Artiste/Groupe:

Judas Priest

CD:

Stained Class

Date de sortie:

1978

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Orion

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Vous le savez, le Heavy Metal est né en Grande Bretagne.
Le groupe qui incarne le Heavy, pas de doute, c’est Black Sabbath. Mais celui pour qui le mot "Metal" semble avoir été inventé, c'est Judas Priest !

C'est avec son album paru en février 1978, Stained Class, que Judas Priest franchit un cap et devient LE groupe de Metal par excellence. Adieu le logo en lettres gothiques des albums précédents, bonjour le logo métallique, tranchant, qui caractérise le groupe encore aujourd'hui. Et l'artwork ? Une tête tout en métal ! Rien que sur le visuel, difficile de faire plus metal. Reste le look des musiciens qui n’est pas encore très typé metal à l’époque mais ça va vite changer… Et là aussi, Judas Priest va lancer l’imagerie du Metal que l’on connaît tous avec cuirs, clous et chaînes. Imagerie que tous les groupes de Metal vont s'empresser de reproduire...

La musique aussi a évolué. Terminées les influences progressives présentes sur les albums précédents, cet album est le plus direct du groupe jusqu'alors. Le plus violent aussi. Le titre d'ouverture, Exciter, déboule à cent à l'heure et ouvre les portes du speed metal, tout simplement. Intro à la batterie de la nouvelle recrue, Les Binks, (on retrouvera une intro de ce type en 1990 avec Painkiller) et double pédale tout du long. Les guitares sont tranchantes, Rob Halford livre une prestation énorme. Bien sûr, le son de 1978 manque un peu de mordant et atténue la puissance du titre. On en aura un meilleur aperçu sur le live Unleashed In The East.
White Heat, Red Hot est l'un des deux morceaux (avec Heroes End) uniquement composé par Glenn Tipton. Le reste des titres étant des collaborations entre deux ou trois membres du groupe. A ce sujet, Stained Class est le seul album du groupe où tous les membres ont pris part à l'écriture, même le batteur Les Binks à qui l'on doit une partie de l’écriture du superbe Beyond The Realms Of Death. Bon refrain, superbe solo de Tipton sur ce titre et encore une grosse prestation d’Halford.
Le plus mélodique Better By You, Better Than Me, une reprise d'un titre de 1969 de Spooky Tooth, est un ajout de dernière minute, sur l'insistance du label CBS pour adoucir cet album sombre et violent avec un titre plus commercial. Ce morceau sera d'ailleurs enregistré par un autre producteur que Dennis Mackay qui n'était déjà plus disponible à ce moment. C'est donc James Guthrie qui s'y colle (le son est d’ailleurs un peu différent du reste des morceaux si vous y faites attention) et son boulot a dû plaire aux membres du groupe puisque c'est lui qui sera choisi pour enregistrer l'album suivant, Killing Machine, quelques mois plus tard. Le morceau, bien plus rapide que l'original, est sympa et il fut effectivement édité en single (le seul issu de cet album).
Stained Class (le morceau) voit encore une prestation haute en couleur de Rob Halford. Mais comment fait-il pour atteindre des notes aussi hautes ? Bon titre de nouveau, avec un gros travail au niveau des guitares. La première face du vinyle se terminait par Invader, un morceau plus léger au niveau de la rythmique, qui rappelle un peu ce que le groupe produira sur Point Of Entry. Pas essentiel.
Saints In Hell qui ouvrait la seconde face de l’album est nettement moins intense que Exciter mais reste tout à fait correct. J’aime beaucoup la partie centrale du morceau notamment.
Je passe rapidement sur Savage et Heroes End qui sont, à mon avis, les points faibles de cet album, comme il y en a parfois sur les albums du Priest.
Il y a tout de même une ballade sur ce disque. Mais quelle ballade ! Beyond The Realms Of Death, superbe morceau, sombre au niveau des paroles, au départ très soft et qui explose littéralement sur le refrain et dans la seconde partie. On a droit à deux solos énormes, le premier de Glenn, le second de KK Downing. C’est le morceau de Stained Class qui sera le plus joué en live et ça reste un de mes titres préférés du groupe, toutes périodes confondues. Il se dégage vraiment quelque chose de particulier de cette chanson, surtout en live.

Cet album fut aussi au centre de la polémique sur les messages subliminaux dans les albums de rock. Le groupe fut en effet attaqué en justice en 1990 par les familles de James Vance et Ray Belknap, deux jeunes qui s'étaient fait sauter la cervelle (l'un est mort, l'autre défiguré - il décèdera trois ans plus tard) après avoir écouté le titre Better By You, Better Than Me qui contiendrait le message subliminal "do it" ("fais-le"). On oublia juste de préciser qu'ils venaient tous les deux d'un milieu familial pas franchement sécurisant, où le beau père de l'un lui collait des coups de ceinture parce qu’il avait séché les cours quand le père de l'autre lui collait une raclée à coups de poings parce qu'il avait fumé. On se rendit vite compte lors des investigations que l'on avait affaire à des gars particulièrement instables, violents et très souvent défoncés et qui, par exemple, avaient déclaré qu’ils voulaient se procurer des armes automatiques pour pouvoir tuer plein de gens... Bref, Judas Priest responsable à cause d’un "do it" non perceptible, vraiment ?
Un procès éprouvant de plus d'un mois qui va profondément marquer le groupe et qui va aboutir tout de même à un non-lieu, la défense arrivant à prouver que le soit disant "do it" était juste une combinaison accidentelle de sons et, dans la mesure où le morceau est une reprise, difficile d'accuser le groupe de l'avoir écrit dans le but de pousser ses fans au suicide, ce qui, soit dit en passant, est totalement absurde quand on y pense : pourquoi un groupe voudrait-il supprimer tous ses fans ? Rob Halford ajoutera plus tard, non sans une pointe d’humour, que si le groupe avait la possibilité de mettre des messages subliminaux sur ses albums, ce ne serait pas pour faire disparaître ses fans mais plutôt pour les pousser à acheter plus d’albums.
Si l’histoire de ce procès vous intéresse, et si vous ne l'avez pas vu, je vous conseille de visionner le reportage Dream Deceivers : the story behind James Vance vs. Judas Priest (on le trouve sur le net).

Bien qu'il ne contienne pas que des titres inoubliables (Heroes End et Savage en tête), Stained Class est souvent considéré comme un album essentiel dans la discographie du groupe et surtout, comme un disque qui a influencé les vagues Speed et Thrash et a aussi inauguré les prémices de la NWOBHM. Rien que pour cela, il mérite de figurer parmi les albums du Priest à posséder. Un de plus !

Tracklist de Stained Class :

01. Exciter
02. White Heat, Red Hot
03. Better By You, Better Than Me
04. Stained Class
05. Invader
06. Saints In Hell
07. Savage
08. Beyond The Realms Of Death
09. Heroes End