Artiste/Groupe:

Iron Maiden

CD:

Somewhere In Time

Date de sortie:

1986

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Orion

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Après la pause de l'album live (qui n'en était pas tout à fait une si l'on considère la très longue tournée qu'il clôturait), Iron Maiden a repris les chemins du studio et sort en septembre 1986 son sixième album. Un album un peu différent de ce à quoi la vierge de fer nous avait habitués jusqu'alors.

Dès les premiers accords, le choc ! Des guitares avec un son de synthé. On se demande même, à la toute première écoute, s'il ne s'agit pas carrément d'un synthé. Ca y est, Iron Maiden a franchi le pas et s'essaye à d'autres sonorités. C'est amusant si l’on se rappelle que, deux ans plus tôt dans le reportage Behind The Iron Curtain (sur la tournée du World Slavery Tour dans le bloc de l’Est), Bruce Dickinson affirmait à un fan polonais qu'il était impossible de jouer du Heavy Metal avec un synthé.
Il est amusant aussi de constater que Judas Priest pour son Turbo sorti quelques mois plus tôt a eu exactement la même envie. C'est même étonnant cette même (r)évolution pour les deux groupes fer de lance du Metal britannique quasiment simultanément. Se sont-ils mis d'accord avant ? On peut tout de même constater que les deux albums ont été enregistrés au même endroit, les Compass Point Studios à Nassau, Bahamas. Ca a peut-être eu une influence.
Pourtant, si on le compare avec le Turbo de Judas, ce Somewhere In Time ne propose pas un écart si grand avec le style habituel du groupe. Oui, il y a ce son de synthé sur quelques titres, oui quelques morceaux montrent déjà la voie vers un style plus progressif qu'à l'accoutumée (Stranger In A Strange Land, Alexander The Great) mais Iron Maiden reste Iron Maiden. Les compositions sont solides et ont toujours cette "Maiden touch" reconnaissable à cent kilomètres à la ronde avec cette basse omniprésente qui mène la danse. Ce changement est plus à considérer comme une évolution naturelle du groupe. Une chose est sûre, les Anglais n'ont pas composé Somewhere In Time dans l'optique de pénétrer les charts un peu plus profondément, même si les titres sont dans l’ensemble plus mélodiques que par le passé et qu’avec le single Wasted Years, le groupe a connu un succès équivalent à Run To The Hills.
A la composition, on retrouve bien sûr le maître Steve Harris sur les morceaux les plus épiques du lot. Adrian Smith a complété le boulot et notamment écrit les deux singles de l'album. Dave Murray, qui nous offre un titre tous les trois ans, s'est fendu d'un morceau co-écrit avec Harris (Deja-Vu). Dickinson lui n'a rien écrit cette fois-ci, ses compos ayant été toutes rejetées par Harris. Peut-être a-t-il déjà commencé à les mettre de côté pour son futur album solo.
Pour la pochette, aspect toujours aussi important pour le groupe, Derek Riggs s'est encore surpassé. Autour d'un Eddie devenu mi-mort vivant, mi-machine, on trouve une multitude de références à des illustrations passées et à des titres de Maiden, ou même directement à l'histoire du groupe (comme le Ruskin' Arms, le club où ils ont commencé). Le groupe y est même représenté pour la première fois, intégré à l'oeuvre. Derek n'a pas oublié ses quelques pointes d'humour habituelles comme cette longue banderole à l'intérieur d'un magasin sur laquelle on peut lire, à l'envers, "This is a very boring painting"... Amusez-vous donc à retrouver toutes ces références, vous allez y passer un moment. Mais pour cela, mieux vaut posséder la version vinyle.

L’album débute par le titre éponyme, ce qui n’était jamais arrivé. Caught Somewhere In Time, plus précisément, déboule sur un bon rythme et rassure tout de suite car Iron Maiden n’a pas mis des synthés partout (ce que l’on pouvait craindre en écoutant l’intro) et n'a rien perdu de son agressivité. Le morceau, malgré sa longueur, servira de titre d’ouverture à la tournée qui s’ensuivit (si vous y étiez, vous vous rappelez peut-être de Dickinson arrivant sur scène avec son blouson clignotant). Le temps, un sujet un peu en fil rouge sur cet album avec plusieurs titres qui y sont liés, de près ou de loin (est-ce que l'idée d'un album concept n’était pas déjà en train de germer dans la tête de Steve Harris ?).
Wasted Years enchaîne (titre sans aucune trace de guitare synthé) et le groupe démontre une nouvelle fois sa faculté à composer des titres catchy sans se fourvoyer.
En plus du titre éponyme et de ce premier single, on retiendra surtout les longs morceaux chers à Steve Harris (on note qu’il y en a de plus en plus sur les albums du groupe) que sont Heaven Can Wait (et ses "Oh Oh Oh" à reprendre tous en chœur en live), la rapide The Loneliness Of The Long Distance Runner (l’histoire est tirée du film du même nom) et l’épique Alexander The Great. D’excellents titres, notamment ce dernier, avec ses parties progressives. Deja-Vu est sympathique mais plus classique et Sea Of Madness tient bien la route. Personnellement, j’aime moins Stranger In A Strange Land et me demande toujours comment ça se fait que ce morceau ait été choisi comme second single pour cet album. Les goûts et les couleurs…
Si Dickinson n’a rien composé, il se montre très en forme vocalement. Et Nicko McBrain réalise ici un travail admirable (de plus, le son de la batterie est excellent).

Sans atteindre, à mon avis, la qualité d’un Powerslave ou d’un The Number Of The Beast, ce Somewhere In Time est tout de même un très bon album (le préféré de certains fans) qui fait partie de l’âge d’or d’Iron Maiden (qui se terminera, toujours à mon avis, avec l’album suivant, Seventh Son Of A Seventh Son). Les petits changements dans le son du groupe n’ont finalement pas effrayé la majorité des fans et le succès du groupe ne fut pas démenti. Iron Maiden prouvait qu’il était l’un, sinon LE plus grand groupe de Metal à cette époque.

 

Tracklist de Somewhere In Time :

01. Caught Somewhere In Time
02. Wasted Years
03. Sea Of Madness
04. Heaven Can Wait
05. The Loneliness Of The Long Distance Runner
06. Stranger In A Strange Land
07. Deja-Vu
08. Alexander The Great