Artiste/Groupe:

Leprous

CD:

Malina

Date de sortie:

Août 2017

Label:

InsideOut Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Deicide5000

Note:

18/20

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Repérez très vite cet album car il sort le 25 août 2017 via InsideOut Music et même s’il y a peu de chances qu’il y ait rupture de stock (c’est assez sélectif), ne vous laissez pas avoir par excès de confiance, vous pourriez le regretter.

Leprous, ce sont des Norvégiens qui ne font pas du black metal. Il en fallait bien ! Leprous fait partie de ces groupes qui ont fait le tour du monde pour défendre un album, The Congregation, sorti en 2015. Voici donc leur cinquième album (déjà !).

J’ai découvert Leprous en live alors qu’ils ouvraient pour Devin Townsend Project à Bordeaux. Je ne me suis pas déclaré fan du chant, étant plus fan du genre plus sévèrement burné mais j’avais apprécié néanmoins la performance. C’est le batteur (comme assez souvent pour moi) qui m’avait assis. En effet, Baard Kolstad conserve l’oreille de son public en enrichissant ses parties sans céder à l’over-abondance de certains, à coups de ghost notes, d’accentuations, de descentes de toms rares mais diablement renversantes. Je l’avais un peu remarqué en live mais je n’étais pas tout à fait sûr. Mais si ! Ce groupe utilise assez facilement des découpages rythmiques à base de croches (au lieu des conventionnelles noires) voire double croches et Baard n’a plus qu’à jouer (influence jazz) à faire voyager ses coups de caisse claire sans trop créer d’habitude, ayant l’effet de vous laisser sans vrais repères. En plus de cela, son jeu de charley est notable avec plusieurs niveaux d'ouverture... et c'est pas très courant dans ce monde de brutes.

L’album commence par Bonneville comme dans l’antichambre d’un club de jazz, ambiance détendue, guitare, claviers, batterie au centre sur lequel vient Einar Solberg (chant et claviers) nous livrer sa tonalité insoupçonnée pour un groupe évoluant dans la scène metal-prog. Gros bourrins s’abstenir car le chant est plus proche d’un enfant de choeur que du grogneur de série, avec une utilisation récurrente du registre de tête (aussi connu sous le nom de falsetto) permettant d'atteindre des notes très aiguës. Après deux minutes quarante, on a droit au reflux d’acidité grâce à un ostinato de batterie et l’entrée en scène des guitares mille cordes saturées.

La deuxième chanson, Stuck, est dans un registre plus accessible, presque pop, guitares légèrement saturées. Après une minute, on se laisse emmener dans le cours d’une petite chanson sautillante. On a droit à des violons pour accompagner l’envolée du groupe et pour finir calmement le morceau.

Jusque là, l’écoute est modérément chavirante. On arrive donc au moment où ma tête s’est relevée avec From the Flame avec un "pain" à trente secondes où la prod a trop vite changé le mix (donc le volume relatif de certains instruments) et je trouve que ça choque. Mais la chanson ne s’arrête pas là et après tout, je n’ai remarqué ce “pain” qu’après plusieurs écoutes. Sérieusement, outre cela, cette chanson est purement grandiose et Einar Solberg fait un super boulot tant sa voix porte loin ses émotions et au moment où on ne l’attend pas nécessairement. Le placement de voix peut sembler hasardeux mais il est dans la même logique syncopée que les instruments qui l’accompagnent… et ceci, pas nécessairement sur le même schéma rythmique, ce qui peut passer pour du “tu sais pas chanter” de prime abord. Mais c’est très réussi, attention à l’addiction, moi il va falloir que je me soigne.

Captive est ensuite un petit brûlot façon Leprous, pas du Sepultura “in your face” mais une utilisation subtile des instruments. Passons à la suivante.

Place à la deuxième meilleure chanson, Illuminate avec un début Depeche Modesque. Quel instrument, cette voix ! C’est du pré-digéré tellement le morceau est accrocheur. La première écoute vous emporte.

Le refrain est souvent ce qui frappe chez eux, il tranche bien avec les couplets ; ainsi Leashes n’échappe pas à cette règle et vous vous surprendrez à chanter des “ohohowoh-oohohwoho” et pourtant, c’est pas mon truc.

Mirage prend la suite et vous met à terre. Duo basse batterie avec l’aide des guitares de Meshuggah dont le volume sur l’instrument serait aux trois quart pour étouffer du grain. Belle bataille rythmique que ce morceau ! La polyrythmie et la syncope créent la suffocation recherchée. Mais la voix angélique vient vous sortir de l’emprise et vous élève.

La chanson Malina est, elle, très chiante... oui je l’ai dit. Je n’ai été au bout que parce que j’en faisais la chronique… six minutes quinze, c’est dur.

Heureusement Coma nous sort de la léthargie, on s’attend à en prendre plein la gueule et Baard Kolstad a ce qu’il faut et rajoute quelques passages en contre temps comme s’il avait besoin de montrer son talent encore plus.

The Weight of Disaster est elle aussi une grande démonstration de groove et d’envolée paroxysmique. Cela reste une chanson dont la musicalité cache la technicité, pas l’inverse, rassurez-vous.

La dernière, bien nommée The Last Milestone, est un duo entre la voix et plusieurs violoncelles. Elle constitue sept minutes trente d’agonie. Imaginez ces films où un mec se retrouve le dernier d’une expédition où tout va lui manquer, et même la vie sous peu. Eh bien c’est ça le feeling pré-suicidaire de ce morceau.

La galette dure au final presque une heure (à une minute près), vous ne serez pas volés (si tant est que ça puisse être le cas). L’album a été produit par David Castillo au studio Ghostward (Suède) et mixé par un habitué des productions metal musclées, j’ai nommé Jens Bogren. La pochette est signée Corey Meyers. Le son est bon (même si j’ai râlé sur From the Flame).

Ce cinquième album, Malina, est sans doute celui qui va permettre à Leprous de monter d’encore un cran si la promotion est bien faite. C’est un savant mélange de metalleux modérés, intéressés par des rythmes et sonorités pas immédiates en metal. Ca sonne comme du prog pas commun, que je vous invite à posséder même si, comme moi, vous voudriez vous éviter les voix angéliques.

 

Tracklist de Malina :

01. Bonneville
02. Stuck
03. From the Flame
04. Captive
05. Illuminate
06. Leashes
07. Mirage
08. Malina
09. Coma
10. The Weight of Disaster
11. The Last Milestone