Artiste/Groupe:

Lacrimas Profundere

CD:

Bleeding the Stars

Date de sortie:

Juillet 2019

Label:

Steamhammer / Oblivion SPV

Style:

Metal doom-gothique

Chroniqueur:

dominique

Note:

17/20

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Peut-on pardonner à un groupe deux décennies d’errance musicale ? C’est une bonne question lorsque l’on choisit de chroniquer un groupe qui, malgré une production de douze albums, n’en a eu que deux chroniqués sur votre site préféré ; surtout si l’on considère que ces deux chroniques se sont soldées par des appréciations très, mais alors très mauvaises. Et bien croyez-le ou non, Bleeding the Stars est la preuve matérielle qu’une bonne purge et un retour aux fondamentaux peut faire du bien. Merci docteur ! Comme Lacrimas Profundere nous l’annonce dans sa promo, le groupe revient avec un nouveau line-up et de nouvelles inspirations ancrées dans les racines musicales du groupe. Le résultat c’est un bel album doom-gothique, qui puise d’autres influences dans le death épique et le rock alternatif. Un coup de cœur pour finir un été délicat musicalement.

En fait, tout est dit. Je peux m’arrêter là. Les clés de cette réussite, c’est un line-up dépoussiéré et le retour aux sources. Le coup de génie, c’est d’avoir attiré une jeune pépite au chant. Julian Larre, c’est ce qui manque à beaucoup de groupe : une voix multipliée par dix grâce aux tonalités que le chanteur peut proposer. Avec le retour d’un vrai batteur (Dominik Scholz) et la mise en retrait, mais pas la disparition, des frères Schmid, membres fondateurs du groupe, on doit plus écouter ce Bleeding the Stars comme le premier opus d’un nouveau groupe que comme le douzième d’un groupe existant. Le second bon choix, c’est d’être revenu à des fondamentaux que l’on maitrise. Je n’ai pas tout écouté de la production de Lacrimas Profundere, mais ce que je sais, c’est que le dernier album qui avait éveillé de l’intérêt chez les chroniqueurs metal était Burning : A Wish en 2001. Celui-ci était plus doom et moins joueur que Bleeding the Stars, mais si on les écoute, on remarque rapidement que les deux albums sont faits du même bois. Les quarante minutes d’écoute de Bleeding the Stars vont donc être gobées sans peine et avec le désir de réécouter l’album au plus vite, ce qui est toujours un bon signe.
L’ouverture du LP ne se fait pourtant pas avec le titre le plus abordable. Toutefois, I Knew And Will Forever Know permet d’entrée de comprendre les ajustements que le groupe a faits. Les lignes vocales, le rythme et le son épuré éveillent les papilles de l’auditeur. Le vrai cœur de l’album s’ouvre dès le bon Celestite Woman. Les tonalités de voix de Julian font merveille. Le titre est court et très facile à adopter. Son refrain reste vite dans la tête et les lignes de cordes sont présentes, mais sans en faire trop. Kingdom Solicitude est un hit en puissance. D’une mixité surprenante (incrustation de violon et ligne de voix gutturale), sa rythmique et son côté joueur le rendent immédiatement attractif. Mother of Doom porte bien son nom. L’atmosphère sombre proposée est réhaussée parfaitement par un refrain où la voix de Julian fait encore merveille. A noter aussi le travail sobre mais efficace de Dominik Scholz à la batterie ; c’est juste et parfaitement maitrisé. Father of Fate n’est peut-être pas le meilleur titre, mais c’est clairement un hit potentiel. Son tempo rapide et ses ruptures pourraient lui laisser une place plus visible en radio. Un autre bel exemple des qualités vocales de Julian est l’excellent Like Screams in Empty Hall. Le titre est à la fois lourd et entrainant, doom et rock. Sombre et jouissif.

The Reaper commence sur trois notes légères de piano avant de devenir épique et volumineux. Ici encore les refrains chantés ciblent l’auditeur qui se laisse attirer irrémédiablement dans les filets du groupe. Un titre de scène. After all Those Infinities est un peu en retrait selon moi. Son tempo rapide et une attitude un peu trop simpliste ne me touchent pas. Mais cela ne dure pas. Le duo de clôture, A Sip Of Multiverse et A Sleeping Throne, est parfait. Le premier tout en rupture rythmique et en incrustations sonores (d’ailleurs le groupe s’annonce comme un trio, mais vu l’importance des sons électro et de la basse, il va falloir rameuter du monde sur scène…) bénéficie également d’un bon riff d’Oliver Nikolas Schmid. Le second, plus progressif et épique dans sa rythmique ferait un excellent générique de série TV. Il permet de conclure de manière efficace un très bon album.

Dans la lignée de l’excellent No Need to Reason de Kontinuum, mais aussi du dernier Black Book Lodge ou encore du récent Artifacts de Mother of Millions, Bleeding the Stars est une réussite. Dans sa nouvelle formation, et avec toujours le support de Christopher Schmid à l’écriture, il se pourrait bien que Lacrimas Profundere profite d’une nouvelle vie. En tout cas, ce nouvel album nous donne le droit de l’espérer.

 

Tracklist de Bleeding the Stars :

01. I Knew And Will Forever Know 
02. Celestite Woman 
03. The Kingdom Solicitude 
04. Mother Of Doom 
05. Father Of Fate 
06. Like Screams In Empty Halls 
07. The Reaper 
08. After All Those Infinities 
09. A Sip Of Multiverse
10. A Sleeping Throne

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