Judas Priest

Artiste/Groupe

Judas Priest

CD

Killing Machine

Date de sortie

1978

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Blaster of Muppets

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C H R O N I Q U E

Quand on a commencé à s'attaquer au monument Judas Priest avec des albums parus dans les années 80, ou pire, avec le monstrueux Painkiller (1990), il n'est pas forcément aisé d'accrocher dans la foulée à leurs oeuvres sorties pendant les années 70. Je me souviens de l'étonnement (déception serait un terme plus approprié) ressenti lors de la première écoute de Stained Class, qui n'est évidemment pas un mauvais album dans l'absolu, mais pour le moins très différent de brûlots comme Defenders Of The Faith, Screaming For Vengeance ou Painkiller. Beaucoup plus rock, moins agressif, parfois un peu psyché... le Priest des débuts sonne forcément plus... 70's. Oui, c'est d'une logique imparable. Alors, si l'on s'intéresse à la première partie de la carrière de nos chers voisins britanniques, il est un album qui (à mon sens) a tendance à se démarquer des autres bien qu'il soit loin de faire l'unanimité : Killing Machine (sorti sous le titre Hell Bent For Leather aux Etats-Unis). Débarqué fin 1978, ce cinquième essai semble annoncer des lendemains qui chantent (aigu, forcément) pour le quintet anglais et amorce une évolution qui le rapproche un peu plus des oeuvres que le groupe produira au début des 80's.

Cependant, comme vous l'avez compris, ce Killing Machine n'a pas que des adorateurs. Ses détracteurs lui reprochent souvent un manque d'homogénéité et de complexité, sans oublier de mettre en avant quelques compositions faiblardes. Evidemment, comme c'est le cas sur la plupart des albums, certaines chansons sont en dessous d'autres et ce disque ne fait pas exception à la règle. En revanche, pour ce qui est de l'hétérogénéité décriée par certains, je dois dire que je ne vois pas cela comme une faiblesse mais plutôt comme une force. Killing Machine hésite entre compos heavy (mais pas n'importe lesquelles : Delivering The Goods, Hell Bent For Leather, Running Wild), et d'autres plus rock ou soft. Et puis il y a une ballade (mais là encore, il ne s'agit pas d'une compo au rabais mais de Before The Dawn, grand moment d'émotion tout en claviers, guitares et prestation vocale de haut niveau), et même une reprise de Fleetwood MacThe Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown)

Alors oui, c'est vrai, l'album n'est pas aussi metal que d'autres opus du Priest. Les compos sont plus directes, courtes (l'album dure cinq minutes de moins que Stained Class sorti quelques mois avant, et pourtant il contient deux titres de plus) et moins alambiquées. Mais là ou certains voient de la pauvreté, je vois un groupe qui tente de nouvelles choses et fait évoluer sa musique. L'album est accessible, oui, n'ayons pas peur de le dire. Il contient quelques tentatives "commerciales" plus ou moins réussies et part dans plusieurs directions. On peut condamner cela mais on peut aussi y voir une certaine forme d'audace, une prise de risque. Et puis, il y a quand même ici quelques chansons absolument imparables comme l'enlevée et incisive Hell Bent For Leather (et son superbe solo), grand classique toujours présent dans les setlists plus de trente-quatre ans après la sortie de cet album. Et Delivering The Goods, c'est du pipi de chat (pardonnez-moi l'expression) peut-être ? Quel riff ! Quel chanteur ! Notons au passage que, sur l'ensemble de Killing Machine, Rob Halford monte moins constamment dans les aigus et diversifie son chant ! J'aime bien Rock Forever et Evening Star aussi, sympas et entraînantes, malgré leur touche rock (voire pop) un peu gentillette. Tout ça me fait pardonner quelques pistes pas désagréables mais plus dispensables (Take On The World est un peu pataude, Burnin' Up pas franchement mémorable, et Evil Fantasies n'est pas un final d'anthologie non plus).

En 1978, Killing Machine est une beau condensé de ce que Judas Priest sait faire et il ouvre une porte vers l'avenir. La forte personnalité du groupe est indiscutable, son mépris des conventions et son sens de l'audace sont bien là. Ce disque a son lot de standards indémodables mais montre aussi quelques faiblesses, c'est vrai. Mais je trouve qu'il est l'album de Priest des années 70 qui vieillit le mieux et il n'est, à mes oreilles, pas plus inégal que bien d'autres oeuvres du groupe (Screaming For Vengeance et Defenders Of The Faith, souvent cités en exemple, sont des albums que j'aime énormément mais eux aussi contiennent quelques compos faiblardes). Soit, Killing Machine n'est pas LE classique de Judas. Il reste néanmoins un disque charnière, fort, imparfait mais attachant.

 

Tracklist de Killing Machine :

01. Delivering The Goods
02. Rock Forever
03. Evening Star
04. Hell Bent For Leather
05. Take On The World
06. Burnin' Up
07. The Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown)
- sur la version U.S. ou l'édition remasterisée -
08. Killing Machine
09. Running Wild
10. Before The Dawn
11. Evil Fantasies

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