Kingcrow

Artiste/Groupe

Kingcrow

CD

In Crescendo

Date de sortie

Février 2013

Label

Sensory

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Didier

Note Didier

18/20

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C H R O N I Q U E

Je vous avais déjà parlé de Kingcrow lors de la sortie de Phlegethon qui était un petit chef-d'œuvre, seulement voilà, vous ne m'avez pas cru. Les Romains ne vous avaient pas tentés, et c'est dommage car aujourd'hui ils reviennent avec un nouvel album In Crescendo, et, grosse nouvelle, partent en tournée avec Pain Of Salvation, aux USA. Alors qu'est-ce qu'on dit ? Qui c'est qui avait raison et vu venir le truc ?

Bon, laissez moi vous parler un peu de ce nouvel album. D'abord la pochette est encore magnifique, je dis ça car j'avais trouvé la précédente superbe aussi. "On s'en fout de la pochette" me crient les feignasses au fond de la classe. OK, perso je trouve qu'une belle pochette soignée ça vous met en condition, et c'est un plus. Mais bref, la production est encore une fois aux petits oignons. Ca parait évident, et pourtant la clarté, que dis-je, la cristallinité (ça existe ce mot ?) du son frappe dès les premiers instants de l'album composé de huit morceaux, pas un de moins de cinq minutes mais un, le morceau qui donne le titre à l'album, de onze minutes. Du prog quoi !

Le premier morceau, Right Before, assez pêchu, permet aux Italiens de planter le décor : rythmes changeants, riffs syncopés, superbe chant de Diego Marchesi, compositions complexes. Sur ce premier morceau, je pense un peu à Angra (le chant surtout) époque Holy Land. Rien à dire du côté du talent incontestable des musiciens que sont Ivan Nastasi et Diego Caffola aux guitares, Francesco D'Errico à la basse Cristian Della Polla aux claviers et Thundra Caffola à la batterie: La maitrise totale. Le second morceau, This Ain't Another Love Song est encore une belle pièce à géométrie variable, qui fait penser à Riverside dans certains passages et à Dream Theater dans d'autres. On commence doucement, avec la douce voix de Diego sur fond de guitare acoustique et de claviers, on monte en puissance, on implose enfin vers la moitié du morceau. Quels changements de rythme époustouflant ! Thundra, le batteur, semble avoir six bras et quatre jambes sur ce passage énorme. Les solos jouent plutôt la carte de l'émotion que celle de la virtuosité à tout prix, les chœurs (Ivan et Diego C)qui épaulent Diego sont bien dosés. Ambiance sympho teintée d'électro sur l'intro de The Hatch. Guitare acoustique, claviers, grosse basse, belle voix posée de Diego. Des chœurs s'en mêlent. On pense à Pain Of Salvation sur le style et le chant, c'est vraiment excellent, ça prend aux tripes. On a encore droit à une démonstration de signatures de temps complexes et de changements de rythmes à donner le tournis. L'enchainement solo de piano, solo de guitare est bien placé, le morceau s'anime encore, pose un riff lancinant, et repart sur le thème principal avant de finir calmement comme il avait commencé. Whaou ! Puisque la formule semble marcher, Morning Rain la reprend. Début boite-à-musiquesque (pas dans le dico, mais vous comprendrez en écoutant), et jolie ballade complexe qui fait penser à du vieux Queensrÿche. A nouveau l'émotion monte, rythmée par une excellente basse, et laisse exploser la créativité des musiciens (gros claviers, wah-wah de guitare). On se dit que ce disque est l'exemple même du truc qu'on a envie de savourer tout seul, avec un gros son (casque, bagnole, auditorium), pour en découvrir les subtilités cachées, les multiples couches. The Drowning Line, plus rentre dedans, fait immédiatement penser à Porcupine Tree, la voix un peu trafiquée sur le couplet, accentue l'effet. Le refrain s'en écarte par contre. Il se dégage du morceau un sentiment de puissance totalement maitrisée, que cela soit au niveau des guitares ou de la batterie toujours au millimètre, que de la basse monstrueuse. Quel pied ça doit être pour un chanteur comme Diego de venir poser sa voix sur une telle base. The Glass Fortress, est une magnifique composition, qui fait la part belle au piano. La mélodie est superbe, épaulée d'une bonne basse et de guitare acoustique. Une fois de plus Diego n'a plus qu'à se gaver. Le coup du mec sur le répondeur fait penser au répondeur de Dieu dans l'album Be de Pain Of Salvation. Le morceau est encore assez calme et posé, mais tout semble s'enchainer si bien, que dire ? Encore un exemple qu'un album s'écoute en entier et pas un morceau, comme ça, sorti de son contexte. Bref ici, sans même prêter attention aux paroles, on réalise que ça forme un tout, parfaitement imbriqué, façonné et pensé par des artistes faisant preuve d'une exceptionnelle maturité. Summer'97 s'ouvre sur la même recette, calme, cette fois. C'est un solo de guitare wah-wah qui nous guide au départ. Jusqu'à sa moitié, c'est un morceau un peu (trop) mou, qui finit par devenir plus fou (enfin). Par contre quand il s'affole, il devient énorme avec un batteur qui se permet des trucs monstrueux, sur une rythmique plus pêchue. Une machine ce mec ! La fin du morceau est carrément jouissive.  

On se dit que c'est excellent mais plutôt calme dans l'ensemble. Mais ça c'est avant In Crescendo le morceau épique qui donne son nom à l'album et en occupe onze bonnes minutes. Etonnant ce choix d'avoir clôturé avec un morceau aussi puissant au lieu d'ouvrir. Encore une fois, respectons ces choix artistiques, et contentons nous d'apprécier. On a droit à une première montée en puissance, subtil, avant d'attaquer un pont mené par un piano magique. Les instruments jouent littéralement avec le chant de Diego, chacun à sa place, mais au service d'un tout, des plus réussis. Le piano est omniprésent dans ce morceau, et quand il s'étend sur des gros riffs de guitare, pulsés par une batterie démente ça me file des frissons, je repense aux morceaux mythiques des vieux Pain Of Salvation (Hand Full Of Nothing). Le final est somptueux, frissons garantis, purée j'ai pas vu passer le temps !
 
Eh bien, après Phlegethon fort réussi, Kingcrow avait du pain sur la planche et pourtant ils ont fait encore mieux. Ils sont fous ces Romains ! Ils sont forts surtout, car Kingcrow vient encore de franchir une étape et avec ce In Crescendo, ils rejoignent l'élite du metal progressif mondial, tout simplement. Il me semble tout à fait justifié de les trouver dans les grands ProgFest européens et américains, ainsi qu'en première partie de Pain Of Salvation. Une belle reconnaissance de leur talent. J'attends l'étape suivante avec une totale confiance.

 

Tracklist de In Crescendo :

01. Right Before    
02. This Ain't Another Love Song    
03. The Hatch    
04. Morning Rain    
05. The Drowning Line    
06. The Glass Fortress    
07. Summer '97    
08. In Crescendo

 

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