. Après une bonne moitié plutôt ambiante, assez planante, le morceau s’énerve, se durcit, s’assombrit, pour accompagner le retour catastrophique de Soyuz dans l’atmosphère ce jour de 1967. Le groupe y case quand même un petit break jazzy étonnant.

Le morceau qui surprend le plus dans cet album, est certainement Hypomania, plus rock, plus pêchu, et qui fait penser à Radiohead. C’est assez différent du style Gazpacho habituel, et c’est un pari réussi, sur un thème assez philosophique (l'allégorie de la caverne de Platon).



Ce sont des moines tibétains qui nous accueillent pour l’intro et l’outro d’Exit Suite, à l’ambiance plutôt funèbre, tout en lenteur, accompagné de subtiles volutes de violons. D’un autre côté, le thème est funéraire, on ne va pas sauter au plafond de joie et d’allégresse.




C’est un conte d’Andersen qui inspire Emperor Bespoke. Le chant de Jan Henrik est particulièrement mélodieux tout au long de ce long morceau, dont les sonorités rappellent un peu l’album Demon. Le piano de Sky Burial est un peu obsédant, c’est sûrement le but recherché, mais ça prend un peu trop de place dans le mix (et la tête) à mon goût. La basse nous gratifie encore de belles envolées, de gros riffs de guitare et d’accords plaqués au clavier. Jan Henrik chante par-dessus des voix bizarres qui semblent déclamer en arabe. Fleeting Things me semble un peu plus poussif, et je ne suis pas fan des sons d’harpsichord du clavier.

L’album se termine sur un morceau ambiant, Rappaccini (inspiré d’un nouvelle fantastique du XIXème de Nathaniel Hawthorne), mené par les claviers de Thomas et la voix envoûtante de Jan Henrik. Attention, fans de vinyles, ce morceau n’est pas présent sur l’édition vinyle.

La pochette, très réussie, est peinte par Antonio Seijas.

Compliqué ? Un peu, bien sûr, et tout le monde n’aura pas forcément ni la patience ni la sensibilité pour se laisser séduire par la musique de Gazpacho. Ni forcément la même lecture, puisque Gazpacho est un manipulateur d’ambiances et un merveilleux sculpteur d’émotions. Mais l’expérience est gratifiante, même si, bien sûr, il faut se plonger un peu dedans, et laisser au groupe une chance de vous hanter le ciboulot. Mais, fermez les yeux et essayez donc, vous verrez, ça fait un bien fou…


Tracklist de Soyuz :

01. Soyuz One
02. Hypomania
03. Exit Suite
04. Emperor Bespoke
05. Sky Burial
06. Fleeting Things
07. Soyuz Out
08. Rappaccini

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