Kneel c’est avant tout l’histoire d’un homme, Pedro Mau (ex-Kneeldown, Wells Valley), qui décide de faire son propre projet. Il décide de nous montrer ce qu’il sait faire en tant que batteur mais également en tant que bassiste, guitariste, producteur et mixeur. Seul le chant, ainsi que les paroles, sont confiés à Filipe Correia (Wells Valley, Concealment), un peu à la manière d’un Carnival In Coal... un musicien et un chanteur, ni plus, ni moins. Enfin, ils ont bien invité deux potes, Pedro Lopes et David Jerónimo, à venir faire les chœurs sur le titre Sovereignty, mais nous sommes bien sur une composition en duo avec chacun son rôle. Ce concept assez rare laisse présager d’un projet assez personnel.
Et cela se vérifie assez vite, puisqu'Interstice est à la croisée de pas mal de genres, et navigue à vue tout au long de la grosse demi-heure que représente l’album. La musique se veut lourde, oppressante par moment, et surtout déstabilisante. Elle ne possède ni refrains fédérateurs, ni formules toutes faites, mais des rythmiques atypiques, des dissonances mélodieuses et des gros riffs qui tachent. Le tout peut être placé sous la bannière du Hardcore moderne, entre Thrash, Djent et Mathcore.
Murmurs ouvre le bal, tout au long de ce titre, les propositions faites par Kneel sont variées, puissantes, et avec en guise de conclusion un riff qui donne la sensation d'une véritable descente aux enfers. On trouve sur cet album une volonté de donner une teinte particulière à chaque titre : Amend est hardcore à souhait, Occlusion propose un mathcore particulièrement bien exécuté… Ce qui fait de cet album un concentré multiforme des styles en –core. C’est l’atout principal de cet album, chaque titre est une part de genre.
Quant au chant, il complète l’aspect brut de la production. Sans être dans une agression frontale et violente, son aspect pitbull et sans aucune forme de compromis est appréciable. Le scream proposé est totalement en phase avec les compositions. Il pose ses tripes sur la table et rajoute en motivation. Le rouleau compresseur est prêt à tout arracher, le début de Lessening est là pour en témoigner.
On sent tout de même dans la manière de composer de Pedro qu’il est bel et bien batteur initialement. C’est clairement l’instrument qu’il maitrise le plus. De plus, la structure des compositions fait la part belle aux rythmiques qui sont certes intéressantes mais qui peuvent lasser car il peut y avoir une tendance à répéter parfois les mêmes riffs, idem pour les structures X4, X2, X4… Certains passages auraient certainement gagné en efficacité s'ils avaient été un peu moins répétés.
Ceci étant Interstice reste un album ambitieux et d’une qualité évidente. Il ne révolutionne pas le genre mais lui rend clairement hommage avec classe et panache.
Tracklist de Interstice :
01. Murmurs 02. Amend 03. Occlusion 04. Lessening 05. Absence 06. Cloak 07. Debris 08. Thrall 09. Sovereignty
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