Lingua Mortis Orchestra

Artiste/Groupe

Lingua Mortis Orchestra

CD

LMO

Date de sortie

Aout 2013

Label

Nuclear Blast

Style

Metal Symphonique

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Note Blaster of Muppets

16/20

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C H R O N I Q U E

Peavy, leader de Rage depuis bientôt trente ans, était-il prédestiné (son nom de famille n'étant autre que Wagner) à se pencher un jour où l'autre sur la musique classique ? Etait-ce couru d'avance ? Probablement pas mais ce qui est sûr, c'est que l'idée de marier le metal et le classique avec l'album Lingua Mortis en 1996, en se payant les services d'un véritable orchestre (avant, je le rappelle, Rhapsody, Therion, Metallica...), fut inspirée et offrit à son groupe un second souffle et de nouvelles possibilités. Aujourd'hui, après avoir aligné quelques albums de facture plus classique, délaissant ainsi momentanément ses penchants symphoniques, Rage revient avec un album renouant avec la "grande musique" mais attention : le disque sort sous le nom de Lingua Mortis Orchestra feat. Rage. Qu'est-ce à dire ? La démarche est-elle différente de celle adoptée sur des oeuvres comme XIII, Ghosts ou une partie de Speak Of The Dead ? Non, pas vraiment. En 2010, Peavy et ses acolytes ont juste décidé de bien distinguer les deux chemins qu'ils souhaitaient emprunter : dorénavant, Rage sortirait des albums de metal et Lingua Mortis Orchestra se chargerait d'explorer l'inspiration classique du groupe. LMO, c'est donc toujours du Rage (l'album a été principalement composé par le guitariste Victor Smolski), mais avec deux chanteuses (Jeannette Marchewka et Dana Harnge) en plus et bien sûr, une centaine de participants répartis sur deux orchestres, l'un venant d'Espagne, l'autre de Biélorussie.

Derrière ce nouvel album sobrement intitulé LMO se cache un concept. L'histoire s'inspire de faits réels survenus lors de la chasse aux sorcières qui a pris place dans un petit village allemand nommé Glenhausen en 1599... ce que des titres de chansons comme Cleansed By Fire, The Devil's Bride ou Witches' Judge confirment clairement. Musicalement parlant, le résultat est séduisant. Voilà un album riche et traversé par des passages de toute beauté (à l'instar d'Oremus, intermède de deux minutes, aussi beau que planant évoquant Dream Theater sous influence Floydienne, comme sur Trial of Tears ou sur le passage calme de The Count of Tuscany). Mais ce qui m'a tout de suite séduit avec ce nouvel opus, c'est la puissance qui s'en dégage. LMO reste metal, ressemble bien à du Rage (en plus riche et expérimental, forcément) et ne sombre pas dans la mollesse ou la balladasse mielleuse. Scapegoat, sombre, heavy, avec son gros riff velu, ses accélérations de tempo et Henning Basse (Metalium, Sons Of Seasons) en invité, The Devil's Bride, mid-tempo dont l'ambiance et les mélodies sur le refrain rappellent les premiers essais sympho de Rage (je pense notamment à XIII et son From The Cradle To The Grave) ou la plus enlevée Witches' Judge (quel riff !) à la double grosse caisse ultra-rapide sur l'intro (c'est très impressionant) sont là pour en attester : nous sommes bien en présence d'un disque de metal. Mais évidemment, LMO va plus loin que ça. Beaucoup de titres ont une saveur progressive. Il suffit d'ailleurs de regarder la longueur des morceaux. On descend rarement en dessous des six minutes. Deux d'entre-eux tournent même autour des dix minutes. Ce sont d'ailleurs ceux sur lesquels les éléments symphoniques sont les plus travaillés. Exemple : Cleansed By Fire est une compo changeante, à l'intro mystique, aux orchestrations bien amenées et dont le break très metal prog dans l'âme (avec ses changements de rythme, sa succession de riffs percutants et même un solo de clavier) fait mouche. Bien sûr, tout n'est pas parfait. Le groupe se fend de deux ballades qui me séduisent un peu moins. Lament est un peu pleurnicharde (la prestation théâtrale d'une des chanteuses ne m'a pas convaincu). Cependant, Afterglow, qui clôt le concept, me plaît plus... je la trouve plus classe, moins gnan-gan. 

Assez de détails, c'est l'heure du bilan. Cet album est beau, heavy et soigné (la production co-signée Charlie Bauerfeind ne déçoit pas). Victor Smolski nous a encore concocté une palette de riffs, breaks et soli de toute beauté. Les orchestrations sont bien intégrées dans les morceaux, même si parfois un peu en retrait. C'est d'ailleurs là que je formulerai un petit bémol. On va vous survendre ce LMO à grands renforts de "Jamais auparavant un groupe et un orchestre n'avaient fonctionné aussi bien" (je l'ai lu dans le dossier de presse) et autres commentaires dithyrambiques. Mais personnellement, pour un projet se nommant Lingua Mortis Orchestra (feat. Rage), je m'attendais à être plus impressionné et à ce que l'orchestre soit plus au centre... Un petit mot sur les deux morceaux bonus tous deux extraits de Welcome To The Other Side (One More Time et Straight To Hell) : ils sont sympas mais le traitement "Lingua Mortis" ne leur apporte pas grand chose. J'ai même la nette impression qu'ils n'ont pas été réenregistrés et que les orchestrations ont été ajoutées au mix de l'époque (un peu comme sur l'arnaque Symphonic de Jorn). Malgré cette petite déception, je ne vous conseillerai pas de passer à côté de ce disque. Il s'agit d'un album très réussi (cinq des huit nouveaux morceaux proposés sont vraiment excellents) et je dirais même qu'il est pour moi le meilleur essai symphonique jamais sorti par Rage (car plus consistant et moins inégal que XIII et Ghosts), c'est déjà très bien. 

 

Tracklist de LMO :

01. Cleansed By Fire
02. Scapegoat
03. The Devil's Bride
04. Lament
05. Oremus
06. Witches' Judge
07. Eye For An Eye
08. Afterglow
09. Straight To Hell
10. One More Time

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