Artiste/Groupe:

I Prevail

CD:

Trauma

Date de sortie:

Mars 2019

Label:

Spinefarm

Style:

Post-Hardcore

Chroniqueur:

ced12

Note:

16/20

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En évolution constante depuis quelques années, la scène post-hardcore est assez bouillonnante et semble prolonger historiquement une scène Metalcore un peu moins inventive. Les Bring Me The Horizon, We Came As Romans et autre A Day To Remember donnent moins de nouvelles (je laisse le lecteur décider du caractère positive ou négatif de ce fait) et de nouvelles formations semblent prêtes à reprendre le flambeau, notamment aux USA où ce style semble se payer un joli succès. Un Fever 333 y récolte une belle popularité de même que I Prevail, groupe sur lequel je me suis récemment penché. Après tout, la scène Metal (au sens large) évolue sans cesse et la déflagration Korn du milieu des années 90 aura définitivement changé la face de notre musique (du moins une bonne partie). La scène néo-métal avait acté le rapprochement avec les scènes hip-hop avant d’être relayée par l’expansion metalcore du milieu de la décennie des années 2000. Depuis quelques années, c’est vers la scène post-hardcore que le lien s’est réalisé et le résultat mérite qu’on s’y intéresse quelque peu. De là à dire qu’il conviendra d’y revenir, il y a un pas qu’à titre personnel, je ne franchirai pas encore mais checkons ce cru 2019 du groupe I Prevail, nouvelle star US du genre.
Présentons brièvement le groupe qui a déjà connu quelques changements de line-up avec une section rythmique particulièrement affectée. Deux chanteurs se relaient avec Brian Burkheiser gérant les voix claires quand Eric Vanlerberghe s’occupe des parties growlées. Le rendu peut immédiatement faire penser à Linkin Park, surtout sur la forme. Parmi les influences de la formation, on peut aussi ressentir celle, plus lointaine, d’un Korn

Comme pour We Came As Romans, I Prevail vient du Michigan. Ultra-moderne, le groupe a proposé avec ce Trauma son second album après un premier Lifelines qui avait déjà permis aux Américains de se faire remarquer. Juste pour préciser, le single Breaking Down s’est hissé dans le fameux Top 10 du Billboard US en Mai 2019 et cet album Trauma a atteint la quatrième place des charts US la semaine de sa sortie. Pas mal tout de même. Mais le succès public ne valant pas toujours de belles critiques et ne signifiant pas nécessairement une réussite musicale, attaquons ce disque par son commencement. Et ça part plutôt pas mal du tout avec un Bow Dow plutôt explosif. Bon petit riff hardcore avant qu’un refrain ultra mélodique ne déboule, nous sommes sur de bonnes bases. Et là, le groupe nous prend à revers en calmant d’entrée le tempo dès la deuxième piste. Un rythme hip-hop arrive et jusqu’à la cinquième piste, on reste sur cette thématique. Dommage à mon sens mais ce disque, versatile, repart fort dès Breaking Down. Sincèrement, ça surprend et quelques interludes de ce genre reviendront en cours de disque. Les explosions hardcore, toutes réussies, n’arrivent que par surprise et après quelques écoutes de ce disque, je dois admettre que cela donne de l'impact aux passages nerveux. Dommage que ces tempos hip-hop ne soient pas trop de mon goût car on sent une véritable construction sur cet album avec une réelle logique de tracklist. C’est assez rare quand cela atteint de telles proportions.
Plus généralement, ce Trauma me laisse un peu perplexe donnant tout de même l’impression de partir dans tous les sens. Si les influences néo et metalcore se ressentent bien, le groupe propose quelque chose de plus personnel jouant vraiment la carte hip hop par instant (le phrasé notamment). Le groupe s’essaie même à la ballade à la sauce grosses guitares dans un registre typiquement US avec un Hurricane hyper catchy et bien paramétré radio US. Bon, si ce titre tourne bien, c'est bien trop formaté.
Parmi les vraies réussites de l’album, le final explosif de DOA se pose là. Tout comme Gasoline aux excellentes et très agressives lignes vocales et qui fait penser à un Linkin Park énervé. Low dégage un feeling années 80’s qui se laisse écouter avec un certain plaisir. De nouveau, l’ombre de Linkin Park plane sur ce morceau. Deadweight en fin de disque remet la marche avant et renvoie au premier titre de ce disque dans sa construction. Ultra dynamique, cette piste sort clairement du lot et son refrain est une pure pépite. C’est vraiment sur ce genre de titres qu’I Prevail se démarque et marque l'auditeur. 

Un mot sur la production. Elle est juste excellente, le son est super propre, très « américain » et donc radio US compatible. C’est nickel et le groupe dégage une certaine puissance (notamment sur les parties plus enlevés). Rien à dire, les Américains savent faire question efficacité, on ne pourra jamais leur retirer ça. Que dire au final ? Ce Trauma est un album hyper moderne dans sa forme comme dans son fond. A titre personnel, cette versatilité musicale me laisse un peu perplexe. J’ai comme l’impression que ces groupes veulent dire « nous, on écoute de tout ». En soi, pas de souci, c’est bien leur droit mais musicalement, cela donne un patchwork pas toujours évident à appréhender. Il reste de sacrés bons moments, une énergie plutôt bien restituée, de très bonnes mélodies pas sirupeuses, des refrains accrocheurs et de bonnes compos. Il conviendrait de voir en live ce que ça vaut, la multiplication des chanteurs m’ayant toujours laissé perplexe. I Prevail sera en concert le 10/03/2020 au Trianon. Avis aux amateurs. 


 

Tracklist de Trauma :

01. Bow Down
02. Paranoid
03. Everytime You Leave Me
04. Rise Above It
05. Breaking Down
06. DOA
07. Gasoline
08. Hurricane
09. Let Me Be Sad
10. Low
11. Goodbye
12. Deadweight
13. I Dont Belong Here

 

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