Artiste/Groupe:

Marilyn Manson

CD:

The Pale Emperor

Date de sortie:

Janvier 2015

Label:

Cooking Vinyl

Style:

Atmospheric Rock

Chroniqueur:

Pelo-pelo

Note:

16/20

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Finalement, il est de retour ! Le plus détesté, le plus controversé, le plus malcompris, celui qui aura marqué toute une génération d'adolescents boutonneux en manque de provocations fortes (dont je fais partie), le seul et l'unique Marilyn Manson est bien de retour. Mais attention, je ne veux pas dire par là qu'il se contente de sortir un nouvel album. Après tout, le dernier ne date que de trois ans. Marilyn Manson est de retour parce qu'il nous a pondu un bon album ! Et ça, pour le coup, ça faisait longtemps qu'on n'y croyait plus.

Rappelons la richesse inouïe de la discographie de Marilyn Manson. L'artiste incarne un personnage et explore un style différent sur chaque album : l'antéchrist dans Antichrist Superstar à base de metal industriel, un extra-terrestre dans Mechanical Animals dans lequel s'ajoutent des influences plus colorées, un jeune vampire dans Eat me, Drink Me qui frappe dans un pop rock romantique... La première rupture avec cette tradition est The High End of Low, sorti en 2009. Aucune identité claire, qu'elle soit musicale ou fictionnelle, ne se dégage de cet album. Bien que la qualité soit encore au rendez-vous, cet opus se contente de résumer plus ou moins la carrière et les influences du chanteur. En 2012 sort Born Villain que nombreux, comme moi, appellent l'album de trop... La production est terriblement vieillotte, aucune direction particulière ne semble se dessiner et la voix de Manson manque cruellement de dynanisme. Franchement, même sa coupe de cheveux est complètement nulle ! Combien étions-nous à croire que c'était la fin ?

En 2015, avec son neuvième album The Pale Emperor, le prince noir nous fait à tous un grand doigt d'honneur.

Tout d'abord, la couverture est bien plus réussie que celle de son prédécesseur. La pose du chanteur et les habits exhibent une classe chic assez inhabituelle et on n'avait pas vu des couleurs aussi claires depuis Mechanical Animals. La patte futuriste et minimaliste se retrouve dans tout son visuel et donne un vrai coup de fraîcheur au personnage. Le style musical est aussi une excellente surprise. Autant le dire tout de suite aux puristes : non, ce n'est toujours pas le retour de l'antéchrist (depuis le temps, il faudrait peut-être se faire à l'idée, d'ailleurs). Sur cet album, Marilyn Manson affirme ses influences blues rock et développe des ambiances chaudes, souvent intimes et parfois dramatiques. Le son n'a jamais été aussi proche de son idole, David Bowie, avec ces guitares planantes typiques de Heroes. Ces nouvelles idées viennent sûrement du fameux compositeur de musiques de films Tyler Bates (300, Watchmen, Dawn of the Dead...). Nouveau membre du groupe, sa guitare aérienne et mélodique ajoute une touche unique et centrale à cet album. La voix du chanteur dégage, quant à elle, une énergie qu'on lui croyait perdue et les arrangements entre delay et électronique sont des plus affinés.
Dans cette optique, Third Day of a Seven Day Binge, petite ballade à l'air nonchalant absolument géniale, est le petit joyau de l'album. Deep Six, parce qu'il faut quand même un morceau sur lequel se défoncer, est aussi excellent (et ça fait du bien !).

D'autres chansons, plus surprenantes encore, ont de quoi séduire comme l'intro Killing Strangers, le massif Slave Only Dreams To Be King (à écouter A FOND !), l'entraînant The Devil Beneath My Feet, le hyper bluesy Odds of Even, le perché Birds of Hell Awaiting...

Sur le plan des paroles, je les trouve globalement moins explicites et plus poétiques que d'habitude. Killing Strangers critique la xénophobie et la vente libre d'armes à feu aux Etats-Unis : "We got guns, you better run (...) We kill strangers, so we don't kill the ones that we love". Le chanteur s'amuse avec des alitérations et des références divines, ce qui peut aboutir à des textes plutôt mystérieux et sincères comme Third Day of a Seven Day Binge. J'aime particulièrement le petit conte de Slave Only Dreams To Be King avec sa conclusion fataliste : "Slave never dreams to be free, Slave only dreams to be king." En définitive, c'est un vrai plaisir de lire ces paroles.

The Pale Emperor n'est pas le meilleur album de la discographie de Marilyn Manson mais cela reste un très bon opus avec une personnalité unique et un son inédit dans la discographie de l'artiste. En s'entourant d'un excellent nouveau musicien, le chanteur développe de superbes idées musicales et un visuel accrocheur. Alors oui, Marilyn Manson a quarante ans, oui, Marilyn Manson a du bide et oui, Marilyn Manson crie moins qu'avant, mais il vient de nous prouver qu'il a encore beaucoup de choses à dire ! Pour la version live qui promet d'être épique, ce sera au Hellfest 2015 que je pourrai me régaler. Y serez-vous ?

 

Tracklist de The Pale Emperor :

01. Killing Strangers
02. Deep Six
03. Third Day of a Seven Day Binge
04. The Mephistopheles Of Los Angeles
05. Warship My Wreck
06. Slave Only Dreams To Be King
07. The Devil Beneath My Feet
08. Birds Of Hell Awaiting
09. Cupid Carries A Gun
10. Odds Of Even