Artiste/Groupe:

Luca Turilli's Rhapsody

CD:

Prometheus, Symphonia Ignis Divinus

Date de sortie:

Juin 2015

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal Symphonique

Chroniqueur:

Florentc

Note:

15/20

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Luca Turilli is back ! Enfin, ai-je envie de dire. Une attente longue de trois ans (pas énorme en soi sauf que l'album devait sortir il y a un an et a maintes fois été repoussé) avant d'entendre quelle nouvelle oeuvre a pu nous pondre Turilli. Inventeur, il y a presque vingt ans maintenant, du "Hollywood metal" avec Rhapsody, il se consacre dorénavant au "Cinematic Metal", musique censée recréer une ambiance épique digne des plus grandes bandes originales de films, avec du metal en plus. Déjà initié sur son premier album (après la fameuse scission de Rhapsody scindé en deux groupes distincts, bla bla bla vous connaissez l'histoire) Ascending To Infinity, ce "Cinematic Metal" devrait être emmené encore plus loin avec le sobrement intitulé (ironique) Prometheus - Symphonia Ignis Divinus, rien que ça, nous promet Turilli. Durant toute cette attente on a eu droit aux sempiternels "vous allez voir ce que vous allez voir", "plus épique et orchestral tu meurs" et j'en passe. Promesse tenue ? 

Oui et non. Merci, au revoir. Bon comme je suis sympa je vais étayer un peu tout ça, parlons d'abord des points positifs, car il y en a un bon paquet. Déjà le père Turilli ne s'est pas moqué de nous avec ses effets d'annonces. C'est ultra orchestral, bourré de choeurs, et l'ensemble est particulièrement difficile à appréhender au vu de la richesse musicale de l'album. Un travail de titan a été fait à ce niveau, c'est remarquable.

Certains titres sortent du lot : One Ring To Rule Them All, inspiré directement du Seigneur Des Anneaux, apporte ce qu'il faut pour montrer l'étendue du talent du compositeur. Les choeurs sont bien utilisés, avec certaines parties en noir parler (langue créée par Tolkien), d'où la ressemblance avec l'oeuvre de Peter Jackson. Mine de rien, le rendu est plus que convaincant et le refrain dans la droite lignée des précédents Rhapsody. L'effet musique de film est vraiment là, il suffit de fermer les yeux. Un soupçon de chant féminin, des bruitages et un passage folk en plus et le tour est joué, que ça semble facile ! King Solomon And The 72 Names Of God voit pour la première fois des parties orientales incorporées à l'ensemble, bien intégrées et surtout bienvenues ! Les parties de la chorale rappellent le Rise Of Sodom And Gomorrah de Therion également. On continue dans le tout bon (voire même avec LE titre de l'opus) avec Yggdrasil, qui gère le mieux toute cette avalanche orchestrale. Bonnes parties de guitare, un refrain explosif qui donne la banane, un parfait mélange des anciens Rhapsody, des albums solo de Turilli et de ce qu'il montre aujourd'hui. Rien à dire. Comment ne pas parler du titre final Of Michael the Archangel and Lucifer’s Fall Part II : Codex Nemesis ? Suite logique du premier volet, les presque vingt minutes passent bien vite. Des effets electro (également parsemés sur quelques passages dans l'album) amènent un peu de fraîcheur au titre, le tout dans une grande cohérence avec le reste. Une nouvelle fois, les choeurs sont parfaitement utilisés et constituent le fil conducteur de ce gros pavé. 

On pourrait croire qu'on tient là un album quasi parfait mais il n'en est rien. Malgré ses indéniables qualités, l'album souffre de défauts dont, notamment, un manque de mordant et d'agressivité. La guitare est très en retrait sur la plupart des titres, voir quasi inexistante. On a plus l'impression d'une bande originale sur laquelle on aurait rajouté une base metal et non le contraire. Un peu comme lorsqu'un groupe comme Epica reprend la BO de Pirates Des Caraïbes, ils reprennent le thème en rajoutant une batterie et un soupçon de guitare. L'impression est la même ici. Alors qu'au final les parties orchestrales devraient se greffer sur la base metal. De même, il est assez rare d'entendre la basse, hormis à de rares moments, c'était pourtant un instrument prépondérant chez Rhapsody dans le temps. Un certain manque d'homogénéité est également à déplorer, avec une première partie d'album moins fringuante que la deuxième, excellente. Des titres comme Il Cigno Nero, Anahata ou Notturno (ballade inutile) par exemple ne resteront pas dans les annales. Pour finir, revenons sur les orchestrations. Si, comme je l'ai répété, elles sont bien foutues, Luca Turilli nous promettait l'utilisation d'un vrai orchestre, avant que l'on apprenne qu'il a finalement utilisé des samples. Alors aussi bien faits soient ils, rien de remplace un véritable orchestre. Pour s'en convaincre il suffit d'écouter au hasard Symphony Of Enchanted Lands II pour se rendre compte de la différence entre les deux procédés... et que la symbiose entre metal et orchestre était mieux réalisée, avec une production plus adéquate, plus agressive. 

Un mot sur Alessandro Conti, qui possède un talent indéniable et varié, aussi bien en voix de tête qu'en voix de poitrine. Reste à voir ce qu'il donnera en live.
Pour résumer, on tient ici un bon album qui aurait pu (dû) être excellent avec une meilleure production et un regain d'agressivité, pour revenir à un véritable metal symphonique et non de la musique symphonique un peu metallisée. Le fait de n'être que très peu metal ne fait pas de Prometheus un album de mauvaise qualité, loin de là, mais il manque quelque chose, malgré le travail incroyable effectué ici.

Tracklist de Prometheus, Symphonia Ignis Divinus :

01. Nova Genesis (Ad Splendorem Angeli Triumphants)
02. Il Cigno Nero
03. Rosenkreuz (The Rose And The Cross)
04. Anahata
05. Il Tempo Degli Dei
06. One Ring To Rule Them All
07. Notturno
08. Prometheus
09. King Solomon And The 72 Names Of God
10. Yggdrasil
11. Of Michael The Archangel And Lucifer’s Fall Part II: Codex Nemesis
    I. Codex Nemesis Alpha Omega
   II. Symphonia Ignis Divinus (The Quantum Gate Revealed)
  III. The Astral Convergence
  IV. The Divine Fire Of The Archangel
   V. Of Psyche And Archetypes (System Overloaded)

Digipack Bonus:
12. Thundersteel (Riot cover - Cinematic Version feat. Alessandro Conti and Ralf Scheepers)