Artiste/Groupe:

JoDöden

CD:

Sittandes I sjon med vatten över huvudet

Date de sortie:

Octobre 2017

Label:

Nordvis Produktion

Style:

Folk Metal Avant-Gardiste

Chroniqueur:

dominique

Note:

14.5/20

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JoDöden, guitariste et bassiste des deux groupes scandinaves, Sorgeldom et Whirling, a sorti en octobre 2017 un premier album solo nommé Sittandes I sjon med vatten över huvudet. Pourquoi donc revenir quelques mois après sur cet album ? Eh bien parce que si votre webzine musical préféré, consacré aux différentes mouvances touchant de près ou de loin les styles hard rock / metal, ne s’y intéresse pas, qui donc va parler de cet OMNI, de cette expérience bizarre qu’est cet album ? Je vous l’accorde, ce n’est pas simple d’en parler, son écoute est pour le moins délicate voire déroutante et son potentiel de vente est probablement réduit à une infinitésimale partie de nos lecteurs (c’est vous dire). Mais bon, je crois sincèrement que ce travail mérite d’avoir sa petite part de lumière.

Autant le dire tout de suite, je ne connais rien au reste du travail de cet artiste. De plus je ne suis pas spécialement attiré par la mouvance black metal à laquelle il appartient. C’est donc sur un terrain vierge que la graine Sittandes I sjon med vatten över huvudet a été plantée. Sa germination a été plutôt longue à prendre. Il fait dire que l’enveloppe qui protège cette œuvre est du style hermétique. Oscillant entre guitare sèche aux accents sud-américains, metal avant-gardiste, folk hypnotique et musique de foire, le disque ne laisse pas l’auditeur s’assoir confortablement pour cueillir les fruits de son écoute. Il faut l’écouter et le réécouter pour progressivement commencer à apprécier son goût étrange.

JoDöden

Aprilvädret, le titre d’ouverture, est l’un des titres faciles à apprivoiser. Tout en guitare douce, on est très loin du metal. Fragile et épuré avec de faux airs de tango et une mélancolie légère, on apprécie les mélodies et la complexité de ses lignes de guitare. Bottenlös est le premier titre aux consonnances metal, mais sur un fond de musique de bal. Ce soit-disant black metal n’est pas présent par la lourdeur de la musique, mais bien plus par le chant guttural. C’est avant-gardiste, un foutoir destructuré et haché ; un titre totalement déstabilisant et rédhibitoire pour ceux qui ne prendront pas le temps de l’écoute. Ofördröjlig evighet propose un montage intéressant et plus facile d’approche. Facile, mais pas simple toutefois. Sa batterie et sa ligne de guitare répétitives sont hypnotiques. Savamment dosé (le titre ne dure que deux minutes vingt-sept), sa rupture plus rock fait du bien. En otillgänglig längtan porte son titre à merveille ("un désir inaccessible" en français). Tout en boucle, en répétition de mélodie de fond, ce titre plus folk a une fraicheur qui semble sans fin. C’est très imagé, comme un haïku, d’où peut-être l’impression japonisante de son écoute. Le son sale de Persiennernas portar est également un peu étrange. Je n’arrive pas à savoir si cette teinte vieille est voulue ou si elle est simplement due à une faiblesse d’enregistrement. Quoi qu’il en soit, l’extrême mélancolie du titre touche son auditeur. Réduit encore à de simples couches de guitares, il est d’une très belle musicalité.

Second OVNI du disque, Vemod fyllde tronsalen est totalement insaisissable. Sa batterie, son orgue (façon Charly Oleg), son côté hypnotique associés à une lenteur malsaine font de son ouverture quelque chose hors du temps. Une rupture sonore en milieu du titre permet d’ouvrir sur un interlude plus musical et mélodieux qui prend fin pour laisser à nouveau la place au duo orgue batterie. Etrange jusqu’au bout. Le folk médiéval de Sittandes i sjön med vatten över huvudet nous fait encore changer d’univers. C’est très calme et dissonant. Le titre prend de la modernité en début de seconde partie par l’adjonction d’une boucle de guitare sèche, puis brusquement vire à une sorte de punk metal tout en batterie et en voix. Tout ceci se termine avec une batterie en première ligne et des lignes de guitares électriques plus groove sur le fond. La voix travaillée et l’orgue quasi ecclésiastique de Sonjas Orgel rompent encore cette monotonie qui pourtant n’avait pas encore réussi à s’établir. Le duo guitare et orgue trainent sa mélancolie comme saurait le faire Björk sur certains de ses titres les plus torturés. Vinterdvala est beau. Je n’ai pas vraiment d’autres adjectifs pour décrire ce titre tout en guitare sèche. Dans un registre hors metal, le travail de JoDöden aux cordes est un plaisir. On clôt l’écoute sur le mélodieux et hypnotique Hermoðr Á Helferð (une reprise de Burzum). Une douceur, l’exemple que le beau peut naître du torturé et la promesse que la vie continuera malgré tout.

Sittandes I sjon med vatten över huvudet est une sorte de collection de chansons qui ne semblent pas avoir de réels liens entre elles. C’est triste, pas homogène pour un sou et totalement imprédictible. Le challenge de l’écoute et de l’appréciation de cet album, le rendent presque impossible à vendre. Mais franchement au final, c’est beau, étrangement cohérent et reposant.

 

Tracklist de Sittandes I sjon med vatten över huvudet :

01. Aprilvädret 
02. Bottenlös 
03. Ofördröjlig evighet 
04. En otillgänglig längtan 
05. Persiennernas portar 
06. Vemod fyllde tronsalen 
07. Sittandes i sjön med vatten över huvudet 
08. Sonjas Orgel 
09. Vinterdvala
10. Hermoðr Á Helferð (Burzum cover)