Après Spell Eater (un premier essai imparfait mais prometteur) et un Starbound Beast bien plus abouti, la chasseresse revient en cette fin d'été 2015 pour un troisième assaut. Au menu cette fois-ci : du heavy metal flirtant parfois (mais de moins en moins) avec le thrash mais aussi avec un hard rock plus mélodique tout en restant un poil crasseux, sur fond d'occultisme et sexualité, bien entendu. Le groupe américain est toujours mené par la sulfureuse Jill Janus et le guitariste Blake Meahl, les deux seuls survivants du line-up originel. Le batteur Tyler Meahl, le guitariste Eli Santana (tous deux de chez Holy Grail) et le bassiste Spencer Jacob (qui vient de je ne sais où) sont venus rejoindre les rangs de Huntress entre 2014 et 2015. Static a été produit par Paul Fig (qui a travaillé avec Ghost, Trivium, Alice In Chains...) et Jim Rota. Voilà pour les présentations. Allons voir maintenant ce que ce troisième opus a dans le ventre.  

Sorrow démarre très bien. L'entrée en matière est directe avec une attaque de batterie au tempo rapide, un riff de guitare acéré (entre thrash et heavy à la Judas Priest) et un petit solo de quinze secondes par-dessus le marché. En moins de quatre minutes, la compo a fait le boulot, délivrant une bonne dose d'énergie et une mélodie sympa servie par une Jill Janus en forme. Mais tout de suite, un premier petit bémol quand même : d'un côté la prod aux relents old-school est sympa, avec un son bien organique, assez naturel... mais le mix n'est pas équilibré et met la voix de Jill Janus trop en avant. D'une certaine façon, la pochette (bien moche, si vous me demandez mon avis... non ? Ok, je n'insiste pas) nous mettait en garde : la chanteuse prend beaucoup de place.

En deuxième position dans la tracklist, on trouve Flesh... et c'est plutôt bon. On sent que Huntress développe son côté catchy. C'est moins obscur et agressif que pas mal de compos présentes sur leur premier disque et creuse davantage une direction plus mélodique entamée avec leur second effort. Le propos s'est donc encore un peu plus adouci depuis la dernière fois ; ça me va mais j'espère tout de même que le reste de l'album nous réserve des pistes plus méchantes. Et c'est là que survient mon deuxième bémol car Static, dans son ensemble, confirme que la chasseresse (contrairement à ce que montre l'illustration de la jaquette) s'est coupée les ongles. Il lui en reste, rassurez-vous... elle n'est pas devenue totalement inoffensive mais, quand même, ça griffe moins.

Brian, I Want To Wanna Wake Up et Mania creusent donc un sillon moins maléfique mais surtout, et c'est bien là que se situe le problème, moins accrocheur. Pourtant, il y a de l'idée. I Want To Wanna Wake Up ne s'en sort pas si mal, grâce à un refrain qui reste en tête... mais Brian manque de force et Mania qui, de par sa surprenante pesanteur (la compo est inhabituellement lente pour du Huntress), son atmosphère sombre et un riff pas dégueu, s'annonce prometteuse dans ses premiers instants finit par ennuyer tant elle dure (pas loin de neuf minutes) et manque de variété. Il faudra donc attendre la sixième piste, Four Blood Moons, pour retrouver un titre rapide et incisif qui redonne un peu foi en l'entreprise... ça fait du bien. Static et Harsh Times On Planet Stoked sont également de bonnes compos. Le tempo est enlevé, les riffs sont accrocheurs, le groupe relève la tête... avant de subir une nouvelle petite baisse de régime avec la pas désagréable mais assez quelconque Noble Savage. Fire In My Heart permet à l'album de bien se terminer grâce (encore une fois) à un riff heavy efficace et un chant convaincant. A ce propos, une petite remarque : ceux qui trouvaient que Jill Janus en faisait trop sur les disques précédents accrocheront peut-être davantage à sa prestation, puissante, belliqueuse mais plus sobre cette fois-ci. Personnellement, je la trouve un peu moins étonnante car elle chante de la même façon sur tous les titres. Avant, c'était plus théâtral et pouvait peut-être parfois déplaire... mais, au moins, ça me semblait moins commun, plus surprenant. 

Malgré de bons moments, Static reste, en ce qui me concerne, une petite déception. Après un premier album qui révélait un potentiel alléchant, puis un deuxième plus convaincant, le troisième opus aurait dû être celui de la consécration... Et même si ce dernier a des qualités et de la personnalité, force est de constater qu'il ne réédite pas l'exploit de Starbound Beast sorti il y a deux ans, mieux produit et plus varié. Si tout l'album avait été du niveau de Sorrow, Flesh, Harsh Times On Planet Stoked ou Fire In My Heart, on aurait eu un ensemble très solide... mais quelques pistes font retomber la pression, le tout est un peu trop homogène et j'aurais aimé que la voix de Janus ne prenne pas tant le pas sur les riffs. En attendant un prochain album qui, je l'espère, rectifiera le tir, on pourra toujours prendre du plaisir à l'écoute de Static qui reste un disque honnête et agréable. Mais si c'est de l'extraordinaire que vous attendiez, il faudra aller voir ailleurs.

Tracklist de Static :

01. Sorrow
02. Flesh
03. Brian
04. I Want To Wanna Wake Up
05. Mania
06. Four Blood Moons
07. Static
08. Harsh Times On Planet Stoked
09. Noble Savage
10. Fire In My Heart