Artiste/Groupe:

Goatlord

CD:

Reflections Of The Solstice (réédition)

Date de sortie:

Mai 2015

Label:

Nuclear War Now! Productions

Style:

Black/Death/Doom

Chroniqueur:

Azagtoth

Note:

14/20

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Parmi les offres de contrat proposées par les labels suite à la sortie des démos, Frankulin décide de se fier à la division allemande de JL Turbo. Après avoir signé, Goatlord rentre en studio en 1991 pour enregistrer ce qui aura été leur unique album, Reflections Of The Solstice.

Après le départ d’Ace Still, le groupe recrute Mitch Harris, aussi de Las Vegas et qui jouait à l’époque dans ses projets death/grind Righteous Pigs et Defecation en plus d’avoir été recruté de l’autre côté de l’Atlantique chez Napalm Death.
On imagine qu’il y a eu une version de l’album uniquement avec les parties vocales de Harris ; mais, ce de manière totalement improbable, Ace Still est réapparu lors des sessions d’enregistrement et a posé sa voix sur l’intégralité des morceaux. Et c’est sa version qui est restée, Harris n’apparaissant au final qu’en backing sur quelques morceaux (Sacrifice, notamment).

Les premiers essais en studio s’avérèrent infructueux, le groupe n’arrivant pas à obtenir le son voulu.
Suite à une suggestion de Mitch Harris, Jeff Nardone décida de jouer sur des pads plutôt que sur une vraie batterie, arguant que le son était plus profond et puissant. Sauf qu’après le mixage, le rendu n’était pas tout à fait à la hauteur de ce qu’il espérait…
Il y en a qui disent que ça donne une autre dimension aux morceaux, spatiale.
Moi, j’ai encore et toujours du mal avec ce son pourri. Heureusement que les compos originales sont dantesques. Du coup, je me rabats plus souvent sur les démos.
Malgré tout, Goatlord demeure une des incarnations les plus extrêmes du metal en ce qu’ils en ont capté la substantifique moelle, l’essence maléfique, et ce quoiqu’on dise de cet album. C’est avant tout une question d’atmosphère créée et non pas de technicité ou de dextérité.

Il n’y a aucun nouveau morceau ici, toute la tracklist figurait déjà sur les démos. L’ordre des titres a été changé par rapport à Sodomize The Goat, quelques morceaux ont une structure un peu différente (Blood Monk et Distorted Birth, notamment) et quelques bruitages ont été ajoutés : les mythiques cris de poule sur Chicken Dance, le vent sur The Fog. Les mecs n’étaient vraisemblablement pas tout à fait nets au moment de l’enregistrement, Acid Orgy est aussi là pour nous le rappeler.

Et la couverture de Thorncross est devenue emblématique du groupe et du metal extrême en général, au même titre que de nombreuses autres réalisations du Français.

La sortie de cet album a engendré des réactions inespérées : des sollicitations de tous les viviers extrêmes du moment, des demandes d’interview à gogo, des lettres en tous genres.
Malgré cela, il était clair que le label n’avait pas l’intention de partager les profits générés par ce phénomène : ils n’ont jamais versé les dividendes au groupe comme stipulé dans le contrat. Réclamer et faire un procès aurait impliqué plus d’effort et de frais que ce qu’ils auraient jamais pu récupérer ; ils ont donc préféré laisser tomber. A peu près à la même époque, Turbo avait aussi entubé un certain Beherit (ce qui fera l’objet d’une autre chronique).

Goatlord s’est donc tourné vers un autre label, JL America, pour enregistrer une nouvelle version de l’album et essayer de récupérer une partie de leurs pertes. Le remastering effectué n’apporte au final pas grand-chose apparemment et la version JL America (1992) est intitulée sobrement Goatlord –le label avait suggéré Ripped To Shreds, titre rejeté par le groupe- ; hormis l’ajout de Voodoo Mass, réenregistré pour l’occasion. La couverture et le logo ont été changés également. Et ce n’est plus Ace Still au chant, mais Chris Gans, recruté à cette occasion.
Personnellement, je n’ai jamais écouté cette version.

N’empêche que JL America a été beaucoup plus honnête que Turbo, Goatlord ayant pu bénéficier d’un enregistrement sans frais ou presque, d’une promotion conséquente et de dates de concerts par la suite. Une tournée a été organisée dans l’Ouest américain aux côtés d’Excruciating Pain avec cinq dates. Des shows de trente-cinq minutes durant lesquelles le groupe était systématiquement camé à mort, notamment Frankulin qui consommait régulièrement de la métanphétamine.

Suite et fin au prochain épisode.

 

Tracklist de Reflections Of The Solstice :

01. Blood Monk
02. Distorted Birth
03. The Fog
04. Underground Church
05. Chicken Dance
06. Acid Orgy
07. Possessed Soldiers Of War
08. Sacrifice