Artiste/Groupe:

Ieschure

CD:

The Shadow

Date de sortie:

Décembre 2017

Label:

Iron Bonehead Productions

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Mythos

Note:

14/20

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« Le Sabbat, c’est la fête, c’est le monde renversé ; il a lieu, la nuit, à minuit, l’heure où les contraires se complètent, où tout devient possible. Le Sabbat, c’est la levée des tabous, des interdictions, le moment de satisfaction des instincts refoulés. Le Sabbat c’est le retour au chaos primitif, à l’univers-magma dont les lois physiques abolies n’infligent plus, n’infligent pas encore un démenti cruel aux volontés des magiciens. Le Sabbat, c’est aussi, dans la licence complète, la fête de la fécondité et du sexe, principe de la vie qu’il faut renouveler périodiquement. » [Robert Amadou, cité par Pierre Mariel dans Le diable dans l’histoire].

Iron Bonehead Productions signe cette année une découverte intéressante, Ieschure, « one girl band » originaire de Rivne au Nord-Ouest de l’Ukraine. Avec The Shadow, Lilita Arndt produit une œuvre sombre, ensorcelée et envoûtante. Jouant parfaitement des codes sabbatiques, elle inscrit son style entre une Myrkur avec son chant alterné, et les diablesses d’Asagraum dans la pleine puissance de l’Occulte strident. The Shadow est donc à mi-chemin de ces deux approches : charme du chant clair féminin alterné avec une voix furieusement criarde. L’assemblage rappelle avec force le trip sabbatique, entre la gloire dionysiaque d’une fête à la gloire du renversement primordial, et la clairvoyance d’une jouissance sexuelle inouïe. Mystic Schizophrenia en est la plus forte incarnation dans l’album, un retour au « chaos primitif » dont parlait plus haut Robert Amadou.


Les inspirations sonores vont jusqu’au Trve Black norvégien des débuts, d’une ambiance lugubre, nappée de guitares saturées provoquant un ensorcèlement répétitif à la Burzum. Le chant de Lilita se rapproche ensuite de l’interprétation folklorique de Lindy Fay Hella dans Wardruna, cristallin et itératif, à la manière d’une ritournelle. D’autres fois, l’Ukrainienne entame une voix beaucoup plus parlée, incantatoire, conclusion ritualisée du parcours sabbatique originel. L'album s'achève sur une piste néoclassique très réussie, rappellant le style de Lisa Gerrard dans l'excellent Dead Can Dance. Une piste à pousuivre dans les prochains essais du groupe.

The Shadow dénote dans le climat actuel, Ieschure y propose un retour à l’Un-primordial, caractéristique de la démesure nietzschéenne. Le triptyque vocal illustre quant à lui une approche plus « sorcelique », et un retour au Black d’antan, simple, cru et envoûtant.


Tracklist de The Shadow :

01. Intro - Shadows From The Great Beyond
02. Eternal Wheels Of Life
03. Mystic Schizophrenia
04. Condemned To Death
05. What Waits In The End
06. Before The New Dawn Comes
07. Outro - Through The Chaos Of Voices