Incura

Artiste/Groupe

Incura

CD

Incura

Date de sortie

Février 2014

Label

Inside Out Music

Style

Metal Progressif et Théatral

Chroniqueur

Didier

Note Didier

17/20

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C H R O N I Q U E

J'ai pris un gifle dès les premières mesures. Quelle fraicheur ! Quel originalité ! De diou ! Mais d'où est-ce qu'ils sortent ceux là ? Un coup de google (non pas un coup de gueule !) et me voilà moins bête : Incura est un groupe canadien, de Vancouver, formé en 2000, avec quatre EP au compteur, et donc, ce premier album éponyme sorti l'année dernière, mais uniquement au Canada. InsideOut Music nous permet de découvrir ce petit bijou de rock assez difficile à classer. On trouve au sein du combo Jim McLaren aux claviers, Jono Olson à la basse, Royce Whittaker à la guitare, Phil Gardner à la batterie et, retenez ce nom : Kyle Gruninger au chant. Pendant que des millions de téléspectateurs décérébrés se demandent qui sera la prochaine "Voix", le petit père Kyle nous sort un chant irréel, d'une autre planète peut-être même, et vient irradier les dix morceaux de cet album de son talent. Certains n'hésitent pas (et ça n'est pas exagéré) à le comparer à Freddie Mercury, carrément ! Et cela n'est pas surprenant, tant il transmet d'émotions au travers d'un chant hyper théâtral, qu'on adorerait voir sur scène, car à ce qu'on entend, je doute que le bougre reste caché derrière sa mèche. Il a aussi un spectre de tonalité assez impressionnant et une puissante décoiffante... en bref, Ze Chanteur. Comme il s'appuie sur des compos assez progressives, contrastées et aux signatures de temps improbables, je trouve que le tout fait penser beaucoup plus à du Coheed & Cambria qu'à du Queen. Mais pas de doute, on est bien au rayon metal. Si les compos sont complexes, le groupe est d'une précision irréprochable, chacun à son poste et délivrant un jeu recherché, complexe (sans être fatigant) et inspiré.

L'album démarre par les gros riffs de guitare de l'intro de Get The Gun, sur un fond ambiant un peu arabisant qui fait penser à Myrath. La comparaison s'arrête là. Car après une bonne minute d'intro, Kyle entre en jeu et change la physionomie du morceau. Alternance de parties au piano seul et de gros riffs. Beaucoup de contrastes, mais surtout un chant incroyable. On dirait qu'il joue dans une comédie musicale. C'est original et hyper bien fait. Des chœurs viennent encadrer le chant de Kyle. Dès ce premier morceau, on devine qu'on est tombé sur la première pépite de 2014. On retrouvera ces gros riffs qui contrastent avec ce doux piano et ce chant théâtral sur un certain nombre de morceaux. C'est la recette magique d'Incura. Par exemple sur le morceau suivant, Breath This, le chant est tout aussi extravagant, les montées en aigu son juste hallucinantes. Quelle maîtrise ! Je veux voir ce groupe en live, viiiiiitte ! Sur ce morceau, il faut aussi ajouter que le refrain est hyper accrocheur, ce qui ne gâte rien. I'm Here Waiting commence cette fois en piano et voix, toujours aussi théâtral, entre Queen (les petits breaks rappellent Bohemian Rapsody), et System Of A Down, pour le refrain par exemple. Encore une réussite totale, c'est à dire trois sur trois.  Sur le morceau suivant, Who You Are, Kyle arrive encore à nous surprendre, avec un chant très Mercuryen, des roulements de "r" à la Fish, bref, il nous fait encore un spectacle qu'on a l'impression de voir rien qu'en l'écoutant chanter. A noter un excellent break riffs rapides / piano. Si Turning Blue est un peu plus classique, Decide est une power ballade avec une chouette intro piano / voix. Beaucoup de changements de rythmes et un chant magnifique. On pense encore à du Queen sous amphétamines, c'est bien fait. Avec Incura, pas besoin de faire des monstres de solo de guitare, c'est Kyle et sa voix qui assurent les breaks ! Here To Blame est très proche de System Of A Down ou plutôt des albums solo de Serj Tankian. La même folie, des lignes de chants surprenantes, un refrain accrocheur, une grosse rythmique et des cassures de rythme font de ce morceau une tuerie de l'album. On découvre que Kyle assure aussi en hurlements. The Greatest Con (attention faux ami : "la plus grosse arnaque" et pas "le plus grand con") est un morceau plus nu metal, au chant encore assez original et un rythme assez étonnant, où le piano est mis en avant. I'd Give Anything est un bon morceau où le piano est encore primordial. Le refrain fait penser à du Coheed & Cambria, surtout par le chant de Kyle qui rappelle celui de Claudio, le chevelu chanteur guitariste de Coheed & Cambria. J'ai un souci avec le dernier morceau, Sweat Runs Cold, dont les sons du clavier dans l'intro me sont désagréables à l'écoute. Ballot car passée l'intro, c'est encore une démonstration du talent exceptionnel de ce chanteur qui passe par de nombreux états émotionnels qu'il parvient à retranscrire dans son chant. On a l'impression d'y être, avec lui.

Au final je suis totalement sous le charme d'Incura, que hier encore je ne connaissais même pas. Quel pied de découvrir de tels artistes, comme ça presque par hasard (dans leur cas, leur nom a attiré mon regard et le presskit a fait le reste). Il ne fallait pas se laisser impressionner par leurs mèches de beaux gosses, qui au final, cachaient, derrière un look de "jeunots", un groupe d'une maturité musicale assez incroyable. C'est aussi là qu'on se rend compte que non, dans le rock, tout n'a pas été dit ou fait. Que la musique se décline à l'infini pour ceux qui sont créatifs et qu'on peut être encore original dans le paysage musical actuel. Bien sûr, ça ne paye pas, mais je leur tire mon chapeau : vous pouvez être fier de votre Œuvre. Et nous, pour qu'ils aient les moyens de nous en créer de telles autres, nous savons ce qu'il nous reste à faire...



Tracklist de Incura:

01. Get The Gun
02. Breathe This
03. I’m Here Waiting
04. Who You Are
05. Turning Blue
06. Decide
07. Here To Blame
08. The Greatest Con
09. I’d Give Anything
10. Sweat runs Cold

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