Artiste/Groupe:

Meshiaak

CD:

Mask Of All Misery

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Mascot Records

Style:

Heavy/Thrash Metal moderne

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Chronicles Of The Dead, premier album du combo australien Meshiaak, reste l'un de mes gros coups de cœur de 2016 et figure en bonne place parmi les albums de thrash qui m'ont le plus marqué ces dernières années. Il était donc logiquement hors de question que je ne m'intéresse pas à leur deuxième effort qui arrive enfin, trois bonnes années après ce premier coup d'éclat. Le groupe se présente toujours sous la forme d'un quatuor mais deux de ses membres ne sont plus les mêmes. Au revoir Nick Walker (bassiste) et Jon Dette (batteur... dommage...), bonjour Andrew Cameron et David Godfrey ! Mais les "têtes pensantes" n'ont pas changé : on retrouve donc Danny Camilleri (chant, ex-4Arm) et Dean Wells (Teramaze), tous deux compositeurs et guitaristes.

Première réaction lors de l'écoute de ce Mask Of All Misery : c'est bien... mais ça me plait moins qu'avant. Plus varié, plus mélodique... mais peut-être un peu moins efficace ou enclin à me mettre une bonne claquasse. Certaines pistes m'accrochent d'emblée, d'autres pas tant que ça. Plusieurs écoutes plus tard : Hé... mais il est vraiment pas mal ce disque, en fait ! Bien fichu et intéressant ! J'ai bien envie de me le réécouter. 

Dès le départ, on sent une volonté de ne pas décalquer la même formule que précédemment. Chronicles Of The Dead démarrait avec la chanson titre, une compo rapide, thrash, incisive, qui en mettait plein la tête... Mask Of All Misery débute avec Miasma, un morceau instrumental (avec quelques courts passages narratifs) introduit par une guitare en son clair et des violons. Le morceau évolue en mid-tempo bien heavy servi par un excellent riff, une accélération thrashy survient en milieu de parcours puis l'on retrouve l'ambiance pesante et dramatique du début en guise de conclusion. Voilà une belle ouverture, épique, surprenante et originale. Le son est moderne et puissant, ça claque bien. La chanson titre suit et montre le groupe sous un jour plus véhément. Camilleri balance un chant hargneux, le riffing est costaud, la section rythmique bien solide... mais le break est plus posé, mélodique (avec l'intervention de claviers qui participent à la construction d'une atmosphère mélancolique assez réussie). C'est rageur mais pas que... Meshiaak aime les contrastes. Arrive ensuite Bury The Bodies, un titre tout en lourdeur et une belle réussite. On n'est pas là pour rigoler, le ton demeure sombre, grave... Gros riff sur le couplet et encore un clavier, sur le refrain cette fois, mélancolique à souhait et de toute beauté (avec une mélodie mémorable) et son "We didn't stop the war..." assez poignant. 

Vous avez peur que ça ne bouge pas assez ? Vous voulez de l'action ? N'ayez crainte, City Of Ghosts arrive. Une bonne petite piste directe de quatre minutes qui remet les pendules à l'heure. Face Of Stone fait dans le costaud aussi (mais avec cet art du refrain mélodique décidément bien cultivé sur ce cru). Pas de tempo particulièrement véloce au menu, ce qui pourra dérouter les fans de vitesse, mais la qualité d'écriture demeure... c'est le principal. Cela dit, même si je reconnais que l'approche plus mélodique et épique de cet album est séduisante, je trouve un peu dommage que Mask Of All Misery ne comporte pas quelques morceaux plus directs, décoiffants ou agressifs comme on en trouvait sur Chronicles Of The Dead. Pour un groupe qui semble aimer le contraste (comme dit plus haut), cela aurait été l'occasion d'en proposer davantage. La deuxième moitié de l'album continuera de servir du heavy thrash aux mélodies soignées (Tears That Burn The Son est franchement pas mal, In The Final Hour également) et même une ballade, Doves, dont le refrain, efficace dans son genre, a ce petit quelque chose qui pourrait permettre à la fanbase du groupe de s'élargir. 

Vous l'avez compris, avec Dean Wells aux commandes, on n'est clairement pas dans la vague revival qui sévit depuis quelques années. Le gars (Teramaze, son autre groupe, c'est du prog, je le rappelle) ne peut se contenter de faire du gros thrash de base. Même quand il sort l'artillerie lourde et livre un morceau plutôt agressif, qui envoie, comme Adrena par exemple, on retrouve des petites touches ou arrangements (comme des notes de piano ici) qu'on n'aurait pas sur une œuvre de thrash lambda. C'est cette approche qui fera que certains adhèreront au propos ou que d'autres, au contraire, le rejetteront. Si vous voulez du bestial, du rapide, du méchant, bref, du à "fond les ballons" tout du long, Mask Of All Misery, avec ses accalmies, ses changements, sa conjugaison de différents styles, ses ambiances, ses harmonies vocales, sa mélancolie et ses mélodies accrocheuses particulièrement mises en avant sur les refrains, risque de vous gonfler. De la lourdeur ou de l'agressivité, il y en a, c'est indéniable... mais ces ingrédients sont très régulièrement mixés avec d'autres, ce qui donne un discours finalement assez nuancé. Soit, c'est parfois un peu frustrant. Personnellement, j'aurais bien aimé que la partie plus violente de Godless (titre final qui commence par deux bonnes minutes de gros thrash bien vindicatif) dure un peu plus longtemps plutôt que de se muer, aussi tôt dans le morceau, en quelque chose de plus heavy mélodique, par exemple. Mais d'un autre côté, c'est aussi cela qui rend l'album plus intéressant. 

Au final, Meshiaak persiste et signe. Non, il n'est pas juste un groupe de thrash (et le fait qu'il soit souvent étiquetté ainsi ne lui rendra d'ailleurs pas toujours service), c'est un groupe de metal au sens plus large, qui évolue et brasse différentes influences (heavy, thrash, groove...), n'hésitant pas à mélanger tradition et modernité (à la façon d'un Trivium parfois) avec quelques petites touches progressives. En tout cas, le sens de la composition est indéniable. Il y a du riff costaud et des solos de toute beauté (Dean Wells est un guitariste plus que capable), de la suite dans les idées et une production massive et chiadée. Cette œuvre travaillée ne plaira pas à tout le monde, c'est normal, mais elle pourrait intéresser certains amateurs de metal moderne hybride, mélodique et réfléchi. Tout en lui reconnaissant ces qualités, je reste quand même sur ma première position : je n'affirmerais pas que le premier effort est forcément meilleur (il est différent) mais il m'a tout de même plus plu que celui-ci. Je ne peux cependant nier la qualité du travail présenté. Décidément, Meshiaak est un groupe à suivre. Sa participation à la dernière tournée européenne d'Overkill ayant été annulée, j'espère que cet album lui donnera l'occasion de tourner sur notre continent l'année prochaine. 


Tracklist de Mask Of All Misery :

01. Miasma
02. Mask Of All Misery
03. Bury The Bodies
04. City Of Ghosts
05. Face Of Stone
06. Tears That Burn The Son
07. Doves
08. In The Final Hour
09. Adrena
10. Godless

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