Ihsahn

Artiste/Groupe

Ihsahn

CD

Eremita

Date de sortie

Juin 2012

Label

Mnemosyne Productions

Style

Avant-Garde Metal

Chroniqueur

fifi59

Note fifi59

19/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Après une carrière flamboyante au sein d'Emperor, groupe culte du Black Metal Symphonique, Ihsahn s'est lancé dans une carrière solo... flamboyante.

Car oui, ses trois précédents albums, The Adversary (2006), Angl (2008) et After (2010), sont autant de merveilles, nous entraînant dans un univers sombre, complexe, technique, avec une approche unique du Metal Progressif.
Ihsahn refuse de se laisser enfermer dans des codes prédéfinis. Ainsi, quelle que soit l'appellation donnée, elle paraîtra forcément bien trop restrictive, sa musique étant en perpétuel mouvement, définitivement avant-gardiste, incroyablement diversifiée et originale, pas forcément facile d'accès mais justement, jamais on ne dira d'une de ses oeuvres : "cet album ne révolutionnera pas le Metal" ou "Cet album est peu inspiré" ou bien encore "Cet album est tellement bon qu'il aura du mal à faire mieux avec le prochain" !

Eremita, le quatrième opus d'Ihsahn, ne va pas changer la donne, loin de là !
Eremita est un aboutissement, une oeuvre superbe, un plaisir d'écoute de tous les instants... Ihsahn est encore et toujours au taquet !
Quand on sort quatre albums de ce niveau, avec une régularité qualitative impressionnante, que la richesse et l'inspiration sont aussi remarquables, on ne peut que constater l'évidence : Ihsahn fait partie des grands au sein de notre musique... j'aurais même tendance à employer le mot "génie" pour le définir !

Et pour enfoncer le clou, d'autres éléments viennent se greffer à cette constatation, histoire de bien réaliser à quel point cet album était, de toute façon, voué à la réussite !
Ihsahn (chant, guitare) s'est entouré d'un line-up haut de gamme sur Eremita. Ainsi, nous avons Tobias Ørnes Andersen (batterie, Leprous), Jørgen Munkeby (saxophone, Shining... le groupe norvégien de Jazz Metal Expérimental), Jeff Loomis (guitare, ex-Nevermore) et les chanteurs Devin Townsend (qu'on ne présente plus), Einar Solberg (Leprous) et Heidi S. Tveitan (Starofash).
Allez, une cerise de plus sur le gâteau : la production est énorme, et on constatera que le mixage est l'oeuvre de Jens Bogren (Opeth, Paradise Lost, Be'Lakor...).

Eremita s'ouvre sur Arrival et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est le début idéal pour accrocher les sens. Sombre, puissant, entêtant, technique, proposant un somptueux passage instrumental très prog, Arrival bénéficie de l'apport essentiel d'Einar qui, avec sa superbe voix claire, apporte un aspect mélodique considérable à la compo. La parfaite dualité vocaux clairs (Einar) / extrêmes (Ihsahn) est une raison supplémentaire pour être conquis par ce morceaux !
Avec The Paranoid, c'est à une approche plus Black Metal que nous avons affaire, mais je vous rappelle qu'il s'agit d'Ihsahn, pas question par conséquent d'avoir un titre allant uniquement dans cette direction, nous repartons vers ces contrées progressives mais ô combien accrocheuses grâce à cette puissance, ces aspects heavy et surtout cette technique mise au service du morceau (comme c'est le cas sur l'ensemble de l'album)... et pas le contraire...
Sur Introspection, on a une belle rencontre, propice à des moments marquants : Devin Townsend nous fait profiter de sa voix claire, en parfaite symbiose avec celle d'Ihsahn, au coeur d'une compo lourde et intense.
Le saxophone de Jørgen Munkeby est un apport important de The Eagle And The Snake, même s'il est loin d'être omniprésent, car il apporte une petite touche de folie, transcendant la portée émotionnelle de la compo, notamment symbolisée par ce chant clair intervenant au coeur de passages lancinants, désespérés, que la voix extrême d'Ihsahn vient assombrir un peu plus lors de ses interventions. On notera un magnifique solo de guitare, au sein d'un (trop court) passage très dynamique et purement progressif. 
Catharsis est un titre qui prend son temps, on ressent une profonde mélancolie qu'Ihsahn, au travers de ses
vocaux habités, nous fait ressentir, appuyé en cela par quelques interventions du saxophone ainsi que par un chant clair qui illumine quelque peu cet univers ténébreux. 
C'est à un début de folie que nous convie Something Out There, qui prend l'exact contre-pied de la compo précédente puisqu'il mise sur la rapidité, la puissance, toujours avec cette fantastique dualité voix claire / extrême, qui est décidément un apport absolument fondamental sur Eremita ! Evidemment, nous ne sommes pas constamment pied au plancher, loin de là car, dès la seconde moitié du morceau, on revient vers un rythme plus posé, avec naturellement de nouveau ces plages instrumentales si efficientes !
Avec l'instrumental Grief, c'est à un moment symphonique, naturellement sombre, auquel nous avons droit, il précède The Grave, titre particulièrement oppressant, qui nous donne l'impression que tout espoir de clarté est désormais inaccessible, sentiment renforcé par la performance de Jørgen Munkeby et le chant désespéré d'Ihsahn
Departure nous enchante avec ses aspects sympho/expérimentaux, magnifiés par un Ihsahn dont les vocaux écorchés comme jamais impressionnent... puis, brusquement, le calme, les vocaux clairs font leur apparition lors d'un passage très accessible, atmosphérique, la quiétude fait son apparition... provisoirement puisque nous repartons ensuite vers cet univers noir, impitoyable. Mais il est désormais incontestable que cette composition est celle qui nous propose le plus de sentiments contradictoires, puisque c'est ensuite Heidi qui intervient, lors d'un passage de toute beauté, au sein duquel la douceur s'invite. Mais le dernier mot est donné à la puissance, à la faveur d'une fin instrumentale imposante.

Que dire, sinon que l'on sort de cet album sonné, impressionné. Inspiration, interprétation, production... tout est parfait !
Eremita, malgré ses aspects avant-gardistes et techniques, ses géniales poussées progressives, n'est pas un album hermétique, destiné à être adoré ou détesté. C'est une oeuvre qui, certes, nécessite une acclimatation, quelques écoutes attentives, une certaine ouverture d'esprit, mais dès qu'on a décidé d'entrer dans son univers, on est définitivement conquis et on ne peut que considérer qu'Ihsahn nous gratifie d'un chef d'oeuvre, tout simplement.

Vous l'aurez compris, Eremita est un album absolument indispensable !

Tracklist de Eremita :

01. Arrival
02. The Paranoid
03. Introspection
04. The Eagle And The Snake
05. Catharsis
06. Something Out There
07. Grief
08. The Grave
09. Departure

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