En 1977, au Danemark, au début de l'ère Punk, Rene Krolmark (guitariste, futur Hank Shermann) forme le groupe Brats qui pratique, évidemment, le punk rock. En 1979, après l’enregistrement d’un titre pour une compilation, le groupe se sépare puis réapparaît avec de nouveaux membres autour de Rene et effectue un virage stylistique puisqu’il joue maintenant une musique plus proche du Heavy Metal. Au sein de ce nouveau line-up apparait Michael Denner (guitare). Après l’enregistrement d’un premier album, le chanteur est remplacé par un certain Kim Bendix Petersen alias King Diamond, qui a déjà fait ses armes dans deux groupes, Brainstorm (c’est pas celui qu’on connaît aujourd’hui) et Black Rose. Son chant particulier n’est pas du tout adapté au style punk que le groupe abandonne complètement à ce moment-là pour se concentrer sur la composition de titres plus heavy. Nous sommes alors en 1981. Les nouveaux titres sont proposés au label qui a édité le premier disque mais qui n’aime pas du tout ce nouveau matériel, très différent de ce que le groupe avait fait jusqu'alors. Le contrat est donc rompu, le groupe splitte pour se reformer dans la foulée sous le nom de Mercyful Fate avec Shermann, Denner et King Diamond et le line-up se stabilise, après encore quelques changements, avec Kim Ruzz à la batterie et Timi Hansen à la basse. En septembre 1982, ces cinq musiciens investissent le Stone Studio aux Pays-Bas et enregistrent en deux jours les quatre titres ici présents qui vont habiller leur premier EP éponyme, connu aussi sous le nom de Nuns Have No Fun auprès des fans du groupe. 

Ces quatre morceaux nous font découvrir un Heavy Metal bien exécuté et qui tient surtout son originalité grâce au chant pour le moins particulier de King Diamond, avec ses envolées très haut perchées. Cela peut même déstabiliser l’auditeur, d’autant que sur le premier titre, A Corpse Without Soul, il envoie déjà du lourd à ce niveau. Un titre de presque sept minutes sur lequel on retient également la prestation des deux guitaristes bien complémentaires, à la manière du célèbre duo Tipton / Downing (Judas Priest), qui savent parfaitement manier le break et le solo. La rythmique assurée par Ruzz et Hansen n’est pas en reste, on a notamment une bonne présence de la basse dans le mix, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ce titre fait partie de ceux repris par Metallica sur leur medley hommage à Mercyful Fate que l'on trouve sur le double album Garage Inc.
Le second titre, le fameux Nuns Have No Fun est déjà nettement plus soft côté chant. Diamond use (et abuse) ici un peu moins de ses cris suraigus. C’est peut-être pour cela que c’est mon préféré des trois. Excellent morceau, qui justifie le fait que son nom ait été donné à cet EP sans titre par les fans.
La seconde face était moins percutante, de mon point de vue en tout cas. J'aime bien Doomed By The Living Dead, titre avec des parties bien speed et refrain bien torché mais le titre Devil Eyes, je l’ai toujours trouvé un peu pénible à cause du chant assez fatigant notamment sur le refrain (assez plat d'ailleurs). Il faut reconnaître que King Diamond a largement amélioré le placement de son chant aigu par la suite.

Cet EP, bien qu’imparfait (un titre énorme, deux bons et un dispensable) mais tout de même très honnête pour un premier jet, est assez vite devenu culte. D’une part parce que le groupe, par son imagerie et ses textes, allait rapidement se créer une aura maléfique et sulfureuse qui allait influencer pas mal de musiciens du futur mouvement Black Metal, même si la musique proposée ici n’a rien à voir avec le Black. Et d’autre part parce que cet EP est devenu, rapidement aussi, introuvable. Heureusement, ses quatre titres ont été réédités en 1987 (après le split du groupe) sur l’album compilation The Beginning, en compagnie de quatre titres de l’album Melissa dans des versions différentes et le titre Black Masses, un morceau inédit sur album puisque sorti uniquement en face B du single Black Funeral à l'époque. 

Tracklist de Mercyful Fate :

01. A Corpse Without Soul
02. Nuns Have No Fun
03. Doomed By The Living Dead
04. Devil Eyes