Artiste/Groupe:

Kiss

CD:

Crazy Nights

Date de sortie:

1987

Label:

Style:

Hard US

Chroniqueur:

Orion

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1987. Le Hard US est en plein boum. Les Bon Jovi, Mötley Crüe, Poison, Dokken font un carton sur les ondes. Un des groupes qui les a tous inspirés, Kiss, se trouve relégué un peu à la traîne, à la suite d'un album assez moyen (Asylum, 1985). Il contenait pourtant des tubes (Uh! All Night, Tears Are Falling) mais manquait de cohésion sur l'ensemble du disque, notamment à cause du manque d’investissement de Gene Simmons, plus attiré à ce moment-là par ses débuts au cinéma et par la production de groupes. Cette lacune va être réparée avec Crazy Nights. Avec cet album, Kiss se remet dans la course.

Pour la composition de Crazy Nights, Gene Simmons est encore un peu en retrait. Cela permet à Bruce Kulick surtout et à Eric Carr dans une moindre mesure d'occuper plus d'espace dans la composition. Kulick co-signe quatre titres, Carr un seul mais on sait que d'autres de ses compositions n'ont pas été retenues. Si Gene Simmons ne s'est pas totalement réinvesti dans le groupe, il co-signe tout de même de très bons morceaux tels que le mélodique Hell Or High Water (juste les paroles pour celui-ci), le bien speed No, No, No (de loin, le morceau le plus hard de ce nouvel opus) ou le sympathique Good Girl Gone Bad. Et c’est déjà largement mieux que sur Asylum où aucun des morceaux signés Gene ne laissa un souvenir impérissable. Le dernier morceau de Simmons, Thief In The Night, est en fait une reprise du morceau du même nom qu’il avait écrit pour Wendy O'Williams pour son album WOW (1984).
C’est donc Paul Stanley qui fournit encore le plus gros boulot en signant sept des onze titres de ce nouvel album. Et pas les moindres puisque les plus gros tubes de l’album sont de lui, encore une fois (c’était déjà le cas sur Asylum et Animalize). Il s’agit de Crazy Crazy Nights, Reason To Live (grosse tuerie de ballade) et Turn On The Night. Il faut dire que le Paulo a toujours su s’entourer pour la composition. On retrouve à ses côtés, une nouvelle fois, l’usine à hits Desmond Child (responsable du mégahit I Was Made For Lovin’ You, faut-il le rappeler). Il signe avec lui Bang Bang You (pas leur meilleur titre à tous les deux, ceci dit), le fameux Reason To Live et My Way (rien à voir avec la version anglaise de Comme d’habitude de notre Cloclo national). C’est ensuite avec un certain Adam Mitchell qu’il a écrit Crazy Crazy Nights, le très bon I’ll Fight Hell To Hold You et When Your Walls Come Down. Pour Turn On The Night, c’est avec Diane Warren qu’il a travaillé, une habituée de la composition de tubes, quel que soit le style musical. Sur ces morceaux, Paul Stanley démontre une fois de plus qu’il est un très bon chanteur.
Pour ce Crazy Nights, le groupe fait de nouveau appel à un producteur, les deux albums précédents ayant été autoproduits. De l'aveu du groupe, il fallait ce regard extérieur pour les booster et retrouver le chemin du succès. C’est Ron Nevison qui a été choisi (Meat Loaf, Survivor, UFO, Ozzy, Led Zeppelin…)
Le changement principal vient du son du groupe, plus propre, plus lisse, moins heavy que sur les opus précédents. On a également pas mal de synthé (notamment sur Reason To Live mais aussi sur Turn On The Night et My Way). La raison de ce changement, on la connaît évidemment : être au maximum compatible avec les passages télé et radio (les trois singles feront bien sûr chacun l’objet d’un vidéo clip). Le public veut des titres faciles à assimiler, avec des mélodies mémorisables et de gros refrains bien fédérateurs ? On va lui en donner. Kiss a souvent eu cette faculté à s’adapter aux mouvements du marché, Crazy Nights en est encore la preuve.
Et c’est clair que de ce côté-là, c’est réussi. A l’écoute de l’album, on passe d’un tube à un autre. Pas un morceau n’est à jeter (j’aime moins Bang Bang You mais ce n’est pas non plus un ratage, loin de là), les mélodies des refrains font mouche, les refrains sont à reprendre en chœur et Bruce Kulick illumine les compos de ses solos. Il faut dire qu’en le recrutant, Gene et Paul ont encore fait mouche.
Du coup, revoilà Kiss concurrençant directement les jeunots Bon Jovi ou Mötley Crüe. Tout comme un autre "ancien" qui est revenu en forme cette même année, Aerosmith. Comme quoi, il ne faut jamais enterrer trop vite de tels baroudeurs.

Crazy Nights est l'album de Kiss qui s'est le mieux vendu dans les années 80, devant Lick It Up et Animalize. Mais il marque aussi la fin de la seconde période d’or du groupe, ce fut un peu le sursaut avant la chute. L’album suivant, Hot In The Shade, sera un flop.
Mais, je vous l’ai dit plus haut, le groupe a l’art de rebondir et, au moment opportun (c’est-à-dire au creux de la vague), Gene et Paul iront rechercher Ace Frehley et Peter Criss et ressortiront les maquillages. Retour du Kiss originel. Et là, boum ! Tournée mondiale, sold out évidemment.
Des malins, je vous dis...

 

Tracklist de Crazy Nights :

01. Crazy Crazy Nights
02. I’ll Fight Hell To Hold You
03. Bang Bang You
04. No, No, No
05. Hell Or High Water
06. My Way
07. When Your Walls Come Down
08. Reason To Live
09. Good Girl Gone Bad
10. Turn On The Night
11. Thief In The Night