Dans le genre pavé dans la face, le premier EP de Hacktivist s'était posé là. Surprenant, original, parfaitement maîtrisé, voilà ce qui fait qu'il est resté longtemps dans mon collimateur et je l'écoute encore souvent. J'avais donc hâte d'entendre le premier album des Anglais.

Pour rappel, pour ceux du fond qui n'auraient rien suivi, Hacktivist, c'est un mélange explosif de djent et de rap. Pour la chronique de l'EP, c'est par ici. Entrons donc tout de suite dans le vif du sujet.

C'est Our Time qui ouvre le bal. Cela commence par une introduction parlée/scandée puis le riff entre en scène. Une atmosphère pesante se développe et fait monter la sauce jusqu'à l'ouverture de Hate. 

Et là, changement d'ambiance : c'est un petit riff électronique qui introduit le morceau, le chant rappé fait ensuite son apparition. Le tempo est assez lent, le morceau aéré. Lentement, le morceau monte en puissance, les parties djent se faisant de plus en plus présentes. Cependant, il n'y a pas réellement de libération ou de fin en apothéose ni d'accroche particulière, mise à part la petite mélodie du début. La tension sournoise restera enfermée. 

Puis vient Deceive & Defy, en featuring avec Jamie Graham de Heart Of A Coward. Ce morceau peine à me convaincre, le refrain est beaucoup trop présent et convenu à mon goût. On tend un peu trop vers le metalcore de base. Taken reste dans la même veine. Encore un featuring, encore un meh. 

Heureusement, le reste de l'album n'est pas de la même trempe. Ce n'est peut-être pas The Storm qui le laissera présager puisqu'il s'agit d'un interlude instrumental, développant une ambiance éthérée ponctuée par la caisse claire et portée par des basses profondes. 

Mais No Way Back, développant un sentiment d'urgence, est là pour vous botter le cul. Les parties rappées sont vertigineuses, portées par une basse saccadée fort à propos. Les parties en chant clair sont quant à elles moins convaincantes, mais minoritaires. False Idols enchaîne avec des grooves imparables et un rap omniprésent, le flow de J. Hurley est incroyable et Ben Marvin lui rend bien la pareille ! Malheureusement, on retrouve un peu de chant clair ici aussi, et là, je suis moins fan. Que ce soit Hurley ou Marvin, ça sonne trop téléphoné à mon goût.

La grosse surprise de l'album, c'est Rotten. Un pur morceau trap avec deux invités posant chacun leur flow énorme et leur hargne. Aucune guitare à l'horizon, et c'est un parti pris qui me plaît bien.

Pour ceux que ces quatre minutes sans guitares auraient désorienté, une nouvelle version d'Elevate, morceau déjà présent sur l'EP, viendra combler ce manque. Elevate, c'est pour moi l'un des meilleurs morceaux de Hacktivist, empli d'une hargne et d'une énergie débordantes, il prend l'auditeur aux tripes avec une facilité déconcertante.

"The system is overrun by the power of the gun"

Outside The Box propose quant à lui une version plus mélancolique de Hacktivist. Il ne s'y passe pas grand-chose mais pourtant, ces quatre minutes passent très vite, ce qui laisse supposer que l'ambiance est bien travaillée.

Puis Buszy revient à un style énervé dans la veine d'Elevate, c'est bonnard. Je note cependant une chose à son écoute, c'est que Hacktivist aime un peu trop finir ses morceaux sur des breakdowns pas très inspirés. Prenez Hate, Deceive & Defy, No Way Back ou Buszy, la fin est quasiment la même…

L'album se conclut sur The Storm II, encore une fois sur une note mélancolique.

Avec cet album, Hacktivist a cherché à varier son propos, et pour cela je les salue. En effet, ils auraient pu tourner en rond autour de leur recette toute trouvée et super efficace. Cependant, il y a beaucoup trop de moments un peu décevants pour en faire un coup de cœur. A trop chercher à se diversifier, ils perdent en impact. Il est clair que ce qui fait leur force, c'est un rap au flow acéré mixé à un metal énergique. Alors s'ils pouvaient éviter de faire retomber la tension avec des parties claires un chouia mielleuses, ça serait mieux pour tout le monde.

Tracklist de Outside The Box :

01. Our Time (Ft. Marlon Hurley)
02. Hate
03. Deceive & Defy (Ft. Jamie Graham)
04. Taken (Ft. Rou Reynolds)
05. The Storm
06. No Way Back
07. False Idols
08. Rotten (Ft. Astroid Boys & Jot Maxi)
09. Elevate
10. Outside The Box
11. Buszy
12. The Storm II