MARDUK

Artiste/Groupe

Marduk

Album

ROM 5:12

Date de sortie

25/04/2007

Style

Black-Metal

Chroniqueur

Axel

Note

15/20

Site Officiel

http://www.marduk.nu/

C H R O N I Q U E

Marduk est un groupe particulièrement productif. Si l'on jette un oeil à sa discographie, on peut constater que quasiment chaque année depuis 1991 a vu sortir une galette estampillée à son nom. D'une certaine manière, on peut dire que Marduk est un groupe à scandale, que ce soit à cause de la pochette du fameux "Fuck Me Jesus", ou de l'imagerie allemande utilisée sur plusieurs pochettes. Mais Marduk est surtout un groupe sans concession. A l'époque où Cradle Of Filth et Dimmu Borgir rencontraient un succès grandissant en apportant un black plus abordable à la fin des années 90, Marduk durcissait le ton pour aller toujours plus loin dans le black extrême. Mais voici leur nouvel album, Rom 5:12. Le titre fait référence à un passage de la bible, de l'apôtre Paul aux romains, qui nous dit : "C'est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché ..." ( j'vous raconte pas la recherche Google pour vous trouver ça ). Tout un programme...

Dès le premier titre, Marduk nous plonge dans son atmosphère sombre, dérangeante, parfois dérangée. "The Levelling Dust" ouvre l'album de manière très lancinante, la caisse claire, très lente, rentrant clairement en opposition avec une double pédale et une basse des plus enragées. D'ailleurs Marduk nous propose là un son de basse assez inédit dans le black, original mais ô combien efficace. Voilà qui prouve, s'il en était besoin, que Marduk sait assurer d'excellentes compos sans blast de la mort qui tue, avec un mid-tempo chaotique remarquable.

Et puis de toute façon, le blast est pour le morceau d'après. Faut pas rigoler, on écoute du Marduk les gars ! Mais même pour un morceau speed, "Cold Mouth Prayer" nous propose une facilité d'écoute excellente. La production assure vraiment. Et le titre est bon jusqu'au bout, les variations de rythme amenant le morceau presque crescendo. J'en oublierais presque de préciser que Joakim Göthberg, batteur et chanteur sur les tous premiers albums, vient pousser la gueulante pour l'occasion.

Vient ensuite la surprise du chef. "Imago Mortis". Que dire... Une batterie minimaliste, quasi binaire, un riff de guitare lancinant, presque entrainant, soutenu par une basse de plomb, et une voix d'outre tombe venue arracher vos entrailles pour les offrir aux locataires des enfers. Le titre est à la fois étonnamment simple et d'une noirceur extrême. Marduk nous explose sur un pur morceau de black atmosphérique. Grandiose et génial.

Mais là, nos compères ont du sentir le besoin de rassurer leurs troupes. Non, non, Marduk ne s'endort pas, et "Though The Belly Of Damnation" est là pour le prouver. Un blast continu à la sauce Marduk, ponctué de ci de là de petits breaks permettant d'asseoir encore la noirceur de l'album.

"1651", ou le petit instrumental presque traditionnel du black metal. Mais, encore et toujours, la bonne humeur... n'est pas au rendez-vous. Apparemment Marduk aurait reçu ici la collaboration d'un groupe nommé Arditi, mais rien d'exceptionnel à relever.

Avec "Limbs Of Worship", Marduk nous atomise à nouveau à l'aide d'un blast furieux. Les oreilles les moins averties déposeront sans doute les armes à ce moment de l'album. Et pourtant ce petit riff lancinant qui vient casser le rythme régulièrement, avant d'amener un passage plus posé, vaut vraiment le détour.

Et ce serait dommage de passer à côté de "Accuser/Opposer". Avec son intro construite autour du sample d'une prêche en latin, ce titre fait du blasphème un art presque raffiné. A l'image d' "Imago Mortis", le morceau se veut simple, mais cette fois encore plus sombre. Le duo de voix que l'on y trouve n'y est pas pour rien, Marduk ayant pour l'occasion invité le chanteur du groupe Primordial. Ce titre est diabolique ! Le morceau se terminera longuement sur un chant grégorien...

...avant de laisser place à une explosion de batterie et de guitare : "Vanity Of Vanities". Et encore ces petits breaks de folie, qui emmènent le morceau toujours plus loin. Car si la rythmique évolue peu ici, c'est la mélodie qui nous entraine jusqu'à un finish très heavy-trash.

D'ailleurs, "Womb Of Perishableness" nous propose un morceau preque heavy, avec une basse sonnant groovy par endroits. Les suédois auront su nous étonner sur cet album ! Mais ne boudons pas notre plaisir, car Marduk nous confirme vite dans la seconde partie du morceau qu'il maitrise l'art du black atmosphérique, armé de riffs toujours plus lancinants et plus sombres.

Et pour ne pas casser l'alternance de titres plus calmes avec des morceaux bien énervés, "Voices From Avignon" assure un final tout en fureur, avec un passage intéressant en mid tempo qui ne serait pas sans rappeler Immortal dans ses dernières productions.

"Rom 5 :12" est donc un album assez étonnant, surtout pour du Marduk. Le groupe joue sur deux plans à la fois, ce qui pourra en déconcerter plus d'un. L'album oscille entre morceaux atmosphériques, assez posés, et morceaux furieux. Je reste surtout impressionné par les plus calmes. Certes, les titres musclés sont efficaces, mais bon... c'est un peu du vu et revu quelque part. Tandis que sur un morceau plus lent, l'exercice est à mon avis plus difficile, sans quoi ça sonne vite creux. Et là on peut plutôt parler de réussite. Tant qu'à proposer un album un peu moins extrême que d'habitude, je pense que Marduk aurait du se laisser un peu plus tenter par du mid-tempo. Le premier morceau nous montre que le groupe sait y faire. Et puis cette basse, monstrueuse, ne demande qu'à s'exprimer ! Et ce n'est pas au milieu des blasts qu'elle le fera au mieux. Bon, les fans de Marduk me diront qu'il ne faut pas pousser mémé dans les orties. Bref, voilà un bon album, noir au possible, mais qui aura peut-être du mal à trouver son public à cause de l'écart qui existe entre les deux exercices de styles.