Artiste/Groupe:

Glasgow Coma Scale

CD:

Enter Oblivion

Date de sortie:

Décembre 2016

Label:

Fluttery Records

Style:

Post-rock instrumental

Chroniqueur:

Olphuster

Note:

12/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

La formation allemande Glasgow Coma Scale nous présente avec Enter Oblivion son premier album. Fruit d'un travail de longue durée, ce LP de sept titres comprend des morceaux composés à différents moments : par exemple, le dernier est le plus ancien, tandis que le premier est le plus récent. Le titre même de l'album se réfère à cet axiome qui dit que l'inspiration vient juste avant le sommeil : par ce patronyme, le groupe se pose en orfèvres dont la démarche est d'assembler une foules d'idées qui surgissent partout et à tout heure en un tout cohérent pour les rendre atemporelles. Mais il semble se référer également, à travers l'échelle de Glasgow, à la pluralité d'états de conscience dans lequel l'art, et en l'occurence la musique, peut nous plonger : le côté atmosphérique qui s'en dégage plaide pour cette interprétation.

On commence par Sonda qui s’ouvre sur un riff ascendant et dynamique, mais finit bien vite par faire montre de belles ambiances aériennes et "smooth", dotées de grilles rythmiques accentuées par le palm mute pointilleux des guitares et d’une basse bien présente dans les médiums. Les passages de strum à l’électrique se déclinent en nappes atmosphériques, où guitares rythmiques s’accordent avec leads haut-perchés jusqu’à se conclure aussi subitement qu’ils ont commencé. Après ce morceau inaugural, on passe à Southern Crosses qui nous offre une petite intro acoustique où guitare clean et basse dialoguent chaleureusement ; la batterie entre discrètement, alors que des pads stellaires enrichissent tout le spectre sonore en arrière-plan. L’usage du delay est très prononcé sur la plupart des instruments, donnant lieu à une esthétique éthérée, inconstante et volatile. Bien sûr, les samples électroniques, qu’ils soient rythmiques ou ambiants, y contribuent aussi, si bien que même les riffs de guitares graves en drop C donnent une assise et une rondeur à l’ensemble plutôt qu’une énergie nerveuse ou agressive.
C’est la basse qui ouvre le morceau suivant, elle aussi teintée de delay à souhaits, pour un nouveau voyage aux allures nébulaires dans Northern Wastes. Le schéma instauré dans les premiers morceaux – guitares aériennes, section rythmique ronde et répétitive, esthétique électronique – se décline à répétition dans les suivants, parmi lesquels on remarque le riff phare de Venice Calling répété pendant quatre minutes, mais qui subit au fur et à mesure des transformations, tant au niveau du son des guitares que des arrangements divers qui s’empilent et se répondent gracieusement les uns les autres.
Ghost Not Found tranche avec les précédents grâce à un riff de guitare aigu très delayé sur lequel s’ajoute une basse qui évoque celle de Kim Platbarzdis chez Soen ; synthé et batterie prennent le relais pour plonger l'auditeur dans un nouvel état de conscience – conformément au nom du groupe –, avant qu'un riff de guitare plus prog ne vienne apporter plus de corps à l'ensemble très éthéré. Il s'agit là d'un des morceaux où il se passe le plus de choses d'un point de vue musical et sonore à mon sens. Silent Bird et Birthland enfin nous ramènent dans l'éthéré avec un pattern de basse et de batterie sur lequel se cale une guitare aérienne ; alors que celui-ci se décline avec fluidité le long des sections de ces deux morceux, on regrette qu'il n'y ait pas une ligne de chant pour apporter une variation et une animation à l'ensemble, car à l'écoute c'est comme s'il ne manquait que cette composante pour donner une personnalité plus saillante à l'ensemble.

On reconnaîtra indéniablement dans le travail de composition un talent d’incarnation des atmosphères, à travers les arrangements, le mix et l’équilibre global des instruments les uns par rapport aux autres. Mais si Glasgow Coma Scale nous offre un opus correct, au son propre et pur, celui-ci n’en demeure pas moins trop correct, et souffre peut-être malgré quelques idées bien senties d’un manque de surprises et de prises de risque qui auraient pu casser le côté quelque peu rectiligne de sa structure globale. Là où une voix dotée d'un timbre spécifique et d'une personnalité propre pourrait égayer le caractère très géométrique des morceaux et des riffs, y compris lorsque ceux-ci se veulent un petit peu plus groovy que de coutume, on ne peut que déplorer son absence qui rend certaines coutures des morceaux apparentes.

Avec Enter Oblivion, vous pouvez en tout cas être sûrs de tomber sur un excellent album d’ambiance pour égayer tout type de moment qui se prête à la méditation, à la rêverie ou au contraire à la concentration sur une autre activité, mais moins intéressant à écouter pour lui-même ou performé en live, à moins que vous ne soyez particulièrement fan d’ambient post-rock. En effet, sa richesse s’avère bien plus sonore que musicale, mais il n'en reste pas moins un premier opus prometteur pour la formation. Espérons tout de même qu'ils trouveront un chanteur, ou sauront varier un peu plus les plaisirs dans le registre instrumental à l'avenir...  


Tracklist de Enter Oblivion :

01. Sonda
02. Southern Crosses
03. Northern Wastes
04. Venice Calling
05. Ghost Not Found
06. Silent Bird
07. Birthland