Artiste/Groupe:

Hardcore Anal Hydrogen

CD:

Hypercut

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

Apathia Records

Style:

WTF Metal

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16/20

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Hardcore Anal Hydrogen fait partie de la catégorie des groupes que l’on adore où que l’on déteste. Ces spécialistes du n’importe-quoi-fourre-tout-metal ont créé leur propre univers il y a maintenant une petite décennie et continuent de tracer sa propre voie, où seul leur imagination est la limite. Et je peux vous affirmer que de l’imagination, non seulement ils en ont, mais elle est juste débordante.

Si vous n’avez pas encore eu le plaisir de croiser la route de ces quatre hurluberlus, une petite présentation s’impose. Le groupe se compose de Sacha Vanony, chanteur gonflé à l’hélium, également en charge du clavier et de la flûte, de Martyn Clément à la guitare, de Damien Salis à la batterie, et de Jonathan Marole à la basse. Ce quatuor vous ouvre les bras et vous accueille avec joie, folie et Daube Carotte grâce à leur nouvel album Hypercut, le bien nommé. Album qui voit le jour chez Apathia Records, qui héberge déjà d’autres allumés, grands amateurs de chats, Pryapisme, et ça c’est tout sauf une coïncidence.

Ce pot-pourri musical, qui lui aussi a une odeur délicieuse, débute par Jean-Pierre, sauf que celui-là est très loin de sentir la naphtaline de Tf1. Ces cinq minutes de grand n’importe-quoi se composent d’un début de titre digne de ce qu’il se fait de mieux en terme de Nintendocore, avec un riff décoiffant et une énergie folle. Mais comme on ne fait ici rien pour accompagner l’auditeur, s'ensuit un bon passage djent des familles pour finir sur un voyage intersidéral, tout en douceur. Ce titre d’introduction brasse déjà sévèrement mais il ne prépare pas à la suite haute en couleurs du reste de l’album.

Gautier Serre, tête pensante d’Igorrr, avec qui HAH peut avoir des accointances, nous avait déjà fait un titre hommage à sa poule, et me voici face à Coin Coin. Titre qui rend, peut être hommage à un autre emplumé, mais débute comme un titre de John Zorn et son saxophone volatile, et pour finir là aussi sur une interprétation tout en « coin » majeur, l'association parfaite entre la musique et la bête.

La Roche Et Le Rouleau avec ses instants de Django Reinhardt, Paul et ses cha-la-la-la, Saveur Orientale et ses percussions arabisantes, Blue Cuts et son piano qui ne tourne pas rond, chaque titre est un univers à la fois unique et terriblement varié. Il y a bien une base hardcore décalé, on sent bien le fantôme de Patton qui rôde dans les méandres de cet album, mais vous dire qu'il y a un fil conducteur et que le groupe vous prend gentiment par la main pendant les dix titres serait vous mentir. Ici, on enchaîne les passages qui décoiffent avec des temps calmes et posés, et toujours délicieusement inattendus, un peu comme si Richard Gotainer avait copulé avec Dillinger Escape Plan. 

L'exemple du titre Philippe est représentatif de ce que le groupe fait de mieux : une introduction digne d'Indiana Jones, qui suite à une prise de substance illicite, pète les plombs et nous met une salve de riffs assassins dans la tête. Le tempo se pose à nouveau, sample de dialogue, et le groupe développe une nouvelle ambiance à la Hobbit, pour finir sur des chœurs et des claviers tout en grandiloquence. Cette ambiance très cinématographique convient à merveille à la manière de composer du groupe. 

Cet album est une fourmilière en perpétuelle mutation mais qui avec un peu de hauteur prend totalement sens. C’est terriblement vivant, jouissivement décalé mais avant tout loin, très loin des plans classiques parfois usés jusqu’à la corde depuis trois décennies. Impossible de s’ennuyer à l’écoute de cet album même s'il faut être prêt à suivre leurs nombreuses propositions et à accepter de ne pas suivre un long fleuve tranquille.

Tracklist de Hypercut :

01. Jean-Pierre
02. Coin coin
03. La roche et le rouleau
04. Paul
05. Blue Cuts
06. Charme oriental
07. Phillip
08. Murdoc
09. Entropie Maximum
10. Sproutch
11. Daube carotte
12. Automne 1992
13. Bontemmieu
14. Alain, l’homme télévitré