Artiste/Groupe:

Godflesh

CD:

A World Lit Only By Fire

Date de sortie:

Octobre 2014

Label:

Avalanche Recordings

Style:

Indus Metal Glacial

Chroniqueur:

Orion

Note:

17/20

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Fleuron de la scène Metal Indus anglaise dans les années 90, Godflesh avait disparu des radars depuis 2002, après un dernier album, Hymns, sorti l'année précédente. Revoici le groupe, douze ans après sa dissolution, toujours formé de Justin Broadrick (chant, guitares, machines) et BC Green (basse). Un retour que l’on avait toutefois plus ou moins vu venir puisque les deux lascars s’étaient réunis dès 2010 pour monter notamment sur les planches du Hellfest.

Alors, comme pour tout retour après une longue (voire très longue) absence, on peut légitimement se poser la question du bien fondé de l’opération. Godflesh fait-il partie de ces groupes qui se rappellent à notre bon souvenir pour finalement retomber dans l'oubli aussi vite qu'ils en sont sortis à cause d'un album très moyen (la liste est longue) ou fait-il partie de ceux dont le nouvel album va marquer les esprits au point de s'attirer de nouveaux fans ? Sans hésiter, je penche pour la seconde option. Ce A World Lit Only By Fire rappellera forcément à certains les premiers albums du groupe, et notamment le cultissime Streetcleaner, nous renvoyant à l'époque bénie (fin 80 / début 90) où l’underground britannique a littéralement explosé à la face du monde grâce notamment au travail du label Earache.
Plus de vingt ans après ce premier album fondateur, leur recette est restée (ou du moins redevenue) la même : mélanger un Metal bien lourd avec des sonorités lo-fi, le tout sur des rythmiques mécaniques de boîte à rythme. Le chant semble désincarné, comme s’il était mécanique lui aussi. Justin scande les mots tel un robot (même s’il peut parfois lâcher quelques lignes de ce qu’on peut appeler du chant comme sur Life Giver Life Taker, Imperator ou encore Forgive Our Fathers). Les vieux fans seront forcément conquis de retrouver ici ce son si caractéristique du groupe. Justin et BC ont clairement retrouvé leurs automatismes pour composer dix morceaux de cette trempe, d’une lourdeur implacable, d’une noirceur profonde, à l'atmosphère industrielle froide et inhumaine. Grosse différence tout de même : la production, elle, est bien plus rentre-dedans que celle des deux premiers albums (les seuls que je connaisse). Les guitares sont heavy, la voix est bien mieux mixée et la basse est à l’honneur. Et c’est justement grâce à cette production, qui met en valeur le travail du groupe, que je trouve cet album meilleur que ses aînés. Propos blasphématoires ? Ecoutez donc cet album avant de crier au scandale. Dès le titre introductif, le bien nommé New Dark Ages, jusqu’aux dernières notes de Forgive Our Fathers, on est pris dans ce maelström de sonorités malsaines. Des coups de boutoir de Shut Me Down ou de Carrion au matraquage compulsif de Imperator, on se sent écrasé par ce monolithe massif.
Alors oui, Godflesh ne prend pas de risque et nous sert exactement ce qu’on attendait de lui. Mais est-ce un mal ?

Avant de conclure, je voulais préciser que je n’ai jamais été un grand fan de Godflesh, groupe que j’avais découvert au début des années 90. Pourtant, cet album, écouté sur le tard (il est sorti il y a déjà quatre mois) m’a vraiment scotché, au point de me demander si je ne devrais pas me repencher sérieusement sur la discographie du groupe.
A l’heure qu’il est, les vieux fans de Godflesh se sont déjà rués sur ce nouvel album. Je ne saurais trop le conseiller aux autres, histoire de découvrir un véritable phénomène de la scène underground anglaise qui a encore, apparemment, de beaux jours devant lui.

 

Tracklist de A World Lit Only By Fire :

01. New Dark Ages
02. Deadend
03. Shut Me Down
04. Life Giver Life Taker
05. Obeyed
06. Curse Us All
07. Carrion
08. Imperator
09. Towers Of Emptiness
10. Forgive Our Fathers