C H R O N I Q U E

Nous sommes en 1992 et le hard rock "traditionnel" tel qu'il fut pratiqué pendant une bonne partie des années 80 n'a pas vraiment le vent en poupe... Le grunge a fait son apparition, d'autres styles musicaux cartonnent et, dans ce contexte, beaucoup de groupes talentueux sont passés inaperçus et n'ont pas bénéficé de l'exposition qu'ils méritaient. Parmi eux : Lionsheart, formation anglaise comptant dans ses rangs le chanteur Steve Grimmett qui s'était fait remarqué lors de la décennie précédente avec Grim Reaper ou Onslaught. 

Vous aimez le hard rock à la Whitesnake ? La puissance du heavy (et de la voix) de Dio ? Les pirouettes acrobatiques d'un bon vieux Malmsteen ? Les mélodies entêtantes de Europe ? Et avec tout cela, vous ne seriez pas contre une petite touche épique et ne cracheriez pas non plus sur une ou deux pistes flirtant avec le heavy/speed mélodique ? Et bien, dans ce cas, réjouissez-vous car il y a un peu de tout cela dans ce premier Lionsheart !

Cette galette n'est vraiment pas avare en points forts : la production est impeccable, mettant aussi bien en valeur la section rythmique (avec une basse bien distincte) que le jeu de guitare de Mark Owers (frère jumeau de Steve, le bassiste, voilà pour l'anecdote) ou le chant surpuissant de Steve Grimmett en forme olympique, fermement décidé à donner le change à David Coverdale ou Ronnie James Dio. Le niveau des musiciens est irréprochable, chacun donne le meilleur et la prestation est précise, classe, pleine de groove et de feeling... Et bien sûr, tout ce talent se retrouve aussi dans l'écriture et les compos sont variées, puissantes et sacrément efficaces. Le démarrage Had Enough, suivi de World Of Pain, vous mettra dans le bain avec un Hard Rock (très Whitesnake) mid-tempo parfaitement exécuté. Ready Or Not accélère le tempo et balance un peu de double grosse caisse avec également de belles parties de guitare jouissives (la technique est de sortie et peut rappeler les prouesses d'un certain Paul Gilbert de chez Mr. Big), Can't Believe apporte la petite touche FM qui vous fera reprendre un refrain super accrocheur soutenu par des choeurs qui vont bien, Living in a Fantasy surprend car il s'agit d'un morceau speed, avec un clavier bien en avant sur le refrain, comme on n'a pas trop l'habitude d'en entendre sur ce genre d'album, et puis il y a même une compo carrément magique, du type de celles qui donnent des frissons : l'épique Portrait, chanson heavy sur laquelle Steve Grimmett est tout simplement magistral... une vraie leçon de chant.

Je ne vais pas vous décrire tout l'album, vous avez peut-être d'autres choses à faire, mais soyez assurés de la grande classe de l'ensemble. Si vous aimez le style et les références mentionnées plus haut, voilà un beau disque injustement méconnu (sauf au Japon où le groupe a rencontré un joli succès) qui a pourtant tout d'un classique. Cette pépite de hard rock mélodique connaîtra trois successeurs, un très bon (mais légèrement inférieur) Pride in Tact en 1994, ainsi que Under Fire (1998) et Abyss (2004), tous deux sympathiques mais incapables de reproduire l'étonnante alchimie des débuts, les changements de line-up y étant probablement pour quelque chose. Aujourd'hui, Lionsheart n'existe plus, les albums sont durs à trouver et Steve Grimmett, après avoir sorti un excellent album solo en 2008 (le heavy Personal Crisis), s'en est allé reformer Grim Reaper.

Tracklist de Lionsheart :

01. Had Enough
02. World Of Pain
03. Ready Or Not
04. So Cold
05. Can't Believe
06. Portrait
07. Living In A Fantasy
08. Stealer
09. All I Need
10. Have Mercy
11. Going Down
12. Good Enough

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !