Artiste/Groupe:

Hypno5e

CD:

A Distant (Dark) Source

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Pelagic records

Style:

Metal progressif "cinématique"

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

17/20

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Si vous nous lisez régulièrement, et depuis un petit moment, vous savez qu’à la rédaction, nous sommes assez nombreux à apprécier fortement les petits Montpelliérains d’Hypno5e (attention de bien prononcer "Hypnose" et non "Hypno cinq eeuuuh"). Les deux derniers albums électriques, chroniqués sur notre site, frôlaient la perfection avec des notes de 19, et même le chef avait eu un coup de cœur pour les Ombres Errantes, magnifique BO du film éponyme made by Emmanuel Jessua. Pour ma part, je suis plutôt sensible à la partie électrique.


Mais si vous n’avez jamais eu l’occasion, ce qui est bien dommage pour vous, de vous mettre dans les oreilles leur vision alambiquée de la musique, il est temps de vous les présenter. Le quatuor se compose d’Emmanuel Jessua, chanteur/guitariste et principal compositeur du groupe, de Cédric « Gredin » Pages à la basse/chœurs, de Jonathan Maurois à la guitare et de Théo Begue à la  batterie.
La musique d’Hypno5e se veut cinématographique de par ses structures, il n’y a pas de gimmick couplet/refrain, mais également par l’inclusion de samples qui illustrent de manière différente les propos de chaque titre. Le groupe propose une musique bicéphale qui comporte des passages souvent chantés, aériens, et peut vous sortir des riffs à décorner les boucs d’une puissance totalement imparable. Le décor est posé, parlons de ce nouvel album, A Distant (Dark) Source.

Pour commencer, prenons la structure du disque : cinq titres pour onze pistes, trois d’entre elles sont découpée en trois parties « distinctes ». Sachant que chaque titre oscille entre sept et dix-huit minutes, ne vous attendez pas à du format radio bien standardisé, Hypno5e décide une fois de plus de nous envoûter et par là même de nous offrir un nouveau voyage.

C’est On The Dry Lake qui ouvre le bal, un premier sample basé sur un dialogue autour de l’idée de donner la mort, un premier riff Hypnosien à souhait, premier hurlement de M. Jessua et le voilà en terrain connu. Ce premier titre offre tout ce que le groupe fait de mieux, ambiance aérienne, rupture, harmonie, riff technique, lourd, une véritable schizophrénie musicale. Ce titre se veut assez sombre, oppressant, comme une chute sans fin. L’ambiance soutenue par des violons, assez présent sur l’ensemble de l’album, est à la fois inquiétante et magnifique. Hypno5e est bel et bien de retour et ça c’est une bonne nouvelle.

Dès le début de In The Blue Glow Of Dawn, je retrouve les cordes en soutien, des formes de valse, d’une beauté hypnotisante (oui je sais c’est facile) ; par contre, dès la deuxième partie, ce n’est pas la même musique. Certainement un des meilleurs riffs de l’album qui tranche franchement avec ce que le groupe s’était évertué à mettre en place. 

Le « mais » de cet album, ne sera pas sur la qualité intrinsèque des compositions globalement de haute volée mais sur l’équilibre délicat entre titres à rallonge, efficacité et dynamique du titre. Certes les introductions, souvent basées sur des ambiances, des samples, sans chant, invitent à la réflexion ; les conclusions qui peuvent trancher avec le reste du morceau ne sont pas là pour rallonger artificiellement les morceaux, mais il y a peut-être trop de yin par rapport au yang. Je veux dire par là que leur parenthèse acoustique n’a pas été innocente dans la manière de composer. Et l’album manque par instant de riff à tendance Gojiresque par rapport au MTV Unplugged. En particulier sur le titre éponyme qui aurait certainement gagné en efficacité avec quelques passages en moins.

Et si ça t’épate et bien c’est comme ça ! Hein, mon ZZ ! (désolé private joke..)

On Our Bed Of Soil, dont vous aurez compris rien qu’avec le titre la teneur, se veut plus enveloppant pour mieux nous asséner un des nouveaux excellent riffs sur la fin de la piste, et les bougres nous refont le coup sur la partie deux et trois.. Le terme de progressif prend alors tout son sens et c’est un nouveau voyage à vivre avec émotion et intensité. 

L’album se conclut sur un Tauca, dont la première phase au piano me transporte, chaque instrument entre dans la danse, endosse son rôle sans prendre la vedette, c’est très fin dans la construction, fait avec délicatesse et une forme de tendresse. Une fois rendu au sommet de cette montagne d’émotion, le groupe décide de partir sur un passage à la limite du Black, blasts à foison, hurlement à s’en décoller la plèvre, et un petit goût de fin du monde. Quelle meilleure conclusion ?  

Je me pose également la question de ce découpage des titres. Je ne le trouve pas franchement pertinent. Ce sont souvent les introductions ou les conclusions des morceaux qui sont qualifiées de partie une ou trois. Cela veut dire quoi ? Qu’il ne faut pas prendre le titre dans son ensemble ? C’est dire à l’auditeur que si la partie qui sert d’introduction vous gonfle, on comprend, n’hésitez pas à la passer ? Bizarre… Les titres sont longs, ça c’est une évidence mais de là à les amputer je ne saisis pas le concept. C’est comme l’album de Comity As Everything Is A Tragedy, un seul et unique titre découpé en 99 pistes, excellente idée quand votre lecteur met une pause de deux secondes entre chaque piste, très adapté à une écoute cohérente ! Ben là, ça me fait le même effet, les titres sont composés comme une seule entité, ben on les prend comme tel ou pas. C’était déjà le cas dans les albums précédents, mais vraiment, là, je trouve ce découpage limite caricatural... Bref, le monsieur, il ne comprend pas…

Pour conclure, le groupe vient de sortir une nouvelle œuvre totalement remarquable, peut-être que je ne l’ai pas encore pas assez écoutée pour en extraire le meilleur de son essence, peut-être que je n’ai pas fait complètement le deuil de l’album précédent, mais je le trouve tout de même un brin de dessous de son prédécesseur, chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre. Attention, pas de méprise, Hypno5e vient de sortir, encore une fois, un album que beaucoup d’autres groupes ne peuvent même pas imaginer. Mais au regard de leur discographie sans faille, j’attendais sans doute un 19 de plus et certainement un peu trop de ce nouvel album.

Tracklist de A Distant (Dark) Source :

01. On The Dry Lake
02. In The Blue Glow Of Dawn, pt. 1, 2 and 3
03. A Distant Dark Source, pt. 1, 2 and 3
04. On Our Bed Of Soil, pt. 1, 2 and 3
05. Tauca Part II – Nowhere

 

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