Artiste/Groupe:

Laceration

CD:

Remnants

Date de sortie:

Février 2019

Label:

Unspeakable Axe Records

Style:

Death Metal

Chroniqueur:

JimBou

Note:

14/20

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Laceration - Remnants ou le rejet du néant.

Si le monde du Metal doit quelque chose à la Californie et sa fameuse Bay Area, c'est bien l'avènement du Thrash Metal au début des années 80. Et si l'endroit est aujourd'hui devenu mythique, c'est parce qu'il a vu naître et s'envoler de grands noms tels que Metallica, Exodus ou encore Testament, pour ne citer qu'eux. Avec le temps, ces groupes qui ont plus que rempli leurs rôles d'émissaires ont passé le témoin à d'autres pour qu'ils continuent d'émerger de ce puits intarissable, qu'ils fourmillent dans la masse ou s'en extirpent. Parmi eux figure Laceration, groupe de Thrash/Death aux sonorités Old-School, formé en 2006.

Du haut de ce nom aussi significatif que conventionnel, dont les homonymes pullulent à droite et à gauche, culminaient jusqu'alors seulement deux petits EP (Consumming Reality en 2009 et Realms of the Unconscious en 2010), suivis d'un split en 2013 avec Trinitus, produit faute de moyens financiers. De ce dernier résultera d'ailleurs la séparation du groupe dans les mois qui suivirent et ce malgré bon nombre de critiques élogieuses au sein de la communauté indépendante. Mais, coup de théâtre en 2018 : alors que la mémoire du groupe sombrait peu à peu dans chroniques obscures de la Bay Area, le groupe renaît de ses cendres sous l'impulsion de deux de ses membres fondateurs du nom de Luke Cazares (guitare) et Corey Toleu (basse).

Un revers a priori mûrement réfléchi, puisqu'en plus d'avoir recruté deux nouveaux membres pour l'occasion, à savoir Donnie Small (guitare) et Mike Simon (batterie), le groupe s'est permis de faire du neuf avec du vieux, en recyclant l'ensemble de sa discographie dans un opus intitulé Remnants. Hasard ou non, les dix pistes qui avoisinent les cinquante minutes épousent parfaitement le format d'un LP standard pour un album-compilation en bonne et due forme. Une peau neuve en quelque sorte pour ce petit groupe qu'est Laceration, qui pour la première fois depuis longtemps, peut rêver de grandeur grâce à cette nouvelle visibilité appuyée par leur entrée chez Unspeakable Axe Records, un label certes transitoire mais qui pourrait être synonyme de tremplin. Car tout ceci n'a d'autre but que de mettre en lumière le groupe avant la parution imminente de son premier album à titre officiel.

Le contenu de Remnants quant à lui, bien qu'il soit issu de trois réalisations différentes, sonne relativement homogène dans son ensemble, si l'on ferme les yeux sur les écarts de moyens de production relatifs. Et même si de légères évolutions, tantôt mélodiques ou décalées peuvent se faire ressentir au fil des écoutes et à travers les morceaux, les orientations Thrash et Death y resteront prépondérantes dans un style pur. Ce qui frappera tout auditeur au premier plan, c'est cette sonorité Old School qui pourrait laisser croire que l'album sort tout droit de la fin des années 80. Et c'est justement ce qui donne un charme tout particulier à cette compilation dont les influences, aussi diverses que variées, rappellent les heures de gloire de nombreux groupes qui ont depuis longtemps abandonnés ce genre de mise en forme. On y retrouvera donc des morceaux comme Hobo With A Shotgun ou Bred To Consume, dont la cadence de riffs infernale, ponctuée de variations mélodiques et de solos masturbatoires en tous genres, évoquera les premières heures du groupe Death avant qu'il ne s'égare dans des méandres plus progressifs. En revanche, d'autres morceaux tels que Realms of the Unconscious ou Self Deprivation, d'orientation plus Thrash, voire à tendance Heavy, reprendront le flambeau de l'inextricable Overkill, du temps de Years of Decay, en 1989. De telles influences ne laisseront donc aucune place au chant clair car l'exercice de style, purement guttural, sera respecté en long et en large. Et que dire de la batterie, si ce n'est qu'elle respecte parfaitement son rôle de marteleuse, au même titre que la basse qui, une fois de temps en temps et l'espace de quelques secondes, s'aventure seule en dehors de ses sentiers battus pour apporter une note de fraîcheur entre deux riffs.

De manière générale, nous retiendrons un ensemble de titres assez bien aboutis parmi lesquels se distinguent Exhausted in Form et Realms Of The Unconscious, qui à elles seules déploient la palette entière du groupe aux moyens de ce dont il est capable et ce sur quoi il devrait idéalement se pencher à l'avenir. D'autres morceaux comme Shadows Of Existence, au profil très Thrash, seront une pure régalade pour les amateurs du genre avec ces changements de tempo millimétrés et ces innombrables salves de riffs aussi simples qu'efficaces. Les quatre dernières pistes de l'album, quant à elles, bien qu'elles respectent le cahier des charges d'une tracklist infatigable, souffrent parfois d'une production trop sommaire en dépit des bonnes idées qui traînent par-ci, par-là. Ces dernières, issues du premier EP, mettent en avant la plus nette évolution du groupe en terme de production. On y retrouve par ailleurs ladite Shadows Of Existence dans sa forme originelle dont les contours s'avèrent bien moins appétissants que sa petite sœur. 

En définitive, si Laceration débarque sur le ring avec un écriteau d'outsider collé en plein milieu du front, il n'en reste pas moins très prometteur. Son premier album, attendu très prochainement, devra néanmoins rehausser un petit peu le niveau pour lui donner la chance qu'il mérite de se faire un nom. Le rendez-vous est donc pris pour ce groupe bourré de talent et qui, par le biais de son énergie démentielle, a su réunir jusqu'ici les bons ingrédients et qui n'a plus qu'à trouver la bonne recette pour nous enivrer définitivement de plaisir.

 

Tracklist de Remnants : 

01. Realms Of The Unconscious
02. Self Deprivation
03. Shadows Of Existence
04. Exhausted In Form
05. Bred To Consume
06. Hobo With A Shotgun
07. Critical Biopsy
08. Arise Within
09. Taphephobia
10. Shadows Of Existence

 

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