Artiste/Groupe:

Mantric

CD:

Sin

Date de sortie:

Septembre 2015

Label:

Loyal Blood Records

Style:

Metal Prog Experimental

Chroniqueur:

El Piotr

Note:

17/20

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Lengsel et Extol, voilà l’expérience, clairement conséquente, du trio suédois fondateur de Mantric. Ils sortent avec Sin leur deuxième album qui fait suite à The Descent, datant de 2011. 

Et force est de constater la maîtrise des gaillards qui étalent sans complexe la richesse de leurs compositions et leur sens du contraste. Celui-ci est omniprésent, comme entre les différents morceaux, qui transpirent d’influences variées provenant autant du rock des seventies que du Jazz metal à la sauce Ephel Duath. Ne boudons pas notre plaisir à l’écoute des motifs suivant respectivement l’intro de FaithFaker et Maranatha, où le riff jazzy est ravagé par un hurlement rauque comme s’il réclamait sa place en ultime titre de Pain Necessary To Know, album fameux des Italiens sus-cités. 

Le contraste se remarque aussi dans la composition et la structure des titres : de longues plages atmosphériques sont aménagées entre les éclats des riffs, qui ne se distinguent certes pas par leur violence mais savent se faire tour à tour lourdes (Give Me Eyes) ou énergiques (Die Old, Black Eyes). Pour autant, la lenteur est globalement de mise et suit les compositions, pour la plupart assez peu rythmées par la répétition d’un quelconque motif. Les titres nous accompagnent sans livrer le secret de leur développement, à l’instar d’un Anhedoniac distordu, grinçant, qui s’extrait péniblement de sa contrée froide et inhospitalière par un riff plus volontaire, pour finalement sombrer dans sa neurasthénie initiale.

Les atmosphères sont structurées avec soin, lentement, et les voix s’accordent avec cet échafaudage. Lointaines, comme submergées par la masse musicale, elles ne nous parviennent que faiblement. Le chant alterne entre de fréquentes doubles voix aux atours psychédéliques qui accompagnent avec justesse les plans aériens, et le chant hurlé, râpeux et rageur, incroyable d’expressivité. La rugosité de la voix atteint son paroxysme sur Maranatha, où elle tranche vivement avec la finesse du jeu de la guitare et aboutit à l’établissement d’un titre remarquable, noir et vacillant.

Les voix, légèrement en retrait, étouffées, laissent la part belle aux instruments. Ces derniers s’expriment avec une intense retenue, les guitares ne s’emballent qu’en de rares occasions et la batterie déploie un jeu sobre et changeant. Le tout se fond dans un son léger ; le champ sonore n’est jamais saturé et permet ainsi la mise en place si efficace du contraste entre le chant hurlé et les instrumentations. 

Sin se présente comme un assoiffé ayant su s’abreuver à toutes les sources : composite et riche, dense et diversifié. Il s’en dégage une atmosphère hypnotique et pourtant rugueuse, puissante, aérienne. Les mélodies se camouflent légèrement, gratifiant les premières écoutes de l’album d’un air d’inaccessible. Il serait pourtant dommageable de s’y arrêter, tant il a à nous offrir.

Tracklist de Sin :

01. FaithFaker
02. One The Horizon
03. Give Me Eyes
04. Arrogance vs. Anxiety
05. Die Old
06. Maranatha
07. Anhedoniac
08. In The Shadow Of My Soul
09. Black Eyes