Artiste/Groupe:

Metallica

CD:

Hardwired... To Self Destruct (Limited Edition)

Date de sortie:

Novembre 2016

Label:

Blackened Recordings

Style:

Heavy Thrash

Chroniqueur:

Orion

Note:

16/20

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Bon alors les trolls (c’est comme ça qu’on dit, il paraît), ça y est, vous êtes prêts à vous déchaîner ? A vos claviers ! Metallica a sorti son nouvel album. Vite, vite, allez déverser votre haine du groupe sur les réseaux sociaux, sur les forums, partout... Hé, les gars, je vais vous dire un truc (en fait deux) :
D'une, le groupe s'en fout pas mal de votre prose de caniveau, vous êtes tellement insignifiants. Alors économisez votre souris pour des choses plus intéressantes (mais peut-être n’avez vous rien de plus intéressant à faire dans la vie, en fait…). C’est pas ça qui changera quoi que ce soit à leur popularité (ça vous emmerde, ça, hein, leur popularité ?). 
Deux, bah il est tout simplement bon, ce nouvel album des Mets. Lui trouver tous les défauts de la Terre relève de la mauvaise foi. Mais bon, la sincérité, ce n'est pas votre fort, on a compris... Par contre, la jalousie, ça, vous en avez à revendre !
Parenthèse refermée. Parlons plutôt de ce Hardwired... To Self Destruct qui a donc déjà fait couler beaucoup d'encre (enfin, plus exactement, a rempli de caractères les pages du web), et cela bien avant sa sortie.

Je ne vais pas m’étendre sur l’artwork ignoble (cela comprend également toutes les photos du livret), sinon la chronique déjà longue va faire une page de plus. Allons directement à l’essentiel : la musique.
Déjà, inutile de s’attendre à un truc incroyable. Car tout comme il semble évident que Slayer ne sortira plus un Reign In Blood, tout comme Megadeth ne livrera plus un Rust In Peace ou Anthrax un Among The Living, Metallica ne nous refera jamais un Master Of Puppets. Bref, Metallica est comme les autres, ses meilleurs albums sont derrière lui. Si on a compris ça, on est dans de bien meilleures dispositions pour écouter ces douze nouveaux titres.

Cet album est le premier à avoir été enregistré entièrement "à la maison", dans leur studio, sur leur label (Blackened Records), c’est à dire sans aucune pression. Bref, le groupe a pris son temps (ça, on a vu) pour modifier ce qui n’allait pas, améliorer une partie vocale, un riff, un rythme… Ce qui fait que nous avons entre les mains un résultat qui satisfait pleinement le groupe. Il ne leur sera donc rien pardonné. C’est parti !

Premier extrait livré au public cet été : Hardwired. Ce morceau ne m'a pas emballé plus que ça à la première écoute. J’ai trouvé qu’il lui manquait quelque chose, peut-être un solo un peu plus fouillé que ce que Hammett nous a livré là. Mais il possède une bonne énergie et constitue finalement un bon début d’album. Et premier constat important sur le son de l’album qui a l’air, cette fois-ci, impeccable.
Second extrait, paru au début de l'automne : Moth Into Flame. Et là, bam ! La claque ! Un titre bien construit, pas trop long, avec belle accélération, mélodique comme il faut et pourvu d'un refrain qui claque. Le meilleur titre de Metallica depuis des lustres, je trouve.
Troisième extrait : Atlas… Rise! Titre moins immédiat que les deux premiers extraits dévoilés mais qui fait le boulot et se bonifie à chaque écoute. Rythmique complexe avec nombreux changements, du Metallica pur jus. Ca commence donc plutôt pas mal, cet album.
Place à la suite qui s’annonce copieuse puisque c’est un double album de soixante-dix sept minutes (tiens, ça aurait pu tenir sur un seul CD) et ces trois morceaux sont quasiment les plus courts du disque. De plus, on s'aperçoit vite que les Mets nous ont mis sur une fausse piste en sortant ces trois titres en primeur car ce sont aussi les plus énervés. En effet, l’album dans son intégralité est globalement plus Heavy que Thrash. Comme d'habitude, Metallica a pris tout le monde à contre-pied et n'a pas sorti la suite logique de Death Magnetic. Le seul morceau bien rapide qui reste au programme est Spit Out The Bone, qui est un autre excellent titre de l’album. Un morceau façon années 80, avec un son de basse comme ça fait des années que l’on attend ça chez Metallica. C’est d’ailleurs dommage qu’on ne l’entende pas aussi bien sur le reste de l’album, cette basse. Ils ont Trujillo quand même, c’est pas le plus mauvais…

Passons donc à la partie heavy de l’album. Avec Dream No More, on retrouve le côté bien lourd du groupe comme sur un morceau tel que Sad But True. Un bon titre bien heavy, soit dit au passage. L’intro de Here Comes Revenge nous rappelle celle de Leper Messiah (mais la ressemblance se limite à l'intro). Quant à celle de Confusion, elle est assez fidèle au démarrage de Am I Evil. Voilà des références de morceaux bien lourds de la discographie des Horsemen. Et les autres titres sont plus ou moins dans cet esprit. Tous ces morceaux au tempo bien heavy nous ramènent aux années Black Album évidemment, notamment Now That We’re Dead avec ses faux airs d’Enter Sandman au niveau du riff (il y a quelque chose), voire à l’époque de Load / Reload pour certains titres (Murder One, titre en hommage à Lemmy, ManUNkind). Ce dernier est, je trouve, inutilement long et aurait gagné à être raccourci d’une bonne minute. C’est aussi le cas de Here Comes Revenge qui aurait certainement gagné en intérêt en étant plus court car c'est un bon titre. Mais ceci n’est pas nouveau, on sait que le défaut des Horsemen ces deux dernières décennies est de faire traîner les titres en longueur. On note en tout cas que James Hetfield est en grande forme, il chante de mieux en mieux et module de façon intéressante et inédite sur certains morceaux (Dream No More, Halo On Fire).
Parmi les titres qui sortent du lot, en plus des quatre plus thrash évoqués plus haut et qui font partie de mes préférés, on a Halo On Fire, la fausse ballade (départ trompeur), dotée d’un refrain bien fichu et d’un riff bien killer qui apparaît en milieu de morceau ainsi que d’un super solo de Mister Hammett sur le final. Un Kirk qui ne s’est pas trop foulé tout de même sur cet album en dehors de ça, et qui n’est crédité nulle part au niveau de la composition.

Je retiens également Confusion et Now That We’re Dead qui me rappellent respectivement les époques ...And Justice For All et le Black Album. En revanche, je trouve moins intéressants Am I Savage? et Murder One (dommage, un titre en hommage à Lemmy, j’aurais aimé l’apprécier davantage).

On termine par le troisième CD (de soixante-dix-neuf minutes, c’est à dire plus long que les deux premiers réunis), celui de l’édition limitée. Il commence par Lords Of Summer, ce titre que tout le monde connaît depuis un bon moment et que le groupe n’a pas jugé utile d’intégrer à l’album "basique", sans doute justement parce qu’il n’est pas nouveau. On notera que le morceau a un peu évolué par rapport à la toute première version découverte, il a été notamment raccourci d’une bonne minute (comme quoi, c’est parfois une bonne chose de proposer quelque chose de plus concis).
Le plus intéressant, c’est la suite. On a tout d’abord trois reprises, issues d’albums tribute auxquels Metallica a participé. Tout d’abord, le medley Rainbow intitulé Ronnie Rising Medley et tiré de This Is Your Life (paru en 2014), album en hommage à Ronnie James Dio. Le groupe propose un medley des titres Tarot Woman, Stargazer et A Light In The Black de l’album mythique Rising ainsi que Kill The King (de Long Live Rock 'n' Roll et paru pour la première fois sur le live On Stage). Une bien bonne idée, comme ils l’avaient fait sur Garage Inc. pour rendre hommage à Mercyful Fate, c’est en effet plus original que de reprendre un titre complet.
When A Blind Man Cries de Deep Purple est extrait du Re-Machined: A Tribute to Deep Purple's Machine Head paru en 2012. C’est une ballade (étonnant d’ailleurs de la part de Metallica d’avoir choisi ce morceau - encore le principe du contre-pied) sur laquelle on peut apprécier de nouveau la belle voix de James Hetfield. Je ne m’étends pas plus que ça sur ces deux titres que vous devez déjà connaître.
En revanche, Remember Tomorrow d’Iron Maiden était paru en 2008 sur l’album tribute Maiden Heaven sorti pour le magazine Kerrang. Une rareté donc, parue à très peu d’exemplaires que les fans les plus acharnés qui l’ont loupée à l’époque seront très heureux de retrouver ici. On y découvre encore une belle prestation d'Hetfield qui chante presque comme Di’Anno. Décidément, il est celui des quatre membres qui brille le plus sur ce nouvel opus.
Passons aux morceaux enregistrés en live en avril 2016 (et août 2016 pour Hardwired, devant un public apparemment plus conséquent), pour une durée totale de cinquante-trois minutes, soit un bon petit album live. Déjà, Metallica en live, à part pour les trolls susmentionnés, c’est rarement au rabais. La scène, c’est le terrain de prédilection du groupe et, comme à son habitude, il nous atomise avec ses classiques qui n’ont toujours pas pris une ride. Le groupe nous livre en plus des titres rarement captés live comme Helpless, Metal Militia ou Jump In The Fire. La part belle est faite aux deux premiers albums, Kill’Em All et Ride The Lightning, avec quatre titres chacun (c'était la tournée de promo des coffrets de ces deux albums sortis au printemps). Un vrai plaisir pour le fan de la première heure que je suis. Enfin, la version live de Hardwired confirme que c'est un morceau hyper énergique taillé pour la scène. Le découvrir en version live m'a fait l'apprécier davantage.
Au final, on a un vrai bonus de qualité, qui donne une réelle plus-value à l’album.

Il est clair que ceux qui attendaient de Metallica un album de Thrash à la manière des trois premiers albums en seront (encore une fois) pour leurs frais. Mais ceux-là, au lieu de défoncer le groupe à longueur de pages du web, devraient se pencher sur d’autres groupes qui ont sorti cette année des albums 100% thrash. Il y a l’embarras du choix. En revanche, pour ceux qui acceptent que Metallica joue également dans un registre bien heavy, sujet qu’il maîtrise tout de même à la perfection, cet album devrait les intéresser.
Ce n’est donc pas un "grand album" de Metallica (comprendre du même niveau que les quatre premiers) car tout n’est pas parfait (quelques titres me laissent sur ma faim) mais il surclasse à mon sens les quatre derniers. Metallica a réussi à nous sortir un disque de qualité, varié, qui survole presque toute la carrière du groupe (en évitant soigneusement St. Anger). Bref, le meilleur Metallica depuis… longtemps.

Eh oui les trolls de tous poils, il faut vous faire une raison : les patrons sont de retour ! Allez, vu le rythme de composition de Metallica, vous avez sans doute encore huit bonnes années devant vous pour vous en remettre…


Tracklist de Hardwired... To Self Destruct :

CD 1 :

01. Hardwired
02. Atlas, Rise!
03. Now That We’re Dead
04. Moth Into Flame
05. Dream No More
06. Halo On Fire

CD2 :

01. Confusion
02. ManUNkind
03. Here Comes Revenge
04. Am I Savage?
05. Murder One
06. Spit Out The Bone

CD3 (limited edition) :

01. Lords of Summer (2016)
02. Ronnie Rising Medley
03. When a Blind Man Cries
04. Remember Tomorrow
05. Helpless (Live at Rasputin Music)
06. Hit the Lights (Live at Rasputin Music)
07. The Four Horsemen (Live at Rasputin Music)
08. Ride the Lightning (Live at Rasputin Music)
09. Fade to Black (Live at Rasputin Music)
10. Jump in the Fire (Live at Rasputin Music)
11. For Whom the Bell Tolls (Live at Rasputin Music)
12. Creeping Death (Live at Rasputin Music)
13. Metal Militia (Live at Rasputin Music)
14. Hardwired (Live in Minneapolis)