Killing Joke

Artiste/Groupe

Killing Joke

CD

Hosannas From The Basements From Hell

Date de sortie

2006

Style

Metal indus

Chroniqueur

Scum

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Voici un album dont je voulais vous parler depuis longtemps. L'un de mes albums favoris, l'un des albums que je considère comme un chef d'oeuvre intemporel. Un album culte. Et un groupe auquel tout ces qualificatifs conviennent tellement il a encore une carrière parfaite, variée et immense. Killing Joke, pas grand monde ne connait. Dommage quand l'on pense que ce groupe est plus grand qu'Iron Maiden, AC/DC, Metallica, Nirvana et Motorhead réunis. Si vos yeux viennent de s'écarquiller et que vous venez de lâcher cette chronique en jetant un "n'importe quoi" pensif, alors tant pis pour vous. Personne n'aura été plus constant, plus créatif, plus humain, plus flippant, plus indispensable que la bande à Jaz Coleman. Si Devin Townsend est sous-estimé, Killing Joke est ignoré, malgré son apport exceptionnel à la musique moderne. Si un jour vous aurez le droit à toute la discographie du groupe sur notre section Back To The Past, aujourd'hui nous allons prendre le temps de découvrir son offrande de 2006 -après donc trente-trois ans de carrière, le groupe s'étant formé en 1979-, Hosannas From The Basements Of Hell. Qu'est ce qui rend ce disque unique ?


Déjà, il y a ce titre, d'une puissance mystique rare. Il y a aussi cette pochette intriguante, hypnotisante, reproduction d'une oeuvre surréaliste de Victor Safonkin, peintre russe qui fait l'admiration de Jaz. Ensuite, il y a la production : l'exact opposé de ce qu'attendait le monde de la musique d'un album sorti il y a six ans. Une expérience fascinante qui a mené le groupe à enregistrer dans le sous-sol de l'enfer, un lieu étrange de recherches situé dans une ancienne cave à vin de Prague. Il parcourera le monde lors de l'enregistrement de ce chapitre, allant de l'Ouzbekistan à la Nouvelle Zélande en passant par Tai Pei et Beyrouth. Cet album sera universel, c'est dit. Et quasiment enregistré en une seule prise à chaque fois. Rock & Roll ? Non, Killing Joke. Et la musique ? Le son est riche, gras, ça dégueule, ça bave, ça cogne aussi. Aucune clarté, tout est sale, on n'enregistre pas dans un lieu comme ça pour une production à la Britney Spears. This Tribal Antidote est un réveil post punk, un retour aux racines. Coleman nous sert de guide, le chaos est partout, les mélodies apparaissent et disparaissent telles des fantômes dans une zone contaminée par une radiation nucléaire. On se sent bien à l'écoute de ce titre. Aucun danger, l'hypnose totale commence, impossible de suspecter ce qui va suivre. Et pourtant, prenez une semaine de vacances, vous ne reviendrez pas en ce bas monde avant un bon moment.

Décollage immédiat avec l'indicible morceau titre. C'est le morceau le plus dingue jamais écrit par Coleman & Co. Eruption de colère maitrisée, prière spirituelle déglinguée. Les cavalcades de guitares sont effrayantes de précision, la batterie bat au rythme du coeur qu'on est en train de vous arracher. "I'm not a murderer yet" (Je ne suis pas encore un meurtrier). Jaz Coleman et Geordie White, génies incontestables se transcendent, s'arrachent, et le souffle de vie incroyable qui s'échappe de ce morceau n'a d'égal que l'état végétatif dans lequel il vous laissera. Invocation, c'est le retour de l'influence orientale. La confirmation du génie de composition. La révélation de la grandeur de ce cru. Ces presque huit minutes passent comme une journée. Le voyage est somptueux, la musique est parfaite, salement bonne, hautement radioactive. Et pourtant touchante. Touchante comme Implosion, petit morceau énergique, punk dans l'esprit, qui implose réellement. Pour de vrai. Il éclabousse par sa classe et sa facilité déconcertante à vous hanter. Les guitares menacent, Coleman est le dieu des chanteurs et des gourous, Majestic rampe tel l'obscurité qui se fait sur la planète lors de l'extinction totale. Progressivement, vous êtes envoûtés. Ce n'est pas comme une drogue. Une drogue vous condamne à réclamer dès que vous êtes en manque. Là, ça vient se greffer directement dans votre tête. Le libérateur Walking With Gods avec son bruit étrange venu directement du ciel, le break électrique inattendu paumé dans le litanique Lightbringer, le tendu et suspect Judas Goat, chaque morceau de ce livre de la vie et de la mort va s'immiscer dans votre adn jusqu'à devenir partie intégrante de ce qui vous définit. Et lorsque vient le temps de la compréhension il est trop tard. Il n'y a plus qu'à remercier Killing Joke, Jaz Coleman, Geordie White, Paul Raven, Benny Calvert, qui viennent de donner un sens à votre vie.

Hosannas, c'est la déclaration de guerre du groupe au monde moderne, c'est l'ultime chef d'oeuvre, la perfection distillée sur neuf pistes, le souffle divin vaporisé sur la surface du monde via des chants d'une profondeur incommensurable, une musique quasi impénétrable. Hosannas From The Basements n'est pourtant pas le meilleur disque du groupe. Imaginez. Si cet opus est passé inaperçu à sa sortie -le monde commence seulement à réaliser-, 1990 à également vu le génie de Coleman s'exprimer via Extremities, Dirt, And Various Repressed Emotions, disque ultime de chez ultime en terme de tout. Posséder Hosannas quelque part dans sa discographie, vénérer Jaz Coleman, brûler des cierges pour que White ne s'arrête jamais, louer le repos éternel du très grand Paul Raven (que son âme repose en paix pour l'éternité, il l'a bien mérité), ce sont des comportement normaux lorsque l'on a essayé de près cette cuvée exceptionnelle. Vous êtes fâchés de voir que quelqu'un a trouvé plus grand que les grands du monde ? Killing Joke s'en fout, vous êtes contaminés par la beauté du divin.

Tracklist d'Hosannas From The Basements Of Hell :


01. This Tribal Antidote
02. Hosannas From The Basements Of Hell
03. Invocation
04. Implosion
05. Majestic
06. Walking With Gods
07. The Lightbringer
08. Judas Goat
09. Gratitude

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