Le thrash, ce n'est pas que pour les Ricains ou les Européens... Harlott, jeune groupe australien fraichement signé chez Metal Blade, tient à nous le prouver avec son deuxième album intitulé Proliferation. Pas de changement de line-up depuis Origin sorti en 2014, on retrouve Andrew Hudson au chant et à la guitare, Tomas Richards à la basse, Ryan Butler à la guitare et Tim Joyce derrière la batterie. Au programme de leur nouvelle galette : douze missiles aussi speed que féroces, quarante-cinq minutes de déflagration sonore exécutée dans les règles de l'art. Petit conseil amical : profitez bien des trente premières secondes de la chanson titre qui ouvre l'album, des passages cool comme celui-là (le calme avant la tempête), il n'y en aura quasiment plus par la suite... à une exception près : les vingt premières secondes de la cinquième piste, The Fading Light. Allergiques à la double grosse caisse et aux riffs agressifs balancés à la vitesse du son s'abstenir !

Vous l'aurez compris, Harlott fait du thrash, du vrai, du velu. Du mid-tempo ? Pour quoi faire ? Du chant mélodique ? Et puis quoi encore ?! Nous ne sommes pas face aux enfants d'Anthrax ou Megadeth... mais plutôt en présence des héritiers d'un thrash furibard à la Slayer ou la Kreator. On y pensera plusieurs fois à l'écoute de certains riffs, gueulantes (celle du début de Legion est bien sentie et rendrait Araya fier) ou refrains (celui de Civil Unrest sent le thrash teuton tel que le pratique Mille Petrozza à plein nez). Pas de fioritures ni trop de complications inutiles, ça va droit au but et fait dans le concis. La chanson titre, qui dure cinq minutes, mise à part, on est plutôt sur du morceau compris entre trois et quatre minutes... parfois moins, avec Systematic Reduction et ses quatre-vingt-dix secondes ou Bloodlust et ses deux minutes. Les riffs sont bien sentis et meurtriers, le niveau technique général est impressionnant, ça bastonne mais les Australiens n'oublient pas de placer quelques excellents soli mélodiques qui font plaisir (un peu partout... mais ceux de The Fading Light et Hellbent m'ont particulièrement plu) et évoquent parfois l'esprit d'un certain Testament (il y a pire comme comparaison, non ?). En plus de cela, le son est impeccable. C'est clair, moderne, puissant... rien à redire. Dernière chose : ça ne s'entend pas franchement mais Harlott ne manque pas d'humour. Pour s'en convaincre, c'est vers la vidéo de Systematic Reduction qu'il faut se tourner.

Beaucoup de qualités ici... alors pourquoi ne pas être un peu plus généreux au niveau de la notation, vous demandez-vous ? C'est simple, il y a, à mon avis, deux choses qui manquent à Proliferation pour être taxé de skeud absolument incontournable :

  1. Une personnalité plus affirmée. Si Kreator, Slayer ou Exodus n'avaient pas sorti les classiques que l'on connait, on tomberait à la renverse à l'écoute du travail de Harlott. Mais ces groupes (et leurs oeuvres) existent bel et bien. Les Australiens rendent une copie impeccable mais qui fait trop penser aux formations dont ils s'inspirent. Soit, c'est fait par des amoureux du thrash qui rendent un hommage respectueux au genre et on ne peut nier leur maîtrise des codes... mais, du coup, il n'y a rien de bien neuf ici.

  2. Davantage de variété. Douze compos lancées à fond la caisse, ça décoiffe, c'est sûr. Mais cela rend aussi l'ensemble un poil trop linéaire et homogène. Du metal bourrin pied au plancher, ok, c'est fun... mais à petites doses. Heureusement que le disque dure trois-quarts d'heure et pas plus. Si la prochaine fois, un peu plus de nuances et variations faisaient leur apparition, je pense que l'album ne s'en porterait que mieux. 

Si les deux bémols que je viens de souligner n'en sont pas réellement à vos yeux, je n'ai qu'une chose à vous dire : foncez (comme Harlott) ! Vous allez vous régaler avec ce Proliferation ultra maîtrisé et efficace.

Tracklist de Proliferation :

01. Proliferation
02. Denature
03. Systematic Reduction
04. Restless
05. The Fading Light
06. Lord Of War
07. Civil Unrest
08. Hellbent
09. Bloodlust
10. Cross Contamination
11. Legion
12. Means To An End