Mastodon

Artiste/Groupe

Mastodon

Album

Crack The Skye

Date de sortie

Mars 2009

Style

Metal pur

Chroniqueur

Damien

Note Damien

17,5/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E

Voici le retour des nouveaux messies du métal mondial. Mastodon, c'est le tout du métal. Tour a tour furieux (Remission, le feu), turbulent et humide (Leviathan, l'eau), et enfin nous ayant entrainé dans une marche initiatique sur la montagne de sang en 2006 (Blood Mountain, la Terre), le groupe clôt sa vision des éléments terrestres avec l'éther et ce Crack The Skye.
Comme d'habitude, les niveaux de lecture sont vastes, le nom Skye renvoyant a un élément privé de la vie d'un membre du groupe, ajoutant une connotation toute personnelle a un truc qui s'annonce génial. La pochette, une pure hallucination est encore une réussite, moins parfaite que celle de Leviathan et moins sombre que celle de Remission, elle annonce un groupe encore occupé a des choses occultes pour nourrir sa musique. Soit.
Il est temps d'enclencher la lecture et d'écouter ce que le groupe a a nous dire, il est temps de voir si le groupe va confirmer son statut de nouveau chouchou. Oblivion nous accueille, avec son intro pas très rassurante, et commence a nous conter son histoire du haut de ses cinq minutes. Quelques notes, un premier détour progressif, et hop, c'est partit. Rythme lent, chant clair parfait et hypnotisant, pré refrain en forme de montée en puissance et légèrement le refrain pose son évidence. Évidence, oui c'est le mot. Pas de métal hardcore furibond, le groupe nous souffle une idée légère et mélodique du métal 2009, suivant son concept de disque s'occupant de l'éther. Le break absolument sublime se montre, toujours en toute discrétion, le riff menaçant du début revient, un petit orage neurosisien frappe et s'en va aussi rapidement qu'il est apparu. Fin du premier acte, juste une introduction parfaite, mais peut être plus encore que ça un morceau d'une grande inspiration. Ensuite vient le tour de Divinations. Cavalcade a la The Wolf is Loose dans l'esprit (mais uniquement dans l'esprit hein), le chant hargneux de Brent Hinds frappe, le groupe se balade dans son propre monde, le rythme s'accélère juste comme il faut, pas trop, et ce sont des mélodies et des riffs typiquement Mastodon qui nous emportent. Le break, innatendu, stoner dans l'esprit, tonitruant, est un modèle. Mais quelque chose cloche. Ce morceau n'est pas si bon. Pas si énergique, pas si... pas si original que cela. Et de la part de Mastodon, c'est une déception. A moins que ça ne soit fait exprès... A moins que le groupe n'ai placé ce morceau comme un trompe l'oeil et que ce morceau ne soit qu'une partie d'un ensemble ?
Oui, écoutons Crack The Skye comme un ensemble. C'est tout de suite plus cohérent, comme le confirme Quintessence. Le retour des mélodies à la Sleeping Giant font plaisir, c'est ce Mastodon, épique et charmeur que l'on aime le plus, le côté rêveur d'un groupe capable aussi de faire parler la poudre (Blood & Thunder, hymne définitif de ce qu'est le métal actuel et pourtant parut en 2005 ). Oui, que ces notes sont douces, ça y est, la magie opère, CtS s'empare de nous. Les gros riffs joués avec délicatesse, moi ça me réjouie. Et The Czar signe l'approbation définitive d'un fan pour cet album. 10 minutes planantes (pouvait-il en être autrement ?), avec toujours cette douceur (attention, je n'ai pas dis mollesse, rien a voir), et cette ambiance globale qui fait de ce quatrième album ce qu'il est. Cosmique, rêveur, passionné, ce Mastodon là n'a rien a prouvé. Le solo venu d'une autre galaxie entérine cela. On nage entre les années 70 et la notion d'ultime, de perfection de la musique. Mais le ciel s'obscurcit, le ton se fait plus cérémonieux, voilà que Mastodon va explorer le côté sombre du ciel.
Ghost Of Karelia, avec ces oscillations constantes entre la détente et les nuages bas et noirs, est une autre réussite. Encore une fois l'esprit Neurosis flotte, et c'est le morceau titre qui va nous confirmer cette impression. Ce morceau, c'est une ode à la bande a Kelly, et ce n'est pas pour rien si il vient encore chanter ici.
Lourd, sombre, industriel, halluciné, entêtant, et avec le retour des harmonies aquatiques, voici le morceau parfait de l'album. Il file véritablement la chair de poule une panique progressive dans son développement, un cauchemar mis en mélodie, voici le groupe qui revient sur des terres explorées lors de l'inévitable Leviathan.
Dieu que c'est bon. Et il ne reste a ce moment que 13 minutes de musique. The Last Baron, donc, incertain, l'un des morceau les plus travaillés du groupe jusqu'à maintenant, loin de la décharge émotionnelle d'un Ole Nessie ou d'un Hearts Alive, mais là n'était pas le but recherché, ces longues mélodies enchevêtrées concluant un disque progressif et halluciné. Alors que les dernières notes s'éloignent, on se pose encore des questions.

Qu'est donc Crack The Skye dans la discographie d'un groupe qui a déjà tout réussit et qui doit s'imposer définitivement comme une nouvelle référence ? C'est un disque qui est là pour brouiller les pistes, pour s'amuser avec l'Histoire, un disque qui vous nargue, qui promet monts et merveilles et qui reste brumeux et entêtant. Crack The Skye est pour Mastodon une continuité, le prolongement de l'ébouriffant Blood Mountain, le salut adressé au terrible Leviathan et la prière au génial Remission. Pas un regard en arrière, mais un terme.
Un terme a une épopée musicale qui restera a coup sur dans les annales de la musique rock mais qui n'installera pas encore Mastodon sur le trône des rois. Pourquoi ? Pourquoi... Peut être tout simplement parce que le groupe n'en a pas l'envie. Pas l'envie de se corrompre, de s'imposer, de dicter sa loi. Non. Mastodon et ses 4 entités sont au dessus de ça. Ils ne sont là que pour faire de la musique. Leur musique. Pas pour plaire. Un dévouement et une sincérité que l'on a plus trop l'occasion d'écouter de nos jours, de la part d'un groupe qui se fera désormais remarquer comme un électron libre, un mercenaire qui fait ce qu'il veut et qui le fait mieux que n'importe qui, un groupe qui vient de révolutionner le métal, mais aussi un groupe qui reste encore son futur. Un futur qui s'annonce dantesque. Mastodon est immense, n'en déplaise a ceux que ce Crack The Skye laissera froids.