METALLICA

Artiste/Groupe

Metallica

Album

Death Magnetic

Date de sortie

12 Septembre 2008

Style

Thrash

Chroniqueurs

Thibault, Damien

Note Thibault

18/20

Note Damien

13.5/20

Site Officiel

http://www.metallica.com/

C H R O N I Q U E Thibault

Je ne vais pas vous refaire le coup du "Il y a 5 ans Metallica sortait St Anger, un album composé dans la douleur et finalement décevant et blablabla..." On le sait tous, St Anger était peut être un bon album de métal, mais il n'était tout simplement pas un album de Metallica, tout comme les autres albums sortis après le controversé mais néanmoins excellent Black Album. Depuis, Metallica a eu l'idée de la décennie pour se relancer : virer Bob Rock, certainement l'un des pires producteurs de Metal et le remplacer par Rick Rubin, certainement l'un des meilleurs producteurs de Metal. Est-ce que ça a marché ? Est-ce que Metallica nous a sorti l'album tant attendu malgrès les années qui défilent inéxorablement ?

Que les choses soient claires : En 2008, on attend pas une révolution. Tout comme le prochain AC/DC qui sort dans un peu plus d'un mois ou tout comme le dernier Maiden sorti l'année dernière, personne n'attend d'un de ces grands groupes qui ont marqué l'histoire du Hard ou du Metal une quelconque innovation. On parle de quinqagénaires ici, pas de post-ados de 20 ans, non, les légendes du metal doivent faire leur boulot, l'innovation, c'est à la nouvelle génération de l'apporter.

Alors non, on va le dire d'entrée : Death Magnetic n'est pas une révolution dans l'univers du Thrash. La question est : Est-ce un bon album de Metallica ? Ou plutot, à l'inverse des Load, Reload et St Anger, Est-ce un album de Metallica tout court ? La réponse débarque au bout d'une minute et 27 secondes pour être précis. OUI ! Elle est confirmée 1 heure et 15 minutes plus tard.

Remontons le temps. Nous sommes le 12 Septembre. Je viens de sortir d'une grande chaine de distribution dont le nom commence par un F et se termine par nac. Un album dont la couverture représente un cercueil entouré d'ondes à la main... Ou peut être autre chose mais mon esprit doit être mal placé... Death Magnetic donc, cet album dont je n'ai encore écouté aucun morceau (quand votre boite au lettre est innondée de versions promo deux mois avant leur sortie, c'est bon, parfois, d'avoir une petite surprise, de retrouver cette fébrilité quand, ado, avant l'apparition du net et de toutes ses dérives, vous attendiez avec impatience la sortie d'un album pour enfin pouvoir poser l'oreille dessus... Et bien c'est encore meilleur en 2008 quand cet album est signé Metallica !).

Revenons à nos moutons : après un rapide coup d'oeil eu packaging, original et travaillé, je viens, le coeur battant, de placer la dite gallette dans la platine. Battements de coeur et arpèges sombres introduisent ce Death Magnetic. 44 secondes : un riff saturé au rythme des fûts de Lars vient se greffer là dessus. Ca monte crescendo. 1 minute 27 : Les fûts s'emballent, le riff également, l'auditeur aussi. Le chant de James est quelque peu fatigué par 25 années de gueulantes et d'abus divers et variés, mais il est là, certes un peu forcé, mais présent quand même. La production aussi : exit le millimétrage pop-like de Bob Rock, qui a confondu trop longtemps Metallica avec Bon Jovi et on accueille glorieusement Rick Rubin et sa prod brut de décoffrage ! Rien de bien hallucinant dans cette production pourtant : elle est brut(e). Voila tout ce qu'on attendait et on l'a eu, ça sonne cru, c'est du bon gros son mais pas surproduit et c'est exactement ce qu'il fallait aux four horsmen pour renaitre de leurs cendres.

On a pas affaire à un Master of Lightning pourtant. Ni a un ...And Kill 'em all (ndr la contraction des titres est volontaire !). On a affaire à un groupe qui a evolué, murit, vieilli tout simplement. On est donc un cran en dessous de la rage de Master Of Puppets. Mais le tout est cohérent. Cohérent et inspiré.

La caisse clair de Lars ne plaira pas à tout le monde, mais à mon oreille, elle est monstrueuse, hélas, la basse de Trujillo est trop en retrait, surtout si on pense aux capacités du bonhomme, certainement le meilleur bassiste de sa génération. Mais Death Magnetic est un album de Metallica et Trujillo n'est pas la star ici : il fait donc son boulot sobrement et proprement. Autre bémol, James n'a plus 20 ans, il fallait s'y attendre, sa voix en a pris un coup, mais il tient tout de même la barre du navire Metallica avec l'assurance du frontman aguéri qu'il est. Les soli de Kirk, sont pleins de hargne et débordent de testostérone, certes, mais, pour la plupart, manquent de feeling. C'est dommage, néanmoins, ils collent parfaitement aux compos et c'est le plus important !

That Was Just Your Life et The End Of The Line, toutes deux plus de 7 minutes au compteur sont deux déluges de riffs et de hargne aux longs breaks instrus presque progs.

Broken, Beat and Scared résume à lui seul le renouveau du groupe : "Rise, fall, down, rise again [...] Breaking your life, broken beat and scarred, But we die hard", comme un hymne thrash à leur renaissance, comme un fuck aux critiques qui les enterrent à tort depuis 10 ans. Voyez, on est encore là et même si on s'est cassé la gueule, on est toujours Metallica. Le message est passé ! Où violence et mélodie se côtoient, le tout aggrémenté d'un refrain imparable.

The Day That Never Comes semble reprendre le meilleur des ballades de Metallica, Fade To Black en tête. Soli d'intro et arpèges mélancoliques, tout comme la voix de James, absolument parfaite sur ce titre. Le refrain est plus énervé mais l'ensemble reste calme pendant 4 minutes 30... Une montée crescendo et le déluge reprend. Lars martelle, James pillone et on enchaine sur une alternance de lourdes rythmiques de marteaux piqueurs et de riffs en delay pour terminer sur un solo dantesque qui laisse la rythmique, toujours aussi sombre et lourde, reprendre pour l'outro : 3 minutes jouissives !

Premier gros coup de coeur avec la piste suivante : All Nightmare Long est le titre le plus heavy-speed de l'album. L'ambiance est noire, la rythmique thrash ultra rapide et précise, le jeu de batterie proche d'un Master Of Puppets, l'architecture tortueuse et pour finir, le phrasé de James est excellent, notamment sur le refrain, instantanément mémorisable !

Cyanide est pour moi le point faible de l'album. Pourtant, elle semble être encensée par bon nombre de fans. Ce n'est pas mon cas : c'est une bonne chanson, voir même une très bonne chanson de part sa composition. Mais James y est poussif et force sa voix sur les couplets. on en vient à regretter la fin de chaque refrain (très réussis) en attendant impatiemment le prochain passage instrumental ou... le prochain refrain, dommage !

Un ecart vite oublié avec le tryptique suivant : The Unforgiven III, The Judas Kiss et Suicide & Redemption. La grosse claque de l'album : les 3 chansons s'enchainent implacablement.

The Unforgiven III est LA power ballad de l'album sur laquelle les die hards fans du groupe ne manqueront pas de cracher, tout comme ils ont craché sur Nothing Else Matter ! Sauf que pour le coup, celle ci est l'une des meilleures du groupe. Des relents de S&M pour une intro piano/violoncelle/arpèges, une alternance de tristesse mélancolique et d'agressivité tout au long de la chanson, puis un final d'une puissance ravageuse : Malgrès la présence du piano et des violons, The Unforgiven tient plus de Fade To Black et de One que de Nothing Else Matter ou des deux précédentes versions de la chanson. Malgrès une mélodie totalement différente des deux précédentes Unforgiven, elle trouve sa place à leur suite grâce à son texte ; basé sur la repentance et le sentiment de culpabilité ; qui assure la continuité.

Les purs thrasheux endormis par The Unforgiven seront bien vite réveillés par la bombe qu'est The Judas Kiss : la meilleure chanson de l'album à mon humble avis. Complexe et torturée dans sa composition, thrash et speed jusqu'à la moêle, un refrain imparable, tout comme le riff : du pur Metallica dans l'âme. Les critiques les plus dures et les plus sceptiques rendront les armes devant ce morceau : impossible de résister au baiser de Judas.

Et c'est enfin le retour au bon vieux instrumental ! Dans la lignée des Ctulu et Orion, quoiqu'un peu moins inspiré que cette derniere, Suicide and Redemption offre quasiment 10 minutes de pur folie Thrash et achève ce tryptique déjà culte (en tous cas pour moi) 'Unforgiven-Judas-Suicide' qui démontre tout ce que le groupe à dans le ventre : 3 chansons, 3 styles différents et tellement complétementaires, 3 chefs d'oeuvres pour prouver que non, Metallica n'est pas mort.

L'album se termine sur My Apocalypse, le plus court de l'album avec ses... 5 minutes ! Exit les parties prog : furieusement rythmé mais assez peu inspiré, au final, anecdotique.

Pour conclure, parcequ'il faut tout de même conclure cette chronique qui commence à être un poil longue pour vos yeux fatigués (Bravo, et merci à ceux qui ont tenu jusque là !), Death Magnetic n'est pas le meilleur album de Metallica. Ce n'est pas non plus l'album de l'année, la faute à quelques petits défauts (principalement la voix de James qui s'égare par moment et des solos moins inspirés que sur les premiers opus du groupe) qui viennent plomber un poil le rendu final. Mais c'est un très bon album de Metallica, rageur, inspiré et cohérent. Et donc, forcément, un excellent album de Thrash qui fait oublier les 3 dernières productions du groupe et qui enterre allégrement les quelques groupes qui essayent de faire du Metallica sans en avoir la trampe (Trivium en tête).

Furieusement bon ! Quoi, vous ne l'avez pas encore acheté ?

C H R O N I Q U E Damien

Beaucoup, beaucoup de questions à l'annonce de l'arrivée du nouvel album de Metallica. Après l'épisode Load-Reload-St Anger qui leur aura fait perdre une bonne partie de leurs anciens fans, après divers évènements et non évènements, après les desintox et prises de têtes multiples, qu'allait bien pouvoir faire Metallica en 2008 ? Allait-il nous servir de la soupe ou allait-il enfin redevenir un groupe de Metal respecté de tous ? Death Magnetic va-t-il permettre au groupe de se racheter une conduite ? En bref : Metallica est-il toujours vivant en 2008 ?

Premier élèment de réponse, That Was Just Your Life. Riff de brute, chant saccadé de la part de James Hetfield, phrasé étrange. Un regard interrogateur. Et on se laisse prendre au jeu d'un titre uniquement terni par le manque de subtilité de Lars Ulrich à la batterie. Un titre péchu qui aurait été jugé moyen dans les années 80.

The End Of The Line accélère le tempo, on rentre dans le speed Trash, pas désagréable mais quelque chose cloche. Metallica sonne années 80, mais n'en a plus le feeling ni même le goût. Comme si ils essayaient de refaire ce qu'ils faisaient par ce que 'c'était mieux avant'. Sauf que le Metallica de 2008 n'a plus a rien a voir avec celui de au hasard 1986.

Broken, Beat & Scarred le confirme. Le morceau commence sur un faux rythme et se lance tranquillement. Le groupe retravaille les débuts de ses morceaux, se réinstalle progressivement dans les souvenirs des auditeurs qui n'ont que Master Of Puppet et Ride The Lightning dans la tête. Le riff moderne, la fin de la chanson fait du bien par où elle passe.

Au bout de trois chansons on peut déjà dresser un état des lieux. D'abord, Robert Trujillo en petit génie qu'il est donne l'impression d'avoir toujours été dans les Mets. Son entente avec Kirk Hammet est assez parfaite. Lars Ulrich tape comme une brute mais oublie trop souvent de varier les plaisirs et d'amplifier son jeu, brute, simple mais efficace. Et enfin James Hetfield, qui semble avoir du mal a trouver sa place. Il ne chante que moyennement bien, certains passages sont tout simplement hideux mais il garde sa foi immuable en l'esprit Metallica et passe donc bien l'épreuve d'un nouvel album.

The Day That Never Come, simili-One, premier single, tout en riffs puissants et mélodieux au début, fait craindre une éventuelle ballade (obligée malheureusement). La mélodie est bien trouvée, mais on n'a rien vu venir avant la moitié de la chanson qui voit le groupe retrouver une efficacité perdue depuis belle lurette. Le rythme s'accélère, les riffs s'aiguisent, on nage enfin en plein métal. Le chant est enfin parfaitement en place. Kirk déboite notre boite crânienne, Robert enfonce le clou et même Lars semble enfin dans le coup. Un petit côté grandiloquent à la System Of A Down dans la production merci Rick Rubin au passage.

Et là on réalise. Ça y est, le grand Metallica est de retour. Il a changé, il a évolué, il a traversé des étapes toutes plus dures les unes que les autres, mais il est bien là, toujours debout. All Nightmare Long confirme la donne, Metallica se déchaine enfin, le maitre du Trash est enfin revenu. Le riff du refrain est moderne tout en étant totalement Metallica, ça bastonne. Puis Cyanide enchaîne. Moyennement accueilli depuis sa présentation en live, la chanson joue sur l'alternance et les cassures, elle n'est certes pas excellente mais elle passe sans problèmes. The Unforgiven III, nouvel épisode de la suite de ballades du groupe, se la joue riffs tendus, ambiance voulue triste, et solo qui défouraille sur la fin. Une fausse ballade qui fait mieux que s'assumer, le chant de James fait parfois penser à un enfant qui nous conterais une histoire, mais cela est plus touchant que ridicule.

The Judas Kiss. Au délà de l'aspect brute qui ressort de cette piste, c'est surtout l'aspect bordélique qui en ressort. Un patchwork d'idées misent bout a bout mais qui ne collent pas si bien que ça au final. Suicide & Redemption, très (trop) longue instrumentale, se veut plus une démonstration de talent qu'un véritable morceau, ne vous arrêtez pas aux bons riffs présents ici et là, le groupe tourne en rond. De fort jolie manière certes mais quand même. Et enfin, la conclusion. Elle s'appelle My Apocalypse. Et là c'est plutôt triste de voir un morceau aussi dénué d'intérêt conclure ce Death Magnetic. Le groupe a tenté de trouver un refrain XXL mais au final il tombe totalement à plat et encore une fois cela sonne très désordonné. Puis au bout de ces très longues 5 minutes, c'est fini. Alors que reste-t-il de ce Death Magnetic ? Du bon (voire très bon) (The Day That Never Come, All Nightmares Long, Cyanide, The Unforgiven III), de l'acceptable (le début) et du mauvais (la fin). Un album qui malgré les impressions rassurantes des premières écoutes finit par lasser et décevoir, un peu. Metallica redresse la barre par rapport à ces trois dernières livraisons, mais ne retrouve pas sa verve d'antant. La cause de ce semi échec est aisément identifiable : le business. Les mets semblent ne plus faire de la musique par passion mais uniquement par attrait pour son aspect économique. Cela est confirmé par bien des points (l'attente dont ils ont su jouer, le discours promotionnel de Lars, la mise à jour annoncée du son de Metallica qui n'est rien d'autre qu'un retour en arrière pour revenir séduire ses anciens fans, le soi disant désintêrét du groupe a l'annonce de la mise en vente avancée du disque en France,et donc à sa circulation une semaine avant sa sortie sur Internet...). Beaucoup de personnes se feront avoir, mais beaucoup d'autres ne seront pas dupes.

Metallica est de retour mais semble avoir perdu une bonne partie de son âme. Un avertissement : les chiffres de ventes ne reflètent jamais les éventuelles qualité d'un album. Souvenez vous en, ça pourrait vous servir bientôt.