Iced Earth ne s'est pas toujours appelé ainsi. Au beau milieu des années 80, ce groupe de heavy américain s'est d'abord nommé Purgatory. Aujourd'hui, son leader Jon Schaffer s'en vient caresser le vieux fan nostalgique dans le sens du poil en proposant une réunion avec la plupart des anciens compères avec qui il avait formé Purgatory en 1985. Au programme : un EP comprenant cinq démos composées entre 85 et 87 et récemment réenregistrées avec, en plus de Schaffer, le chanteur Gene Adam (qu'on n'avait pas entendu depuis le premier album d'Iced Earth sorti en 1990), le guitariste Bill Owen, le bassiste Ruben Drake, le batteur Mark Prator... sans oublier Jim Morris qui, en plus de produire la galette avec Schaffer, vient gratouiller la six-cordes en passant.

A première vue, un coup d'oeil à la tracklist laisse penser que certains des titres présentés ici ne seront pas de véritables inédits (Dracula et Jack sont les titres de deux chansons que l'on trouve sur l'album Horror Show et Burning Oasis est celui d'une compo disponible sur Burnt Offerings) mais il s'avère que ces démos n'ont - à part leurs titres - rien en commun avec les morceaux que nous connaissons déjà. C'est marrant, puisque je viens de citer Horror Show, cet EP me rappelle vraiment - dans le concept - ce fameux album car quatre des titres qui le constituent parlent de figures plus ou moins mythiques issues de la littérature ou du cinéma d'horreur (à part Jack l'éventreur qui a bien existé, lui). In Your Dreams narre les aventures de Freddy, Dracula... bah, je crois que c'est assez clair, In Jason's Mind fait évidemment référence au fameux tueur au masque de hockey de la série des Vendredi 13, et Jack à Jack l'éventreur donc. Seul Burning Oasis, la dernière piste, sort du concept.

Venons-en maintenant à la musique. On retrouve bien le style de Schaffer, assez proche de ce qui fut proposé sur la première démo d'Iced Earth (Enter The Realm) ou l'album éponyme qui suivit, en moins speed toutefois. Voilà donc du heavy metal, plutôt mid-tempo ici, dont quelques riffs flirtent avec le thrash. Certaines influences européennes sont décelables, on pensera régulièrement à une espèce de mix associant Judas Priest, Iron Maiden mais aussi King Diamond (pour l'ambiance sombre et quelques lignes de chant de Gene Adam). Bon, vous allez trouver un peu partout sur le net des commentaires dithyrambiques de fans nostalgiques et hyper enthousiastes (probablement un peu déçus par les dernières productions de Jon Schaffer aussi) qui vont faire passer ce modeste EP pour la huitième merveille du monde... Calmons-nous, soyons raisonnable. C'est sympa. C'est une petite curiosité, un cadeau de Schaffer à ses fans, un trip nostalgique parmi les vieilles démos des débuts... Mais rien qui ne puisse - à mon sens - réellement rivaliser avec ce qu'Iced Earth sortira par la suite. Parmi les bonnes surprises, je signalerai que la voix d'Adam est nettement plus supportable qu'en 1990 (je n'ai jamais été un grand fan de sa performance sur l'album Iced Earth). Il n'est toujours pas un grand chanteur mais ça passe mieux. Les ambiances et les riffs sont sympas, la touche Schaffer est reconnaissable et l'ensemble est bien produit. On peut aussi s'amuser à retrouver quelques plans qui ont été utilisés sur des albums d'Iced Earth quelques années après que ces démos aient été composées (il y a notamment une petite minute au sein de Dracula que l'on retrouve dans la chanson Diary sur Burnt Offerings). 

Ma première réaction à l'écoute de ces chansons ne fut pas des plus enthousiastes. J'ai trouvé ça sympa mais pas spectaculaire non plus. De bonnes idées ici et là, du riff solide et une atmosphère pas dégueu... mais quelques mélodies ou refrains un peu patauds et, évidemment, un certain manque de surprise (ce qui ne peut pas être reproché à cet EP, j'en ai bien conscience, vu qu'il déterre de vieilles démos). Globalement, je reste toujours de cet avis même si, au fur et à mesure des écoutes, j'ai pris plus de plaisir qu'au départ et ne suis pas resté totalement insensible au charme de cette entreprise. Bref, ce n'est pas déplaisant mais pas bouleversant non plus. Il est cependant clair que les méga-fans d'Iced Earth ne voudront pas laisser passer cette opportunité, somme toute agréable, de se repencher sur les débuts de leur groupe fétiche même s'ils n'ont rien d'extraordinaire. 

Tracklist de Purgatory :

01. In Your Dreams
02. Dracula
03. In Jason's Mind
04. Jack 
05. Burning Oasis