Artiste/Groupe:

Hemelbestormer

CD:

A Ring of Blue Light

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

Van Records

Style:

Doom Sludge Post-Rock

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Les Flamands de Hemelbestormer sortent ces jours-ci leur troisième album, A Ring of Blue Light. Si l’austérité ambiante installe comme une chape de plomb lors de la première écoute, le disque profite des réécoutes suivantes pour offrir à l’auditeur de la musicalité voire même des mélodies bien ciselées sur plusieurs titres. Sans s’éloigner trop loin de sa base doom et du son sludge imposés par les guitares, je crois pouvoir distinguer comme un souhait du groupe de proposer une musique un peu plus légère et plus joueuse. Et pour ma part, je ne peux que les encourager à s’aventurer dans cette direction, tant il me semble que les qualités techniques des musiciens sont présentes pour permettre cette migration progressive.

La construction de ce A Ring of Blue Light 100% musical, reste assez simple ; les cinquante-six minutes du disque reposent sur quatre titres de plus de dix minutes, juste entrecoupés de deux morceaux d’environ trois minutes. Cette structure et la longueur des titres ne facilite pas la première prise en main pour des auditeurs qui, comme moi, apprécient ce type musical, sans en être pour autant des fans absolus ; toutefois, en y prêtant une oreille attentive, on s’aperçoit assez vite que sous cette langueur (et longueur) relative, se cache en fait plusieurs phases distinctes qui permettent de couper les titres en sous chapitres plus digestes. Eight Billion Stars en est un bel exemple. Ce titre annonce la couleur de l’album : cela sera en une contradiction, à la fois spatial et lourd. Après son entrée en matière austère, l’arrivée d’une batterie martiale impose une première structure. La musicalité arrive vraiment après environ deux minutes. La guitare mélodique, son clair, vient apporter de la lumière. Après près de cinq minutes, de discrets synthés viennent renforcer l’atmosphère planante. La première vraie rupture se passe à six minutes dix. Plus de batterie, simplement une, puis deux guitares accompagnées par le synthé. Une pause d’un peu plus d’une minute pour nous permettre de lever la tête et d’ouvrir les yeux. L’ouverture de la seconde partie du titre impose une tonalité post rock, qui va toutefois laisser assez rapidement la place au doom lourd proposé en ouverture, un doom qui va accompagner l’auditeur jusqu’au bout. La boucle est bouclée.
Cluster est l’un des deux titres courts. Son sludge expérimental rompt non par le ton, mais plus par la forme avec ce qui précède. Le titre n’est pas aérien, il est plutôt extraterrestre.

Toward the Nebula est très intéressant. Il apporte cette fameuse musicalité, ce côté joueur, plus entrainant, plus rock qui me fait dire que le groupe pourrait, s’il le désire, s’aventurer sur des terres moins arides. La batterie et les guitares ouvrent le titre avec beaucoup de fraicheur. Le gros son, volumineux comme il se doit, revient après deux minutes, sans être pour autant aussi pesant que dans les deux titres précédents. La rythmique reste en effet largement supérieure à un titre doom. Si le morceau reprend tout de même une rythmique plus classique un peu plus tard, les guitares, elles, restent très musicales jusqu’à plus de six minutes. La rupture sludge, proche de ce qui était proposé avec Cluster, annonce une fin de titre plus sombre. Le titre s’étire d’ailleurs dans ce style doom atmosphérique jusqu’à la fin.
L’ouverture de Redshift reste dans le ton, mais avec beaucoup plus de légèreté. Même la batterie se fait discrète, fine. Le rythme est lent, presque dépressif. Les instruments finissent par mettre du volume un peu avant trois minutes, sans toutefois quitter la trame annoncée. De petites ruptures toniques viennent ponctuellement rompre une certaine monotonie. Comme pour A Ring of Blue Light, ce sont les guitares qui apportent une couche de musicalité sur le fond austère proposé par les instruments rythmiques. La rupture spatiale après huit minutes laisse un peu de repos à l’auditeur avant que les guitares, un peu plus rock pour le coup, ne reprennent le dessus. Blue Light, le second titre plus court, fait du bien. Les guitares un peu anachroniques, style Joshua Tree de U2, et la finesse du titre reposent l’âme. A Ring of Blue Light se clôt avec The Serpent Bearer. Le titre suit le même fil rouge. Lourd et spatial. Cette ambiance est renforcée par des incrustations de paroles en (très) fond. Les guitares sont plus rock et permettent d’ouvrir sur une facette un peu ethnique que le groupe n’avait pas encore exploité.

Avec son artwork réussi (et ce n’est pas parce que je suis suisse que je le dis…) et ses titres puissants, ce troisième opus de Hemelbestormer ne doit pas être sous-estimé. Il met en valeur les musiciens et permet d’entrevoir un joli futur pour peu que le groupe le désire. Le plus intéressant étant qu’il pourrait évoluer sans pour autant renier son passé post rock. Ce qui me semble être une belle promesse de pérennité.

 

Tracklist de A Ring of Blue Light :

01. Eight Billion Stars
02. Clusters
03. Towards the Nebula
04. Redshift
05. Blue Light
06. The Serpent Bearer