Kino est un groupe dont j’ai entendu parler pour la première fois lors d’une de mes premières interviews pour le site en 2009, c’était celle de Pete Trewavas, le bassiste de Marillion. C’est lui qui, au téléphone et entre deux bâillements (il était crevé), parlait de ses projets parallèles, et mentionnait le fait qu’il devait bosser sur le second album de Kino, mais qu’il était à la bourre. Tu parles qu’il était à la bourre : l’album en question c’est bien celui-là, Radio Voltaire, second album du super groupe Kino, qui fait suite à Picture, sorti en … 2005 ! Treize ans entre deux albums, ça commence à faire. Kino est un projet parallèle, visiblement pas des plus prioritaires pour ses membres. Alors qui se cache derrière Kino, et pourquoi parle-t-on de super groupe ? Kino est constitué au départ de John Mitchell (chant, guitare) qui est connu pour ses autres groupes : Arena, Frost*, It Bites ou encore Lonely Robot. Il est aussi producteur et ingé son. A ses côtés depuis le début on trouve Pete Trawavas (basse), qui est le bassiste de Marillion et aussi de Transatlantic. On trouve aussi, à l’époque, John Beck (claviers) par ailleurs dans It Bites et aux côtés de Fish et Chris Maitland (batterie) qui battait aussi la mesure chez Porcupine Tree. Dans le line-up de ce nouvel album, la batterie est maintenant assurée par Craig Blundell (aussi batteur de Frost* et de Steven Wilson) et curieusement John Beck est toujours aux claviers mais seulement en invité, il n'est plus membre du groupe. Ce sont donc John et Pete qui ont composé l’intégralité des onze morceaux, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas le résultat de treize années de travail, mais celui d’un effort court et intense débuté en été 2017 par les deux compères. Pour terminer les présentation, la pochette, très réussie est de l’artiste Paul Tippett.  

Radio Voltaire commence sur un fond sonore de conversations radio. C’est un morceau mid-tempo, très beau, très mélodieux, avec de superbes parties de guitare. La voix de John Mitchell est parfaite, un peu mélancolique, capable de monter pas mal dans les aigus. L’intensité monte un peu pour Dead Club, la voix de John Mitchell se fait un peu plus cassée, les claviers de John Beck sont omniprésents avec des oppositions de sonorités frôlant la dissonance.

Difficile de ne pas penser à Asia et surtout à feu John Wetton sur Idlewild, superbe, le duo chant/piano est de toute beauté. Même remarque pour I Don’t Know Why, pour un morceau plus pop, avec pas mal de chœurs. I Won't Break So Easily Any More est une belle réussite, qui fait un peu penser à Marillion (les refrains crescendo) alors que le piano d’intro fait penser aux Who. Sur le break, on a droit à un solo de clavier assez intéressant suivi d’un autre à la guitare tout aussi inspiré. Temple Tudor est un petit bijou, guitare acoustique/piano/voix, ambiance baroque, c’est beau et bien chanté, ça incite à la contemplation. Sur Out Of Time, et après un break aux signatures de temps incongrues (on pense à Yes), Pete qui restait sobre mais présent jusqu’à maintenant, se lance dans un break/solo de basse très jazzy. Dans un créneau étonnant, loin de ses lignes habituelles, il se lâche pendant quelques mesures et régale nos oreilles. Warmth Of The Sun est un joli petit interlude de moins de deux minutes, bien chanté, il fait penser à Steven Wilson et aurait tout aussi bien pu servir d’intro à Grey Shapes On Concrete Fields dans lequel la batterie subtile et progressive de Chris est très impressionnante. On termine avec Keep The Faith, très Beatles, un peu mou du genou, et surtout avec The Silent Fighter Pilot, un morceau plus épique, qui démarre sur un bruit d’avion, un piano minimaliste et inquiétant. Là encore on pense à Steven Wilson, à la voix de John Wetton, à l’ambiance de Pain Of Salvation. C’est pour des morceaux comme ça qu’on aime le metal prog, bon dieu !

Cet album ravira les amateurs de metal prog et de rock prog. C’est un album facile d’accès, parfois assez pop, et rappelant des artistes comme Porcupine Tree, Steven Wilson ou Asia. Ceux qui avaient déjà découvert le groupe avec Picture, vous pouvez vous ruer sur celui-là, il est excellent et ne devrait en rien vous décevoir. Je vais de mon côté, me trouver ce premier album pour combler cette grossière lacune et je vous donne rendez-vous en 2031 pour le troisième album de Kino !!?

Tracklist de Radio Voltaire :

01. Radio Voltaire
02. The Dead Club
03. Idlewild
04. I Don't Know Why
05. I Won't Break So Easily Any More
06. Temple Tudor
07. Out Of Time
08. Warmth Of The Sun
09. Grey Shapes On Concrete Fields
10. Keep The Faith
11. The Silent Fighter Pilot
12. Temple Tudor (bonus track - piano mix)
13. The Dead Club (bonus track - Berlin Headquarter mix)
14. Keep The Faith (bonus track - orchestral mix)
15. The Kino Funfair (bonus track)