Artiste/Groupe:

Machine Head

CD:

Catharsis

Date de sortie:

Janvier 2018

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

11/20

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Depuis 1991, date de création de Machine Head, le groupe a trois constantes: Robb Flynn comme compositeur en chef, avoir le nez pour faire des albums liés à son époque, et le fait de sortir des albums par pair. Je m’explique. Les débuts du groupe qui posent deux pierres angulaires que sont Burn My Eyes et The More Things Change, tous les deux frères de sang avec Pantera, alors au sommet du petit monde du metal pendant les 90’s. Avec l’arrivée du Néo-metal, The Burning Red, album honnête, mais surtout le catastrophique Supercharger, avait écorné l’image du groupe et on se demandait alors si le groupe survivra à cet épisode. Et là miracle, avec l’arrivée de Demmel, le duo Through the Ashes of Empires et The Blackening, qui sans être des albums cultes, remettent le groupe sur une belle dynamique, oscillant entre retour aux sources thrash et un heavy enfin assumé. En revanche, les deux dernières livraisons que sont Unto The Locust, qui donne la sensation d’avoir été composé avec les chutes de The Blackening, et Bloodstone and Diamonds, dernier album en date, sont des albums plus discutables, en particulier le dernier que j’avais trouvé long et pénible à écouter. Voilà, en quelques mots, comment je vois la carrière de MH avant de me lancer dans cette chronique.


Tout commence par Volatile, qui s’avère être, comme souvent avec les titres d’ouverture de Machine Head un titre plutôt bon. Il ne va pas révolutionner le genre mais on y retrouve tous les éléments qui ont fait le succès du groupe. Une intro qui amène bien le titre, un premier riff rentre dedans, des solos sympas mais convenus. Et même si le «Fuck The World» de Robb pour ouvrir le titre est bien cliché. C’est un titre correct, pas indispensable à la carrière du groupe, mais on sait que l’on écoute du Machine Head.

S’ensuit le titre éponyme qui débute avec une introduction au violon, qui laisse le temps au morceau de se mettre en route. On a un morceau qui aurait pu être pondu par n’importe quel groupe de Metalcore, du riff lourd, un chant clair pas très heureux et un titre qui a globalement du mal à convaincre.

Beyond The Pale ressemble, dans sa structure, au titre précédent : une introduction qui prend le temps de monter gentiment, un riff efficace, qui peut faire penser au côté pachydermique de Gojira sur le refrain. Ce titre malheureusement bien trop répétitif et peu original ne m’enchante pas non plus. Et que dire de ces solos qui font écho à The Blackening, pffffff quel manque d’inspiration !

Et c’est le constat que je pose sur l’ensemble de cet album. Où sont les riffs bruts, directs et d’une efficacité redoutables dont Machine Head avait le secret ? Entre les titres totalement dispensables que sont California Bleeding, Psychotic et l’insipide Eulogy qui conclut bien tristement ce Catharsis, et le lot de clichés servis à grande louche, je me dis que Machine Head insiste mais n’y arrive pas. Prenez le titre Bastard : déjà Robb si tu as des messages à faire passer à tes gosses, ne te sens pas obligé d’en faire une chanson, une simple explication entre quatre yeux peut suffire. Mais alors la transition entre l’acoustique et l’électrique sous cette forme de « triolet » à la guitare sèche, que même Les Paul et Mary Ford utilisait déjà en leur temps, suivi d’un "no, no, no" clichesque à souhait, ce n’est pas possible. Tout ça pour taper sur l’oncle Trump qui doit s’en foutre, comme de sa première call-girl, tout ceci est bien pauvre…

J’ai pu lire, à droite ou à gauche, que Machine Head avait pris des risques sur cet album… Moi je pense qu’il recycle… Triple Beam rappelle, par son côté phrasé rapé, l'époque de The Burning Red et aurait pu reprendre les choses où elles s’étaient arrêtées mais l’ambiance se fait mollassonne, pour un titre linéaire et pas bien passionnant. Quant au retour de The Blood, The Sweat... euh pardon, je confonds, avec Kaleidoscope et son magnifique «Keep your middle finger in the air», a lui aussi droit à son riff néo metal qui date… Tout comme Grind You Down qui, au début, envoie musicalement, avec en soutien des chœurs bien agressifs, puis monte en puissance, fait monter la mayonnaise et, et, et... s’écroule comme un soufflet sorti du four au refrain. J’ai failli verser une larme de dépit face à ce refrain en chant clair, qui frise le ridicule, avec un Robby qui se prend pour Dickinson, et musicalement tellement dommage après ce qui était proposé préalablement.


Alors j’arrive à sauver quelques titres et pas forcément ceux auxquels j’aurai pensé de prime abord. La ballade Beyond A Mask, est assumée. La voix est touchante, semble plus sincère et la performance à la guitare acoustique franchement réussie. Et le titre Lies The Crown, qui pourtant doit être un reste de Bloodstone and Diamonds, mais qui a, contrairement au reste de l’album, une certaine ambition. Le titre dépasse les sept minutes, c'est un titre progressif en deux parties bien distinctes. Tout d'abord une partie symphonique plutôt agréable, puis une seconde plus électrique qui a son lot de gros riffs. Ils enchainent les différentes phases avec inspiration, la structure du morceau est solide. Ouf… Ce titre n’est pas exceptionnel mais il donne la preuve que Machine Head peut avoir encore de l’ambition. Puis en fin d’album, Razorblade, titre clin d’œil, Motorheadesque, qui pue le rock’n Roll et donne envie de sortir un bon jus de houblon.

Malgré ces quelques titres, et quelques passages intéressants, je trouve que cet album transpire le manque d’originalité, sent le réchauffé, et surtout piochent des inspirations reprises par-ci, par-là sans réelle cohésion. Machine Head nous livre un album facile et globalement poussif qui ne donne pas envie d’y revenir, d'autant qu'avec quinze titres, dont la moitié dispensables, affiche tout de même soixante-quinze minutes au compteur, il faut être motivé. J’irai tout de même les voir sur la tournée du printemps parce que Machine Head en live prend une autre dimension, mais si ils basent leur prestation scénique sur les deux dernières livraisons, la soirée va être bien triste… Je vais prévoir des mouchoirs, et cette fois-ci, ce sera bien pour mes yeux…

Tracklist de Catharsis:

01. Volatile
02. Catharsis
03. Beyond The Pale
04. California Bleeding
05. Triple Beam
06. Kaleidoscope
07. Bastards
08. Hope Begets Hope
09. Screaming At The Sun
10. Behind A Mask
11. Heavy Lies The Crown
12. Psychotic
13. Grind You Down
14. Razorblade Smile
15. Eulogy