Artiste/Groupe:

Lag I Run

CD:

Vagrant Sleepers

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Klonosphere

Style:

Avant-Garde Metal

Chroniqueur:

Didier

Note:

17.5/20

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En voilà un d'OMNI (Object Musical Non Identifié) et même un sacré beau spécimen. Lag I Run, c'est le nom du groupe et il est français, de la région de Toulon. Cet album au titre tout aussi mystérieux que le nom du groupe est leur second opus après Sunlight Scars sorti en 2010. Donc presque dix ans entre deux albums, on peut dire que le groupe a pris son temps. Le leader du groupe est son guitariste, chanteur et compositeur Nay Windhead. A ses côtés, on trouve Fred Schneider à la basse, Volodia Brice à la batterie et Krys Joé aux claviers et au chant. Le style du groupe est tout simplement impossible à définir. C'est un truc entre metal progressif, fusion, sacrément barré et peut-être qu'on devrait tout simplement dire avant-garde. Imaginez une feuille sur laquelle vous tracez l'intersection entre Devin Townsend, Queen, 6:33... ah merde ça se croise pas... eh ben voilà, c'est ce que je disais.  

Bon, restons calme et essayons d'analyser tout ça. Première chose, la prod est excellente, du lourd même. Deuxième chose, la voix de Nay est superbe, son anglais est parfait. Troisième chose, la créativité déborde par tous les pores sur l'ensemble de cet album et les compositions sont ciselées avec une précision d’orfèvre et on est sans arrêt pris à contre-pied par les choix judicieux et le talent des musiciens. 

L'album alterne morceaux fleuves de plus de sept minutes (dont un de quinze qui clôture l'album) avec des morceaux "normaux" pour au final onze titres variés et soixante-neuf minutes de kif. On attaque avec l'intro mystérieuse et électronique de Thirteen (on avait déjà eu droit à ce type d'intro dans le premier album). Quand, finalement, ça explose, ça sonne assez metal prog avec de gros riffs travaillés, la belle voix de Nay et des chœurs très Queen-esque. Alternance de petits breaks électro et de passages très riffés quasi djent. Les voix surprennent, sacré boulot autant dans le lead que les chœurs. La compo aussi surprend, en nous plongeant dans ces alternances géniales qui nous font perdre complétement pied. Pour Nurble Mäs, on part sur quelque chose de plus classique, presque pop, le chant me fait penser aux Danois de Dizzy Mizz Lizzy, les chœurs sont encore omni-présents notamment sur le refrain où ils répondent à Nay. Le morceau morphe en hard rock à la Extreme, avec Nay dans le rôle de Nuno, très à l'aise dans ses solos, pour finir sur un délire de chœurs qui rappelle Devin Townsend. Pour Dirty Napkins, on part sur quelque chose de plus prog, avec un thème de guitare en tapping et un chant très mélodieux, toujours épaulé par des chœurs magnifiques et un bon travail basse/batterie.

On est pas sorti de nos surprises avec cet album et c'est pas We're Coming Outside qui va me contredire : riff saccadé parfait, groove de dingue, chœurs, puis break presque jazzy, petites touches d'électro. La totale ! L'intro de Caught In The Rainbow va aussi en surprendre plus d'un, avec son piano classique. Le morceau est ensuite plus prog, avec un bon groove accentué par un effet wah-wah sur la guitare et des breaks hystériques, il se termine en apothéose par un petit bout de chant mélodique superbe. Jardin Français est un petit moment de calme minimaliste, chanté par la belle voix de Nay passée à travers des effets et des nappes de sons électroniques. Quand ça démarre un peu, on pense un peu à Leprous, il faut dire que le chant de Nay surprend encore. Prowling est un morceau assez étonnant, rapide, atypique par sa ligne de chant et sa batterie complexe. On est aussi très surpris d'y trouver un break de saxo hystérico-jazzy et encore un passage de chant très Queen ou les chœurs et Nay s'interpellent. Surprenant encore ce To The Moon, minimaliste sur fond d'électro ; j'accroche un peu moins, même si le chant de Nay est encore très beau. Par contre, Muscle Muscles, le morceau le plus court de l'album, est une véritable tuerie. Ca fait penser encore à du Devin Townsend croisé avec les furieux de 6:33. Ca blast, ça assure au niveau chant et aux riffs monstrueux. J'adore ce titre !

 

 

L'album se termine avec les deux morceaux les plus longs. D'abord Someone, un joli morceau très mélodieux, plutôt typé metal prog, variant parties riffées et petits break inspirés, le final est encore chanté à la Devin Townsend. Enfin, pour finir en beauté, The Isle, le morceau épique par excellence avec ses plus de quinze minutes au compteur. Enfin, pas tout à fait, j'y reviendrai. Le chant de Nay est encore magnifique, les chœurs encore très présents et bien en place. Je ne suis pas trop fan du son de xylophone de l'intro, mais je m'y suis fait. Le morceau alterne encore des passages variés dans lesquelles les chœurs et Nay se répondent. Il y a aussi un petit break de riffs ultra rapides franchement bluffant. Il y aurait eu de quoi en faire un morceau, mais avec Lag I Run c'est juste un break de quelques secondes dans un morceau fleuve. Incroyable ! La fin du morceau est curieuse puisque on termine avec environ deux minutes de chant liturgique suivi d'une minute de vide. Comme s'il fallait une période d'adaptation pour sortir indemne d'un tel album. Curieux quand même.  

J'ai pris une belle gifle, une des plus violentes de 2019 sans aucun doute. Et en plus, j'ai aimé ça ! J'ai dû écouter cet album, sans vous mentir, une trentaine de fois pour être capable de vous le décrire. Et encore, je crois qu'il est impossible de transcrire avec des mots les sensations transmises par cet album. Niveau de créativité maximum, totale réussite. Vous aimez les surprises ? Vous possédez une ouverture d'esprit hors du commun ? Foncez !

 

Tracklist de Vagrant Sleepers :

01. Thirteen
02. Nurble Mäs
03. Dirty Napkins
04. We're Coming Outside
05. Caught In The Rainbow
06. Jardin Français
07. Prowling
08. To The Moon
09. Muscle Muscles
10. Someone
11. The Isle 

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