Megadeth fête ses trente-cinq ans cette année. Pour l'occasion, le groupe a offert un gros lifting à son tout premier album, le fameux Killing Is My Business... En 2002, on avait déjà eu droit à une version remixée et remasterisée du disque en question, avec trois démos en guise de bonus (et aussi des affreux "bips" censurant certains passages de la reprise These Boots). Pour célébrer ce premier essai de la bande à Mustaine, il était sans doute possible de faire mieux... Et voilà donc une troisième édition (intitulée The Final Kill) proposant un nouveau mix, une petite remasterisation et quelques pistes bonus supplémentaires (les trois fameuses démos déjà disponibles la fois précédente mais également sept morceaux live). Alors, la tuerie est-elle ultime, comme son titre semble vouloir l'indiquer ? Mouais... ça se discute. Avant toute chose, sachez que je ne vais pas m'attarder sur l'album, son histoire, ses compos. C'est vraiment l'apport de cette réédition qui m'intéresse ici.

Bon, déjà, avec Killing, quelque soit la version (1985, 2002 ou 2018), il y a une chose qui ne change pas : la mocheté de l'artwork. Différent à chaque fois (même si le cru 2018 est très proche de celui paru il y a seize ans) mais toujours cheap et vilain. Cette nouvelle édition, sur ce plan-là, respecte donc la tradition. Le vrai changement apporté par ce disque, c'est le son. Le mixage de Mark Lewis et le mastering de Ted Jensen proposent une version plus clean, dynamique, équilibrée et moins brouillonne que la production de 1985 (qui faisait plus sonner l'album comme une démo qu'autre chose). C'est donc beaucoup plus chiadé, le son de batterie n'a plus grand-chose à voir avec celui d'origine, la basse ressort mieux... D'un certain côté, tant mieux, la production n'était clairement pas le point fort de ce premier Megadeth. Objectivement, ce que l'on entend ici est de bien meilleure qualité. Plus subjectivement, il y aura forcément des personnes qui regretteront l'aspect cru et un peu "sale" de l'original (qui, malgré ses défauts, collait quand même pas mal à ce disque juvénile et teigneux). A part ça, vous aurez l'occasion de découvrir certains changements. Exemple : sur l'album de 85, l'intro Last Rites s'achevait sur un souffle de plus en plus fort subitement coupé par le riff de Loved To Deth mais ce n'était pas du meilleur effet car le son du souffle était finalement beaucoup plus fort que celui du riff, ce qui donnait un côté pétard mouillé un peu regrettable au démarrage de Loved To Deth. En 2018, Last Rites se conclut par un fondu et le son des guitares de Loved To Deth est plus fort... le déséquilibre a disparu. Autre exemple ? Sur le couplet de la chanson titre, le double chant de Mustaine n'est pas mixé de la même façon. Déjà, il y a moins d'écho et ensuite, la voix aiguë est moins en avant que la voix grave, là aussi, c'est plus équilibré. Je m'arrête là, je ne vais pas tout vous décrire mais oui, c'est certain, ce nouveau mixage permet de voir, ou plutôt entendre, cet album sous un nouveau jour. 
Un petit mot sur les bonus : ce n'est pas fameux. Les pistes live ont été enregistrées en 1986 (pour quatre d'entre elles), 1987 (pour deux autres) et 1990 (une seule). On retrouve ainsi toutes les chansons de l'album (sauf These Boots)... mais le son est au mieux digne d'un vieux live pirate (écoutable mais vraiment pas top), au pire assez moche, très brouillon et accompagné d'une espèce de vieux sifflement. C'est amusant d'entendre comment sonnait le groupe à l'époque et la rage de ce dernier sur scène mais je n'imagine vraiment pas m'écouter ces pistes souvent. Pour les démos, c'est à peu près pareil. Last Rites / Loved To Deth est écoutable mais The Skull Beneath The Skin a un son dégueulasse. Mechanix se situe entre les deux. Disons que tout cela a une valeur "documentaire". 

Cette troisième version de Killing Is My Business apporte donc quelque chose de neuf au niveau du son. Elle corrige aussi l'horrible défaut de l'édition précédente en supprimant les bips sur These Boots. Après, l'album reste ce qu'il est, c'est à dire un disque sympathique, rageur, avec son lot de bons riffs mustainiens balancés dans tous les sens... mais pas un incontournable du thrash pour autant. J'aime bien son énergie brute, son côté jeune, énervé, limite punk, pas très propre sur les bords, mais les compos ne sont pas aussi marquantes que celles sorties par la concurrence à l'époque (même si certaines sont très réussies, comme la chanson titre que j'ai toujours beaucoup aimée) ou que celles que le groupe pondra sur l'album suivant, l'excellent Peace Sells... Mais c'est plus par la mauvaise qualité sonore de ses bonus que The Final Kill déçoit. Les collectionneurs apprécieront de mettre la main sur ce Killing Deluxe et ses inédits, ceux qui ont découvert Megadeth récemment et ne le possèdent pas encore auront probablement envie de se procurer cette version plutôt qu'une autre et ça se conçoit, c'est la mieux produite et la plus complète... Mais pour ma part, je qualifierais tout de même cette sortie d'assez anecdotique. 

Tracklist de Killing Is My Business... And Business Is Good - The Final Kill : 

01. Last Rites / Loved To Deth
02. Killing Is My Business... And Business Is Good
03. The Skull Beneath The Skin
04. Rattlehead
05. Chosen Ones
06. Looking Down The Cross
07. Mechanix
08. These Boots
09. Last Rites / Loved To Deth (live)
10. Killing Is My Business... And Business Is Good (live)
11. The Skull Beneath The Skin (live)
12. Rattlehead (live)
13. Chosen Ones (live)
14. Looking Down The Cross (live)
15. Mechanix (live)
16. Last Rites / Loved To Deth (demo)
17. The Skull Beneath The Skin (demo)
18. Mechanix (demo)