Artiste/Groupe:

Korn

CD:

The Serenity Of Suffering

Date de sortie:

Octobre 2016

Label:

Roadrunner Records

Style:

Néo-Kornien

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

15/20

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Korn en 2016. Que peut on encore attendre de ce groupe avec ce nouvel opus The Serenity of Suffering ? Tout d'abord, il faut bien reconnaitre que c'est un des rares groupes à avoir toujours essayé d'évoluer, même si les albums sont plus ou moins bien accueillis, même si les fans de la base ne se retrouvent pas dans les nouvelles productions, même s'il est possible de les perdre au passage. Je ne reviendrai pas sur les premiers excellents albums qui ont fait de Korn une icone des années 90/2000 et qui ont permis au gang de Bakersfield de s'imposer comme un groupe en avance sur son époque. Puis il y a eu les années plus discutables, avec quelques changements de line-up, perdant ainsi l'excellent batteur qu'était David Silvera, ainsi que leur guitariste Head, Korn a avancé envers et contre tous. Le groupe continue à expérimenter et sort The Path Of Totality totalement dans l'air du temps mais totalement déstabilisant. Puis c'est le retour du fils prodigue en 2013 et Korn pond The Paradigm Shift, qui, bien que plutôt bien accueilli par la critique, m'avait franchement laissé sur ma faim. 

Donc Korn version 2016 ? Déjà beaucoup de teasing car les morceaux qui ont été mis sur la toile bien en amont de la sortie de l'album nous donnent déjà une couleur franche de ce dernier. Tout commence par Insane, titre Kornien à souhait. C'est un titre qui mixe assez justement des passages chantés et plus rentre-dedans, accompagnés d'un riff principal bien bas du front. Entendez par là que si vous êtes sensible au groupe, ce riff vous mettra en mode headbanging quasi automatiquement et avec plaisir ! Jonathan Davis est en grande forme vocalement avec des growls puissants et assez remarquables. L'animal jongle entre ses différentes ambiances pour une prestation vocale impressionnante, qui confirme les progrès que j'avais ressentis sur des live récents. Mais également sur un clip qui illustre parfaitement l'ambiance glauque qui se dégage de cette introduction.

Second titre : Rotting In Vain, introduction avec des machines auxquelles viennent s'ajouter les notes aiguës de Head qui a toujours amené ce plus à Korn. Le titre est plus aéré malgré, là également, un riff principal bien bas du front (ça va, vous avez compris le concept ?), mais ce qui fait sa particularité, c'est un pont qui inclut Twist dans la chanson. Bon, j'exagére un peu mais ça fait son effet, d'autant plus à mon coeur de vieux metalleux qui retrouve ses vingt ans.

Bon, à cet instant de l'album, pas de surprise, j'avais déjà entendu ces titres sur le net, et c'est exactement ce qui m'a motivé à vouloir le chroniquer. Et c'est là que je commence à avoir des sueurs car le titre qui suit, Black is The Soul, sent le tube radio à fond. Je trouve ce titre limite léger et atmosphérique, un comble pour Korn ! Et ce n'est pas un semblant de growl au milieu du titre qui ne m'enlèvera ce sentiment. 

C'est au final ce sentiment de ne pas savoir comment se placer dans la composition de cette galette qui me gêne le plus, des titres comme A Different World, dont l'apport de Corey Tailor est au final assez anecdotique, Take Me ou bien encore Please Comme For Me (avec un riff ressemblant à Toughless mais l'autoplagiat est permis par la loi) sont des morceaux efficaces qui regroupent ce que font de mieux la paire Munky et Head (guitares), quitte à remettre le gaz sous la cocotte. En revanche, je trouve que la paire Fieldy (Basse) et Ray Luzier ne fait pas forcément des miracles. Je trouve qu'il est dommage qu'un tel bassiste ne soit pas accompagné d'un meilleur batteur ou du moins un batteur plus inspirant et moins “scolaire”. Cet excellent bassiste a quand même composé avec Silvera des titres qui ont ensuite été joués par Bozzio et Jordisson, il y a plus dégueulasse comme casting. Je trouve, M. Luzier, que malgré votre niveau technique remarquable, en terme de composition, la comparaison avec le batteur original n'est pas flatteuse pour vous.

A contrario, des morceaux comme The Hating ou Die Yet Another Night ont une tendance à être trop aériens à mon goût. Non pas que ces morceaux soient mauvais, car intrinsèquement c'est un album facile et agréable à écouter, mais il manque d'un bon coup de boutoir qui écrase tout et qui fait le charme de ce groupe.

En conclusion, Korn fait du Korn (merci Jean Mich') et le fait bien. Cet album est une sorte de synthèse de leurs vingt ans de carrière. Cette fois-ci, Korn n'a pas expérimenté, n'a pas essayé, est resté dans son créneau de “base” et le fait bien. La durée doit également sauver la qualité car quelques titres de plus (comme sur la version Deluxe) serait peut-être de trop. "Quarante-cinq minutes, c'est de l'arnaque pour un disque" avait dit Jonathan Davis au moment de la sortie de See You On The Other Side, celui-ci en fait quarante et je pense sincèrement que c'est suffisant. En tout cas, si vous avez été, à un quelconque moment, sensible à ce que le groupe propose, vous trouverez forcément de l'intérêt à The Serenity Of Suffering.

 

Tracklist de The Serenity Of Suffering:

01. Insane
02. Rotting In Vain
03. Black Is The Soul
04. The Hating
05. A Different World (feat Corey Taylor)
06. Take Me
07. Everything Falls Apart 
08. Die Yet Another Night 
09. When You're Not There
10. Next In Line
11. Please Come For Me