Artiste/Groupe:

Mägo De Oz

CD:

Ira Dei

Date de sortie:

Mars 2019

Label:

Warner Music

Style:

Folk Celt Metal

Chroniqueur:

Florentc

Note:

18/20

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Les vétérans du folk metal sont de retour ! Cinq ans après un très bon Illussia, Mägo De Oz revient avec un nouvel album. Et l'attente n'aura pas été veine puisqu'ils nous ont préparé un bon gros double album comme ils en ont l'habitude. S'il a fallu attendre ces cinq longues années, c'est certainement dû aux nombreux concerts qu'ils donnent un peu partout en Espagne et en Amérique Centrale et Latine. Un témoignage sorti il y a deux ans peut en témoigner : le live absolument dément enregistré à Mexico, Diabulus In Opera, en compagnie d'une chorale et d'un orchestre. A voir absolument si vous avez raté cette pépite. Mais revenons à nos moutons : Ira Dei est une nouvelle pierre qui s'ajoute à l'édifice déjà conséquent des magiciens, s'articulant en deux volumes. A noter que, désormais, le groupe est composé de pas moins de dix (!) membres. 

Un petit choeur d'enfant introduit Jerusalem D.C avant une orchestration qui vous rappellera Nightwish, et les choeurs en latin Rhapsody ! Une belle introduction symphonique comme ils en ont déjà fait, mais quand c'est bien foutu, on en redemande. D'autant plus lorsque c'est pour amener sur un gros titre comme In Eternum. Pas de doute Mägo De Oz est bien de retour ! Flûte à gogo, mélodie saisissante, des guitares bien mises en avant et Txus qui martèle toujours ses fûts avec entrain. On saute, on danse, on tape du pied, et le gros pont instrumental au milieu est un régal : flûtes, violons et claviers qui se répondent, reprises de la Symphonie du nouveau Monde de Dvorak et des Quatre Saisons de Vivaldi comme si de rien n'était, avant de terminier à nouveau par un solo de clavier. Comme à son habitude, le groupe n'oublie pas les guitares et les trois virtuoses se partagent les parties de solo. Une fin de titre celtique et encore une fois Mägo De Oz joue avec une habileté déconcertante avec les genres. Et ça parait tellement facile ! Mais la musique du groupe est bien plus complexe que ce que l'on pourrait penser. Certains accords et soli de El Amor Brujo lorgent même du côté d'un Dream Theater, avec l'esprit festif en plus.

Patricia Tapia, qui fait depuis quelques temps partie intégrante du combo, a le droit à sa part du gâteau. Présente sur tous les morceaux en "backing vocal", elle pose régulièrement sa voix en duo, quand ce n'est pas elle la protagoniste principale, à l'instar de Ciudad Esperalda (logique vu le titre), au superbe refrain bien entraînant. Mais Mägo De Oz ne serait pas Mägo De Oz sans une chanson à boire. Pas de panique, Tequila Tanto por Vivir vous fera taper des mains et chanter à tue tête lors de fiestas endiablées. Rôle parfaitement rempli ! Le groupe a eu la bonne idée également d'inviter le violoniste Ara Malikian sur Te Traeré El Horizonte. Quelle brillante idée tellement le style particulier du bonhomme se marie à merveille avec la musique des Espagnols. Un titre à se passer en boucle, un des meilleurs de l'album, une pépite ! Autre invité et autre réussite : une certaine Diva Satanica vient poser des growls bien puissants sur La Cantiga De La Brujas (j'imagine qu'elle doit jouer la sorcière). Et oui, si on ne pense pas à ce type de chant chez Mägo De Oz, le constat est là, tout leur convient visiblement. Espera En El Cielo termine le volume 1 sur une note bien plus mélancolique, un bien beau titre pour clôturer ce chapitre. Hormis la dispensable reprise de Nessun Dorma intitulée Opera Mortis (et oui on ne s'improvise pas chanteuse d'opéra comme ça...), on frôle le sans faute.

Le volume 2 pourrait être considéré comme le pendant plus sombre du premier. Alors rassurez-vous, on reste en terrain connu et l'ensemble reste festif mais les tonalités diffèrent. En revanche, niveau qualité on semble maintenir cette même ligne de flottaison. On reprend en choeur les refrains de Y Que Nunca Te Falte un "Te Quiero", Bajo Mi Piel (entièrement chanté par Patricia Tapia, avec un superbe solo de violon) ou encore La Triste Historia De Jimmy "Tiro En El Pié" (et sa bonne petite dose de cornemuse). Le groupe s'essaie une nouvelle fois à une reprise, mais cette fois-ci il s'attaque au thème principal d'un jeu vidéo : Trine 2. C'est bien fait, mélodique et épique, entièrement instrumental avec un petit côté western qui côtoierait Hanz Zimmer. Une belle petite coupure qui nous fait voyager.  La reprise est très proche de l'originale (que j'ai découvert après la reprise, n'ayant jamais joué à ce jeu), c'est donc en toute logique finalement qu'elle passe si bien et qu'elle soit adaptée au groupe. Changement de direction avec El Séptimo Sello, qui se veut être le titre le plus sombre de l'opus. Sons électro, nouvelle présence du growl, tout ça marié au style fantasque et festif, et c'est cohérent !

Nous arrivons au bout, enfin presque. Il reste un seul titre, mais Ira Dei promet d'être étourdissant. Du haut de ses dix huit minutes, il vient directement concurrencer ses ainés que sont La Cantata Del Diablo et Atlantia. Je pars d'emblée réaliste en me disant que faire mieux, voire aussi bien, que ces deux morceaux sera mission impossible tant ils avaient élevé le niveau. C'est toujours compliqué de s'attaquer à l'écoute d'un mastodonte d'une telle durée, car il est à peu près certain de n'arriver à en tirer la quintessence qu'après plusieurs écoutes. Ira Dei est un titre qui s'étire avec plusieurs thèmes mais des refrains centraux. Ces refrains sont d'ailleurs chantés en anglais, (ce qui est rare pour être souligné) et uniquement chantés par des choeurs digne de figurer chez Therion. Des frissons à chaque écoute ("IRA DEI WELCOME TO THE PAIN, NO ONE WILL BE SAFE CAUSE THE DEATH IS CALLING. IRA DEI WELCOME TO THE END, TRY TO UNDERSTAND CAUSE THE DOOMSDAY IS COMING"). Les passages folkloriques sont, comme d'habitude, réussis, mais le titre est bien plus sombre et compliqué à suivre que ses ainés. Je vous laisse le découvrir, mais c'est une nouvelle pépite qui fera date.

Voilà, après plusieurs écoutes attentives de cet Ira Dei, on comprend aisément les cinq années d'attente. Mägo De Oz nous offre un double album gargantuesque, dont j'ai bien du mal à lui trouver des défauts ! A la fois riche, dense, profond ou léger, il montre une maîtrise de la composition qui n'est plus à démontrer. Une classe à part, loin, très loin devant le reste de la meute. 

 

Tracklist de Ira Dei :

Disc 1
01. Jerusalem D.C. 03:21
02. In Eternum 09:01
03. El amor brujo 05:51
04. Tu funeral 05:17
05. Ciudad esmeralda 04:37
06. Tequila mucho por vivir 03:49
07. Te traeré el horizonte 04:48
08. Opera Mortis (O mio babino caro / Nessum dorma version) 02:42
09. La cantiga de las brujas 05:54
10. Espera en el cielo 05:51

Disc 2
01. Opus Tenebrae 00:57
02. Suspiria 04:07
03. Y que nunca te falte un "te quiero" 03:47
04. Bajo mi piel 04:31
05. Jimmy "tiro en el pie" 05:08
06. Infinitum (Trine 2 OST cover) 04:15
07. El séptimo sello 04:09
08. Ira Dei (Apocalipsis) 18:01

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