Kalisia

Artiste/Groupe

Kalisia

Album

Cybion

Date de sortie

Mars 2009

Style

Métal Progressif

Chroniqueur

Damien

Note Damien

20/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E

Voici un disque dont vous n'avez pas finit d'entendre parler.
Qui a déjà entendu parler de Cybion ? Personne ? Je m'en doutais. Et si je levais la main ça ne serait que mensonge. Mais voilà que grâce au Parrain des portes du métal j'ai accès a un disque nommé Cybion, oeuvre d'un groupe montpelliérain nommé Kalisia. Petite recherche imposée, le groupe n'en est qu'a une démo parvenue a un au niveau de cultissisme parue le 1er novembre 1996. Une éternité donc. Le groupe a donc travaillé sans relâche, complété et affiné avec le temps ce qui s'annonce comme un truc pas banal. Petit tour sur le site, première page, l'explication du concept. Prometteur. Petite liste de guests : Angela Gossow (Arch Enemy), Paul Masvidal (Cynic, nous y reviendrons), Tom MacLean des excellents To-Mera, Ludovic Loez (Supuration, SUP, une figure de proue du vrai métal tricolore). Et même Andy Sneap, le producteur pas toujours apprécié de bon nombre de groupes du début des années 2000. Et un petit bonhomme qui commence tout juste a faire parler de lui, l'un des dieux de la scène prog imagée, Arjen Lucassen. Le parallèle commence a s'établir, des guests, un concept : un seul et unique morceau divisé en cinq sections, un esprit prog assumé et revendiqué en parallèle a une appartenance visible. Le groupe n'a pas trouvé de label, personne ne veut sortir un produit aussi complexe a vendre. La bonne blague.
Les pièces du puzzle prennent place. On a pas encore écouté la moindre seconde de ce disque que l'on sent déjà le truc pas banal et énorme a plein nez. Quatre divisions donc. Revelation, Elevation, Regression, Extinction. Tout un programme. Les interrogations sont nombreuses avant de se lancer dans l'écoute. Un disque prog composé d'un seul morceau, on a déjà tenté plusieurs fois de le faire dans le passé sans forcement y réussir (a part Beyond Twilight et son fantastique For The Love Of...). Soit. On s'attend aussi a un concept futuriste et plus extrême, a la vue des guests et des influences revendiquées (notamment Cynic, groupe culte de Death progressif technique). Va-t-on s'ennuyer ? Se lasser ? Y aura-t-il des surprises ? N'oublions pas que c'est un produit labellisé tricolore, donc de qualité. Allez, on inspire profondément, et on plonge.

Ambiance discrète, symphonie a mi chemin entre le jeu vidéo et le seigneur des anneaux, ça sent le truc épique. Des choeurs qu'Epica ne renierait pas... Et non. Perdu. Les claviers donnent la première piste. Nous ne sommes pas en terrain connu. La première pièce musicale nous peint un tableau. Son tableau. Saviez vous qu'une langage complet avait été créé pour le concept ? Oui, énorme. Le Kal que ça s'appelle. Il faudra étudier avec soin les paroles, indissociables de l'univers de ce Cybion. Musicalement, ça tiens plutôt très bien a l'oreille, cavalcade nordique a l'appui plus entendues depuis 10 ans. Les différents chants sont complémentaires et variés, entre douceur féminine, brutalité masculine, et parfois l'inverse. La première partie défile, la Revelation. La prise de conscience donc. Les plans Death sont obstrués par des passages jazzy totalement hors de propos mais intégrés a la perfection. Il fait plutôt sombre. Les choeurs reviennent, l'ambiance est à la grandiloquence. Ici, ça jouevite et plutôt excellemment bien. Les claviers sont là, intégrés a la perfection à un ensemble qui commence a couler naturellement. Ne prêtons pas attention aux noms des différentes sous parties, ça enchaine sans temps morts et c'est très bien comme ça. Fin du premier acte.

Un petit accent Folk inonde soudainement la place futuriste et nous voici partis dans des contrées lointaines. Des enchainements comme ça, saxo, jazz, dans un passage folk, on en a plus entendu depuis le gigantesque The Human Equation d'Ayreon, bien plus ambition que les autres disques de Prog. Nous voici donc en terre d'Elevation. Plus lourd, plus lent, ce début d'acte est frais. Et d'un coup d'un seul on se retrouve dans un paysage electro enchainé sur une ambiance de fin du monde, et on retombe sur les terrains de la première partie. Il y a quelque chose du The Odyssey de Symphony X, cette impression d'avoir été embarqué dans un voyage hors de toute considération temporelle. On ne parle pas de musiciens, mais de conteurs. Les plans fusent, on trouve des paroles murmurées en français, qui se glissent ça et là sans que l'on ne le réalise vraiment. Elevation spirituelle ? Peut-être mais ce n'est pas sur. Un autre type d'élévation. Et comme tout ce qui monte finit toujours par retomber on passe sans attendre a la troisième partie, a la Regression.
Un chanteur clair, qui fout les boules. Des hurlements qui nous ramènent dans le Cypher de ...And Ocean, partageant ce côté futuriste ébourifant. Le ciel devient tout a coup très noir, on nage en pleine excursion dans les pleines enneigées du Black Metal. Des lumières comme Devin Townsend sait si bien en créer viennent allumer cette sombre fureur, la fin des deux dernières étapes de la Regression est tout bonnement... indescriptible. La fin de cette troisième phase est violente et lourde, ouvrant des portes peu rassurantes sur la dernière étape, l'Extinction.
Une ultime montée en flèche vers le septième ciel, au début violente, de plus en plus prog, avec des voix claires totalement déplacées a la Textures, un piano, et enfin le paradis. Noir bien sur. Mais le paradis.

Parfait et indescriptible. C'est tout ce qui ressort de ce Cybion. Il faudra des centaines et des centaines d'écoutes pour en faire le tour, pour en saisir tout les plans, toutes les subtilités, tout le génie d'une telle oeuvre. Oeuvre ? Oui, ce n'est pas de la musique, c'est une oeuvre d'art, complexe, difficile d'accès. Une sorte de Saint Graal ultime du metal moderne, successeur d'un Biomech. Quelque chose qui n'a jamais été fait et qui ne sera sans doute jamais réitéré. Le Hall of Legends de la scène Metal sombre comptait quelques génies, Kalisia vient d'apposer son nom sur la liste de ceux qui y ont leur place sans même qu'il y ait a discuter. Arjen va ramer pour sortir mieux, Beyond Twilight va devoir mettre tout son talent pour ne pas se faire piquer sa place. Avec les sorties du Dieu Townsend cet été, 2009 s'annonce l'année décisive pour la scène extrême prog et même métal tout court, pour la survie d'un genre menacé, pour la poursuite d'un style qui est l'équivalent de la musique classique. Vive Kalisia, nouveau demi Dieu de la scène mondiale.
(Il est a noté qu'une seconde offrande existe, nommée Origins, regroupant une relecture de leur démo épuisée depuis belles lurettes qui annonçait déjà bien quelque chose de monstrueux ainsi que quatre reprises, toutes parfaites, que vous découvrirez vous même en allant acheter ce disque directement auprès du groupe, et pas en mp3 s'il vous plait, la vraie double édition que vous devez obligatoirement posséder sous peine de vous faire rigoler au nez quand vous direz que vous écoutez du métal extrême et que vous n'avez pas ce disque.