Je vais te parler d'une époque, toi le jeune né dans le milieu des années 90 et après, que tu ne peux pas connaître. Une époque où, pour écouter un titre ou un album, il ne suffisait pas de cliquer sur le net, à la recherche d'un morceau sur youtube ou de télécharger (souvent gratuitement) l'album complet et choper toute la disco d'un groupe en moins de deux minutes. Non, à cette époque, pour découvrir un album ou même un morceau avant de l'acheter, il fallait être motivé.
Bref, en 1986, j'avais acheté l'album Walls Of Jericho d'Helloween et j'avais pris une méga grosse claque. Evidemment, j'ai tout de suite voulu savoir ce que le groupe avait sorti d'autre. J'ai feuilleté mes collections de Hard Rock Magazine et d'Enfer Mag et je suis tombé dans ce dernier sur la chronique (pas forcément très bonne d'ailleurs) de ce premier EP du groupe. Peu importe, il me le fallait ! Ce n'est donc que quelques semaines plus tard, en balade sur Paris (oui, je suis un provincial, je ne montais pas à Paris tous les trois jours) que j'ai cherché cet EP. Et que j'ai eu bien du mal à trouver. Mais après le passage chez plusieurs disquaires de la capitale (oui, il y en avait encore plein), je suis enfin tombé dessus (à un prix absolument pas raisonnable pour un EP mais passons... il me le fallait !).
Verdict de retour à la maison, une fois la galette vinyle posée sur la platine (bah oui, pas de CD à l'époque... en tout cas pour moi, ce n'était que le début des CD et ils étaient encore très rares) : Waouh ! Bon, vu que j'étais à fond dans Walls of Jericho à l'époque, ces cinq titres m'ont donné exactement ce que j'attendais : une musique bien speed, bien énergique et bien mélodique aussi ; un style naissant, mélange des tendances de l'époque : le Heavy Metal des Judas Priest et Iron Maiden, au sommet de leur forme, et le Speed Thrash des groupes américains qui allait bien redéfinir ce qu'allait être le Metal dans les années à venir. Avec le recul, ces cinq morceaux ne sont pas aussi géniaux bien sûr, mais quand on est fan et qu'on a attendu avec impatience d'entendre de nouveaux titres, on n'est pas forcément très objectif. Surtout que les titres en question sont loin d'être loupés quand même. Encore un peu "jeunes" évidemment, tout cela manque de maturité... mais on y trouve déjà la couleur de ce qui allait suivre. On retrouve le côté humoristique du groupe, que j'avais découvert sur le titre Gorgar notamment, sur l'intro du titre Starlight. La petite ritournelle "Happy Happy Helloween" est déjà là, on la retrouvera en version péplum pour faire tomber les murs de Jericho sur l'intro de l'album suivant. Le titre en lui même est honnête sans être exceptionnel. On pourra toujours critiquer le chant de Kai Hansen, qui est encore très perfectible à l'époque, mais vu que je connaissais déjà Walls Of Jericho et (forcément) surtout pas ce que le groupe produira après, avec un autre chanteur, je n'ai pas été choqué par ce point. D'autant que ça collait bien à la musique du groupe, un brin "anarchique" encore à l'époque (le côté foufou du speed qui lui allait bien). Le second titre, Murderer, est de mon point de vue le plus faible de l'ensemble. Warrior qui suit me plait plus et il est d'ailleurs mon titre préféré de la première face (oui, toujours en référence à la version vinyle). En tout cas, voilà trois morceaux bien rapides, avec des guitares aux avant-postes. Mais les deux morceaux les plus intéressants à mon sens se trouvent sur la face B. Victim Of Fate tout d'abord, aussi speed que ce qui précède mais avec une petite touche de subtilité en plus, avec sa partie centrale plus calme et un Kai Hansen en voix chuchotée. J'adore la dernière partie du morceau, ou une accélération intervient encore. A noter que ce titre sera réenregistré en 1988 avec le nouveau chanteur du groupe, Michael Kiske, pour la face B du single Dr Stein (en version CD, elle n'apparaissait pas sur le maxi 45 tours). Une version un peu rallongée, à mon sens bien meilleure, bien mieux produite et chantée bien sûr. Mais qui finalement montrait que cette première version était déjà très bien écrite et à laquelle il ne manquait pas grand chose pour devenir un titre énorme. Dommage qu'on l'ait si peu vue dans les setlists de concerts du groupe. Subtilité toujours avec le titre suivant, Cry For Freedom, qui nous offre une intro acoustique calme et une lente montée en puissance avant le déchainement de la tempête. Encore une fois, un morceau bien rapide mais qui sait rester mélodique. On note enfin que c'est Kai Hansen qui a composé tous les titres de cet EP, aidé par son acolyte guitariste Michael Weikath sur deux des morceaux, Starlight et Cry For Freedom. Weikath sera un peu plus prolifique sur l'album suivant et le second Keeper mais Hansen restera le compositeur principal du groupe jusqu'à son départ ; départ qui aura un impact non négligeable sur la qualité des albums qui suivront les deux Keeper, il faut bien le reconnaître.
Même si tout cela reste dans l'ensemble perfectible, cet EP offrait tout de même une belle petite carte de visite pour le groupe, qui sera confirmée et largement surpassée avec le premier album qui suivra quelques mois plus tard. Cet EP n'a jamais été réédité sous ce format en CD, il n’existe qu’en vinyle. Mais, fort heureusement, il a été ajouté au CD de Walls Of Jericho en bonus. Bref, les fans le connaissent bien et si vous n’avez encore jamais fait l’acquisition du CD de Walls Of Jericho, eh bien c’est le moment !
Tracklist de Helloween :
01. Starlight 02. Murderer 03. Warrior 04. Victim Of fate 05. Cry For Freedom
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